18 Octobre 1992. Un jour supposé signifier la joie, la joie d'avoir mis un petit être au monde, la joie d'exister, la joie de faire partie d'une famille. Pour moi, ce jour ne représenter rien d'autre qu'un jour maudit. Ce jour-là, c'est le jour où ma mère est morte. En essayant de me donner naissance il y avait eu des complications et le sort en était jeté, c'était soit moi, soit elle. Elle avait décidé, la vie de son enfant était plus importante que la sienne et c'est dans son dernier souffle que je vue le jour. Il parait qu'elle était comme ça, du genre à penser aux autres plutôt qu'à sois et surtout qu'elle était prête à tout donner pour sa fille. Il y a des personnes qui naissent pour être mère et elle faisait partie de ces gens-là, enfin c'est ce qu'on m'a dit je n'ai jamais pu vérifier par moi-même. Je criais mon premier pleure et ma vie commençait déjà par une énorme pente qui ne promettait pas de se redresser de sitôt. Mon père n'avait même pas pris la peine de me regarder, j'étais plutôt le désir de sa copine que le sien, ils avaient fait un enfant pour elle et voilà ce que ça lui avait apporté. Il ne me connaissait pas mais, me haïssait déjà pour ce que j'avais fait, selon lui j'étais une meurtrière. Il avait renoncé à toute responsabilité et m'avait laissé dans cet hôpital sans se soucier de ce qui pourrait m'arriver, de toute façon j'avais pris la femme qu'il aimait et j'aurais surement mérité le même sort. J'arrachais la vie d'une femme merveilleuse et tout ça pour rien, on ne me donnait même pas la chance d'apporter un peu de bonheur dans ma vraie famille. J'avais surement des tantes, des oncles, des grands-parents qui voulaient me connaitre. Enfin, peut-être pas tant que ça, sinon ma famille m'aurait adopté, j'étais juste une grande déception pour tout le monde, un échec et personne ne désirait de moi dans leur vie. Les médecins avaient tenté tant bien que mal de dissuader mon père mais, il n'y avait rien à faire, il avait fini par changer de numéro et d'état pour ne plus rien avoir à faire avec moi. On ne récolte que ce que l'on sème, j'avais apporté la mort je récoltais l'abandon. Je n'avais pas eu le temps d'atterrir dans un orphelinat, il faut dire que c'est rare de pouvoir avoir un petit bébé à ses premiers jours et que c'est généralement le souhait de n'importe quelle famille. On me plaçait donc dans une famille qui n'arrivait pas à avoir d'enfant, ils n'étaient pas riches mais, pas pauvres non plus, il avait un petit chien, une belle maison avec un jardin et une balançoire, une famille typique qui semblait ne pouvoir apporter que du bonheur.

En apparence rien ne pouvait causer de tort à cette famille qui m'avait adopté. Bien au contraire ma mère adoptive avait l'air d'être la bree van de kamp tout droit sortie de la télé et mon père avait tout d'un papa poule, il m'amenait au parc, m'achetait tout plein de cadeaux, même moi je m'y laissais prendre. Sauf qu'un an après mon arrivée dans leur famille ils avaient miraculeusement réussit à avoir une autre petite fille, alors je sais pas, ça avait peut-être déclenché quelques choses chez eux, ils se sont rendu compte que je n'étais pas leur chair et leur sang alors je ne servais plus à rien. Comme un vieux jouet, ils en avaient trouvé un bien mieux, un jouet conçu par eux, dont ils pouvaient être entièrement fier, alors franchement pourquoi se faire chier avec l'ancien ? C'est en grandissant que je me rendais compte de la triste réalité. Au début je ne voyais que les belles choses, je voyais les jouets et les glaces mais, en fin de compte c'est tout ce que j'avais, je n'avais pas de bisous pour m'endormir, pas d'histoire le soir, pas de câlin avant d'aller à l'école alors que ma sœur, elle, avait tout. J'avais à peine quatre ans et c'était déjà la deuxième fois qu'on me rejetait, même si je n'étais pas au courant de la première fois, ça faisait mal de ne pas comprendre pourquoi mes parents ne m'aimaient pas... Haute comme trois pommes, cette fichu sucette en bouche que je ne quittais toujours pas, j'allais timidement jusqu'au canapé de mon papa qui était face à la cheminée, un verre de whisky à la main. « Papa ? Pourquoi Salomé elle a le droit à des bisous et pas moi ? J'ai fait quoi ? » Ce que j'avais pu être bête ce soir-là. Mais quand on est enfant, on est insouciant, on ne se rend compte de rien et surtout pas de l'importance des mots. De plus, monsieur avait surement trop bu et ce n'était en aucun cas le moment de lui faire chier. « Tu veux savoir ce qui se passe ? Il y a que t'es un enfant non désiré ! Ton vrai père ne voulait pas de toi ! On ne veut pas de toi ! Et ta mère est même morte pour ne