Erick déposa délicatement le vinyle sur le tourne disque et mit tout l'engin en route. Il mit le son au maximum pour que ses parents puissent l'entendre du rez-de-chaussé. Il avait mis l'un des disques de saxophones que ses parents lui avaient offert. Il mit ensuite son manteau après avoir bloqué la porte de sa chambre avec une chaise pour dissuader quiconque souhaiterait entrer. Erick ouvrit la fenêtre et passa une jambe dans le vide. Grâce au vieilles pierres dont l'ancienne bâtisse était faite, il entreprit de descendre jusqu'au sol utilisant le mur comme échelle. Après quelques minutes à risquer sa vie, il sauta à terre et se dépêcha d'aller retrouver Jaimie-Rose au parc où elle l'attendait déjà. Il était en retard. Ses parents voulaient l'obliger à répéter son saxophone, mais il n'était pas de cet avis. Il arriva enfin au parc pour enfants et reconnu immédiatement la crinière brune de sa meilleure amie. Elle lui faisait dos. Il s'approcha doucement d'elle, puis d'un geste posa ses deux petites pattes sur les yeux de Rose.
« Devine qui c'est ! » dit-il en tentant de masquer sa voix. Cela fit rire la petite brune qui se retourna pour croiser le regard de son ami.
« T'es en retard, Erick ! Pour la peine, on va faire de la balançoire et c'est toi qui va me pousser. » Elle prit la main du petit blond et le força à aller vers la balançoire. Il aurait bien aimé dire quelque chose à Rose mais il savait bien qui c'était peine perdue. Il se contenta de rire avec elle, et de passer une bonne après-midi, sachant bien qu'il se ferait punir en rentrant le soir pour avoir désobéi.
● ● ●
Erick regardait l'avion décoller, par la grande baie vitrée que ces imbéciles à l'aéroport ont eu l'idée de mettre dans la salle des départs. Il voit l'avion qui emmène sa Rose loin de lui. Il est très, très rare de voir ce jeune homme penser de cette façon, mais depuis quelques temps, Rose, c'était bien plus que cette fille bizarre et impulsive qui connaissait tout de lui. C'était la fille qui lui donnait des sensations dont il n'avait jamais eu l'expérience avant. Les frissons quand elle lui frôlait le bras. Le battement plus fort de son cœur lorsqu'elle était proche de lui. C'était la fille pour qui il avait des sentiments. Pour la première fois... et il pensait pour la dernière fois.
L'avion l'emportait pour Los Angeles. Il aurait fait n'importe quoi pour qu'elle reste là, mais c'était tellement évident pour lui que c'était une imbécilité que de lui dire quoi que ce soit. Jamais elle ne penserait à lui de cette façon et il en avait totalement conscience. Son départ ne pouvait lui faire que du bien, tous comptes faits. Enfin, c'est ce qu'il essayait de se dire. Peut-être qu'il trouverait quelqu'un avant son retour... peut-être qu'il réussirait à l'oublier. On ne sait jamais, tout peut arriver. Après tout, il ne voulait que son bonheur, et il savait que son bonheur, à elle, n'était pas avec lui comme amant.
● ● ●
Erick ouvrit les yeux. Enfin, il essaya. Immédiatement, un tambour raisonna dans sa tête. Il avait encore abusé de l'alcool, hier soir. Enfin, c'était monnaie courante, maintenant. Il poussa un grognement avant de se redresser. Le drap blanc de son lit ne recouvrait pas du tout son corps complètement nu, il tourna alors la tête et vit la figure féminine qui se découpait à côté de lui. Brune et bien foutu. Comme pratiquement toutes. Ils n'aimaient pas vraiment les blondes, il ne savait pas trop pourquoi. Il chercha des yeux son caleçon et l'enfila. Il se leva difficilement du lit, s'avança jusque dans la cuisine de son appartement et fit couler du café. Bien noir. Il prit aussi le paquet d'aspirine qu'il avait toujours à porter de main.
Il se servit une tasse de café, et prit l'aspirine avec. Tout le breuvage dévalant d'une seule traite sa gorge, la brûlant au passage. Il posa ses mains sur le plan de travail et laissa échapper un soupir. Il prit le paquet de clopes qui se trouvait non loin, et alluma une cigarette. Il tira une taffe quand une voix sensuelle, féminine et un peu endormie résonna dans sa tête. Il leva les yeux et vit la brune de la veille vêtue de sa chemise. Tout à fait franchement ? Il n'avait aucune idée de son prénom. De toutes façons, elle comprendrait bien qu'il ne s'attend pas à ce qu'elle reste pour le petit déjeuner. En tous cas, pas en sa présence. Il se redresse, la regarde assez durement.
« J'ai rendez-vous chez mes parents, je dois y aller. Il y a de quoi bouffer sers-toi. En partant, ferme la porte et laisse la clef au concierge, en bas. » Sur ces mots, il partit s'enfermer dans la salle de bain. Dix minutes plus tard, il en ressortait complètement habillé, et la fille avait disparu. Il faisait souvent ça, elle comprenait souvent assez vite. Elle avait quand même laisser un mot avec son numéro de téléphone. Erick le laissa là, il déciderait de ce qu'il en ferait en revenant du repas chez ses parents.
● ● ●
Après nombre de tambourinage contre la porte, Erick l'ouvrit enfin et vint se scratché contre son torse la petite tête brune de Jaimie-Rose. Elle était en larmes, et recroquevillée sur elle-même. Immédiatement, Erick l'entoura de ses bras et la serra le plus fort qu'il put. Il savait qu'elle ne parlerait pas tout de suite. Il lui faudrait du temps. Il ne savait pas encore qui était la cause de ses pleurs, mais il savait qu'il allait tuer cette personne.
Après quelques secondes de pleurs intensifs, Jaimie-Rose se détacha un peu d'Erick mais garda toujours la tête baissée.
« Qu'est-ce qu'il t'arrive, Rose... dis-moi. Qui... ? » Elle renifla un peu puis montra à Erick sa main gauche. Il se souvenait très bien qu'ici se trouvait la bague de fiançailles que l'autre abruti lui avait offert. Oui, c'était ainsi qu'il l'appelait, il avait en horreur cette homme depuis qu'il avait appris son existence. Non pas parce qu'il était jaloux, parce que ses sentiments pour Rose avaient refait surface, mais surtout parce qu'il était plus que protecteur avec la brune et qu'il présentait que ce mec ne valait rien de bon.
Rose fondit une nouvelle fois en larmes. Erick n'y tint plus, il éclata.
« Je vais buter ce salopard ! » Il joignit le geste à la parole en prenant son pistolet de service posé juste à côté. Il allait passer la porte quand Jaimie-Rose le retint par le bras.
« Non. Erick... s'il te plait. » Alors, c'est comme si toute la colère du blond s'était envolée. Il reposa son flingue sur le meuble et prit une nouvelle fois sa meilleure amie dans ses bras, la serrant le plus fort qu'il pouvait. Il allait d'abord tenté de la rassurer, de la consoler... mais il n'oubliait pourtant pas la haine qu'il avait développer pour ce type, il le paierait un jour ou l'autre.