LEARN FOR YESTERDAY ; LIVE FOR TODAY ; HOPE FOR TOMORROW ► Je ne savais pas quelle mouche m'avait piqué d'aller au bowling avec les mecs. Non parce que j'avais toujours été une quiche à ce jeu-là, et me ridiculiser devant eux n'arrangerait jamais mon cas. Mais bon, c'était mes potes donc je ne me voyais pas venir avec quelqu'un d'autre. Ils étaient passé les uns après les autres, et avaient brillamment réussi leur tir évidemment, j'allais encore m'en prendre plein la gueule, pour pas changer.C'était peut-être pour ça que j'essayais de me faire oublier en me noyant dans mon verre. Pas que j'aimais passer inaperçue parce que c'était pas une de mes qualités premières, mais là j'aurais bien volontiers apprécié qu'ils oublient mon tour. Mais pensez-vous ! Quand il s'agit de pouvoir me vanner pendant des mois entiers, pourquoi s'en priver. En attendant donc qu'ils me rappellent à l'ordre pour que je rejoigne la piste, je regardais d'un bout à l'autre de la salle, il fallait bien occuper son temps. C'est d'ailleurs à ce moment-là que j'avais remarqué un jeune homme au comptoir du bar. Un jeune homme pas franchement désagréable à regarder, et ça m'avait au moins calmé un peu. J'étais peut-être pas complètement venue pour rien. Au pire, je pourrais leur fausser compagnie et me barrer, mais je suis trop bien élevée pour ça. J'avais croisé son regard une fraction de seconde et lui avais même souris. Puis, atroce fin du rêve : « BON LA GROSSE, TU BOUGES TON BOULE, C'EST TON TOUR ! » s'exclamait Pacey, avec toute sa délicatesse habituelle. « LA GROSSE T'EMMERDE ET ELLE VA VOUS RATATINER BIEN PROFONDEMENT ! » lui lançais-je, pour toute réponse. Il paraît qu'il fallait croire en soi pour réussir, je ne manquais pas de confiance personnellement. Mais si celle-ci pouvait être à la hauteur, ce ne serait pas de refus. Je me levais donc, sûre de mon coup, puis allais déposer mon verre sur le comptoir, en ne manquant pas de lancer un regard à ce jeune homme que j'avais aperçu tout à l'heure. Et là, je sentis le regard de Kenaël sur moi, mais qu'est-ce qu'il avait encore à me fliquer celui-là. Je lui lançais alors un regard noir pour lui faire comprendre de me lâcher. Chose faîte, je rejoignais la piste de bowling, avec à la main, la boule qu j'avais précédemment prise. J'aurais peut-être dû faire une prière avant de jouer, même si je ne crois absolument pas à cette merde, mais je pense que ça n'aurait pas pu être pire que ce que je venais de faire en fait. Et là, éclat de rire de Pacey, qui ne tarda pas à être rejoint par celui de Noah, Esteban et Kenaël, un peu moins virulent le dernier cependant. En me retournant vers eux, mes lèvres leur adressèrent un joli 'vos gueules' parce que ce n'était as la peine que je rameute tout le monde en criant. Bon et là, je sais pas si c'était ma bonne nouvelle de la journée ou si j'avais fait quelque chose d'exceptionnel pour qu'on me remercie, parce que le mec dont je ne connaissais pas encore le nom s'était approché de moi pour savoir où j'en étais de mon potentiel à ce jeu de boules ou de quilles. « Ça se voit tant que ça ? Non parce que d'habitude, je suis imbattable. On a dû trafiquer la piste pour que je me plante quoi » commençais-je, d'un ton assuré. Il fallait que je donne le change, je ne voulais pas passer pour l'incapable non plus. Puis, en relançant un regard de coin au jeune homme qui se tenait à côté de moi, je compris qu'il ne semblait pas croire le moins du monde ce que je venais de lui dire. « Ok, je suis pas crédible. Tant pis pour toi Kam', t'auras au moins essayé » ajoutais-je, en riant légèrement. Il arrive que je me parle des fois, mais ceux qui me connaissent le savent. C'est juste que je devais un peu passer pour une folle devant le nouveau venu. J'étais vraiment une reine. Mais une reine de la connerie malheureusement.