pas avoir affaire à toi ! » Reculant d'un pas, les yeux grands ouvert, j'avalais difficilement ma salive face à cet homme qui virait au rouge. « Et oui mademoiselle t'as été adopté et t'es franchement pas un cadeau » Mes yeux s'embuaient sans trop comprendre, j'avais quatre ans, quatre putain d'année, je ne savais pas ce que c'était moi être adopté, tout ce que je comprenais c'est qu'on ne voulait pas de moi. Reculant encore pour partir en courant je trébuchais sur une de mes peluches que j'avais malencontreusement laissées dans les parages. Tombant les fesses les premières je me recroquevillais en prenant la peluche que je resserrais le plus fort possible contre moi, sans lâcher des yeux ce père qui venait dangereusement vers moi, quelques secondes plus tard je recevais mes premiers coups, un punching ball humain, il avait besoin d'extérioriser toute sa colère, il avait trop bu et ça m'était tombé dessus. Faut dire que je l'avais mérité, je crois. J'appris à vivre avec les coups, puisqu'il n'y avait plus que ça pour détendre mon faux père en contrepartie pendant les coups il rugissait tout ce qu'il avait à dire contre moi, dont l'histoire de mes parents qui lui avait été raconté par les médecins. C’était un prix à payer pour connaitre mes origines mais, j’encaissais, c’est tout ce que je pouvais faire. 

A l'école la maitresse nous avait demandé de faire un dessin sur notre famille. Je me souviens encore de ce jour-là, la gorge serrée, je ne savais pas ce que je devais dessiner. Ma vraie famille qui m'avait abandonné ? Ma fausse famille qui me faisait souffrir ? J'avais pas trop cherché à comprendre tout ce que je voyais c'était du malheur, pas de jolies arcs en ciel à dessiner, que des nuages noirs. D'ailleurs, alors que tous les autres enfants excité se jetaient sur les crayons de couleur, je me contentais de mon feutre noir. Gribouillant, les yeux gonflés par les larmes, j'avais compris ce jour-là que le bonheur n'était pas mon ami et c'était dur pour une petite fille de quatre ans de se rendre compte que sa vie était déjà bousillée, alors que celle des autres ne faisait que commencer. Je ne sais franchement pas ce que j'avais bien réussit à gribouiller ce jour-là, en plus des larmes abondantes qui venaient brouiller ma vision, quand on est petit tout ce qu'on sait faire ce sont des ronds mais, apparemment j'avais réussi à lancer un message puisque ma maitresse avait directement prévenu la protection des enfants et les bleues sur la totalité de mon corps n'avait fait que confirmer ses doutes. Je ne sais même pas ce qui s'est passé dans ma famille, s'il avait été enfermé, si Salomé était restée avec sa mère mais, moi en tout cas, on m'avait placé en orphelinat, ma place initiale, c'était surement mieux comme ça. Depuis ce jour les maisons et les familles se succédaient, j'avais l'impression de ne satisfaire personne, il y avait toujours quelque chose qui dérangeait et plus les familles passaient et plus je me renfermais sur moi-même J'avais le don de tomber là où il ne fallait pas ou alors les familles se rendaient rapidement compte de l'enfant à problème que j'étais. Ils voulaient certainement s'occuper de moi, pensant être des gens bien, avec le coeur sur la main, prêt à accueillir une fille qui ne sera surement pas un rayon de soleil dans leur vie mais qu'ils pourraient arranger par la force de l'amour, ou je ne sais quoi, pourtant après quelques mois, ces familles finissaient toujours par se désister. Les années passaient et on finissait toujours par me ramener à l'orphelinat, j'avais l'impression d'être coincé dans une partie de monopoly et qu'on me renvoyait toujours à la case départ, ou à la case prison, et le temps n'étant pas figé, les années passaient leur chemin et les familles devenaient de plus en plus dur à trouver. Tous les parents qui adoptent rêve d'avoir des petits, jusqu'à huit ans ça reste encore à la limite envisageable de se trouver une famille après tu peux être sûr de ne plus te faire adopter. Je comprenais toutes ces familles, pourquoi se prendre un fardeau sur les épaules ? En plus de ça un fardeau déjà dans sa puberté, qui a déjà vécu, qui n'a plus besoin qu'on le borde et qui n'a encore moins besoin des conseils de ces parents. Vous savez c'est à ça qu'aspire une famille, inculqué les valeurs à nos enfants, les voir innocent et leur apprendre ce que c'est de vivre, d'être heureux, quand on a un certain âge notre éducation et déjà faite et il est dur d'en changer. Pourtant, je trouvais toujours quelques familles qui me gardaient quelques mois par-ci par-là, je ne m'attachais jamais et c'est surement pour ça aussi qu'on ne me gardait pas.


Je venais tout juste d’avoir mes 17ans, j’étais toujours à l’orphelinat et ne m’attendais plus à rien de la part des familles qui venaient à la recherche de l’enfant parfait. La seule chose que j’attendais, avoir 18 ans pour pouvoir enfin me casser d’ici, vivre une vie normal. On me disait que je ferais mieux de me faire émanciper comme ça je pourrais partir d’ici tout de suite mais je n’étais quand même pas stupide. Seule dans la rue et sans aucune connaissance il ne faudrait pas moins d’une journée pour me retrouver à la rue, alors que quand j’aurais la majorité, je pourrais me trouver un job et un appartement. Enfin bref, Je planifiais encore une bonne et longue année entre ces murs glacés. Pourtant, étrangement une famille voulait encore de me prendre sous leurs ailes, vous savez une sorte de Brangelina qui veulent se donner une bonne conscience. J’allais pas m’en plaindre, au moins j’avais un toit décent pour quelques temps. Je ne me faisais pas trop d’illusion sachant pertinemment que je ne resterais pas plus de trois mois ici. Ils avaient l’air plutôt sympa, m’annonçant qu’ils avaient déjà un garçon de mon âge et que tout ce qu’ils pouvaient rêver c’était de nous voir nous comporter comme des jumeaux. Ok j’ai dit qu’ils avaient l’air sympa mais faut pas abuser et qu’ils deviennent étouffant non plus. Ça faisait longtemps que j’avais arrêté de croire en une belle famille. Enfin bref, ils venaient me chercher et on partait pour une bonne heure de route. On arrivait face à une immense maison, enfin par maison je voulais dire château, non même pas c’était carrément une ville entière à lui-même ce truc. Donc, quand je disais Brangelina je ne mentais pas tant que ça au final. Enfin bref, il me laissait d’abord m’installer en me disant que leur fils fêtait son anniversaire ce soir avec ses potes et que je le rencontrerais surement le lendemain. Franchement, leur fils j’en avais rien à foutre, la taille de ma chambre faisait la taille des maisons dans lesquelles j’avais vécu, je me croyais limite dans un rêve. Mes yeux allait de droite à gauche et de haut en bas ébahit, en plus d’être grand c’était magnifique. La soirée c’était bien déroulée, on avait mangé et fini la soirée devant le home cinéma à manger des popcorns. Ils étaient plutôt sympas, ils avaient l’air tranquille, posé mais enfin bon, je pouvais pas juger sur un seul soir, c’était normal d’essayer de faire bonne impression, au moins au début.

Le lendemain matin la maison était toujours calme, mes parents adoptifs toujours aussi adorable, ça en était presque effrayant autant de bonté. J’imagine qu’ils essayaient juste de m’intégrer.. Mon frère adoptif était encore dans sa chambre, malade, il aurait soit disant trop mangé, ouai ouai c’est ça, ses parents croyaient vraiment à ce mensonge énorme comme leur maison ? Un sourire en coin j’étais juste partie dans ma chambre vaqué à mes occupations et quelles occupations ! J’avais passé ma journée à trainer sur l’ordi, car oui j’avais eu le droit à un ordi, faire quoi exactement je ne sais pas. C’est pas comme si j’avais quelqu’un avec qui parler ou quoi, j’étais surement encore paumé sur youtube. Surtout que bon, le monde d’internet était presque nouveau pour moi, j’avais pas souvent eu la chance de pouvoir me rendre sur un ordi. Ma porte s’ouvrait brusquement, sans que je comprenne rien et une personne venait se jeter à côté de moi comme si de rien était et jetait un œil à ce que j’étais en train de foutre. Désolé j’étais pas en état ce matin ! J’imagine que c’est toi ma nouvelle sœur je regardais un peu partout sans regarder la personne, d’abord je jetais un œil à ce que j’étais en train de regarder sur l’ordi, pas qu’il puisse y avoir quelque chose de compromettant mais je sais pas, un reflex ? Puis je regardais dans quelle tenu j’étais et puis finalement je venais claquer brusquement mes mains sur les épaules de mon pseudo frère dans l’espoir de le faire tomber, espoir non concluant. putain mais espèce de… j’aurais pu être à poil merde ! Je relevais vite fait les yeux pour lui lancer mon plus beau regard foudroyant avant de