LEARN FOR YESTERDAY ; LIVE FOR TODAY ; HOPE FOR TOMORROW ► Je n'avais pas toujours de bonnes idées en tête. On aurait d'ailleurs pu en témoigner dès l'instant où j'ai accepté d'aller faire un bowling avec ceux qui me servaient de potes. Je me jetais clairement dans la gueule du loup vu la quiche que j'étais en la matière, mais il fallait croire que j'aimais ça. Je crois bien qu'ils étaient les seuls à avoir l'autorisation de se foutre de ma gueule. Sinon, avec d'autres personnes, je pouvais devenir très méchante. Ils avaient le monopole là-dessus, alors qu'ils en profitent. Ils me connaissent énervée donc ils doivent tous les jours se sentir bénis des dieux. Histoire de, avant que ce ne soit à mon tour de rejoindre la piste, j'avais essayé de me faire oublier. S'ils avaient pu omettre de se rappeler que j'étais là, je n'en aurais été que plus heureuse. Pas que j'aimais passer inaperçue ou que je préférais qu'ils ne fassent pas attention à moi, c'était seulement dans l'espoir secret de ne pas avoir à jouer. De cette façon, j'aurais éviter leurs éclats de rire à peine exagérés, que j'entendais déjà de là. C'est donc d'une mine totalement désespérée et d'un pas nonchalant que j'avais rejoint la piste pour lancer ces fameuses boules de bowling qui allaient me valoir de nombreux éclats de voix dans les jours à venir. Priez pour moi pauvre enfant malheureuse que je suis, entourée d'amis indignes. Bien entendu, je ratais mon coup, ce qui ne manqua pas d'amuser la galerie. On pouvait au moins me remercier de faire rire tout le monde, j'étais une blague à moi toute seule. Cependant, j'allais pouvoir les laisser s'éclater un peu puisque le jeune homme que j'avais repéré en arrivant, vint vers moi. Il avait apparemment remarqué que je ne semblais pas très douée. Chose qui n'avait dû passer inaperçue pour aucune des personnes qui se trouvaient aux alentours. C'était bien dommage pour moi d'ailleurs, j'aurais préféré me faire remarquer pour mon potentiel plutôt impressionnant. Mais on ne choisit pas tout dans la vie. Pour ne pas me ridiculiser davantage et parce que je ne perdais jamais mon humour, je tentais de lui faire croire que ce n'était qu'une petite erreur et que j'avais pour habitude d'être imbattable à ce jeu-là. Ce qu'il ne cru pas une seule seconde bien entendu. Je n'eus d'autre solution que celle de ravaler ma fierté et de lui faire comprendre à demi-mots que c'était en fait tout le contraire. Mais il rentra pourtant dans mon jeu un instant, puisqu'il avoua que ça ne le surprenait pas d'apprendre que j'étais imbattable. Peut-être qu'il ne voulait pas me froisser. En tout cas, il avait tout bon. Il était bien moins con que ces énergumènes que j'avais traîné avec moi, grand bien m'en fasse. Par la suite, il ajoutait que j'avais au moins réussi à lancer la boule, ce qui était déjà beaucoup. « Tu trouves ? Tu vas oser me faire croire que tu es pire que moi ? » lui demandais-je, n'y croyant pas le moins du monde. Après tout, les apparences pouvaient être trompeuses et je ne connaîtrais pas son niveau tant que je ne l'aurais pas vu jouer de mes propres yeux. Il se présenta et j'appris alors qu'il s'appelait Swan. Avant de le rencontrer, je croyais que c'était un prénom exclusivement féminin. Comme quoi, on en apprend tous les jours. « Et moi c'est Kamryn, contente de te connaître » lui dis-je, dans un sourire. Je n'étais jamais contre de nouvelles rencontres et il avait l'air sympa. S'il fallait que je fasse taire ma bande, j'allais avoir besoin de lui, alors autant sympathiser directement. Il ne perdit pas plus de temps avant d'attraper une boule et de se mettre en position pour jouer. J'allais enfin voir à qui j'avais affaire. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que je me sentais encore plus ridicule maintenant que je l'avais vu jouer. « Well done ! » m'exclamais-je, en riant. « Je ne suis pas sûre que la piste changera grand chose à mon visible manque d'entraînement et de talent » continuais-je. Tout de même, j'avais un peu d'espoir et j'avais bien envie de faire taire tout le monde donc il fallait que j'y arrive. Je me dirigeais vers la piste sur laquelle il venait de faire un strike, et lançais ma boule. Ce n'était pas encore tout à fait ça, mais la boule n'avait pas atterri dans les gouttières. Elle était resté sur la piste, c'était déjà un grand pas. « T'avais raison ! T'as mis quoi ici ? » le questionnais-je, en éclatant de rire. C'était vraiment trop bizarre que j'y arrive d'un seul coup, je ne croyais vraiment pas en moi.