tomber nez à nez avec des yeux bleus qui me faisait perdre tous mes moyens. J’avais le souffle coupé et je tombais littéralement sur le cul, enfin c’est ce que j’aurais fait si j’étais pas déjà assise sur mon lit. Je crois clairement que ce qui s’est passé c’est que j’ai eu un beug, j’ai été déconnecté de la planète terre pendant un instant et j’étais seule avec ce mystérieux homme qui était supposé être rien d’autre que mon frère. Mon cœur reprenait vite la cadence, me faisant reprendre mon souffle par la même occasion et je sentis mes joues virer au rouge ainsi que la chaleur monter en moi. Aussitôt je prenais mes cheveux pour les rabattre d’un côté essayant de m’aérer la nuque, c’était toujours ça de gagner. ça vaaaaa ! t’as entendu les vieux ? Ils veulent qu’on deviennent de parfait frère et sœur, jumeau même.. Entre frère et sœur, c’est normal de se voir nu Il me lançait un regard qui pouvait en dire long et moi je perdais tous mes moyens. Franchement comment je pouvais réagir à ça ? Je sais pas si on pouvait parler de coup de foudre, ce que je savais c’est que là j’arrivais pas en placer une et surtout que j’arrivais pas à être moi-même et que j’avais envie de faire la nunuche toute souriante. Je em…. Faut que je range mes affaires, ont se voit plus tard hein J’arrivais à le pousser du lit et à le foutre, gentiment, à la porte. Je me laissais ensuite glisser le long de la porte en soufflant. J’aurais pas pu trouver mieux comme excuse franchement ? Etant à l’orphelinat j’avais tout juste 2, 3 tenu et je les avait déjà déballée la veille mais, en même temps il fallait quand même que je reprenne mes esprit, il était quand même supposé être mon frère, pour une durée indéterminé certes mais j’avais certaine valeur.

Ca faisait quatre ans, quatre putain d’année, que j’étais toujours chez cette famille et que je devais rester à l’ecart de mon frère. Enfin, rester chez eux c’est un bien grand mot car depuis mes 19 ans j’avais déménagé mais finalement j’avais fini par adopter ces parents moi aussi… alors j’allais souvent les voir, je leur donnais des nouvelles, c’était un peu comme ma petit famille, enfin non c’était ma famille, mais je n’arrivais toujours pas à me mettre ça en tête. Se trouver une famille à 17 ans c’est pas forcement quelques choses de facile, on pourrait croire comme ça mais non, et surtout pas si on éprouve des sentiments pour son frère. J’étais devenu proche de lui, le plus proche que je pouvais l’être je pense. C’était plutôt étrange comme situation, vivre avec lui chaque jour et pourtant se dire qu’il ne serait jamais possible de faire quoi que ce soit. Enfin dans un sens ce n’était QUE mon frère par adoption, bon nombre de famille m’avait bien montré que ce mot ne voulait rien dire mais je n’avais pas envie de décevoir mes petits Brangelina qui m’avaient prouvé que c’était toujours possible de former une famille et qui ne m’avaient jamais laissé tomber. Mais enfin bref, j’avais toujours du mal à assimilé la chose, pourtant ça faisait bien quatre ans que je faisais partie de leur "bande". Mon Brad et mon Angelina ont toujours supporté mes choix et n’ont jamais essayé de changer mes opinions, je ne souhaitais pas aller à l’école et ils ont accepté ce choix. Je n’avais jamais pu m’en tenir à un programme strict et n’avais jamais rien suivis alors je pensais tout simplement que ça ne servait plus à rien d’essayer de m’instruire.  Enfin bref, à mes 18 ans j’ai décidé de devenir barmaid, pour avoir enfin mon indépendance et gagner de l’argent, Brangelina voulaient me donner cet argent mais je ne me suis jamais senti à l’aise avec tout ce qu’ils possédaient.. et puis il fallait bien que je gagne ma vie et que je leur montre que je n’étais pas là que pour leur argent. Après tout j’étais bien loin d’être une fille à papa. En plus de ça, en boite on faisait énormément de rencontre dans le genre ENORMEMENT alors peut être que je pourrais tomber sur quelqu’un qui me ferrait chavirer le cœur. Mais bon, j’étais loin de croire au conte de fée et bien loin de rêver du grand amour, surtout que mon amour à moi, je l’avais trouvé.