Je me remets doucement de mon fou rire sous le regard quelque peu accusateur de Jaimie. C'était prévu que je m'arrête sur les cocktails... eh bien ça confirme mon intention. « Pervers, va. L'alcool ne te réussit pas vraiment monsieur. Et à moi non plus, je crois. » Je souris. « Hé ! Je ne suis pas un pervers. Je suis un homme, c'est tout. Dis-donc, tu ne me fais pas un coma sur le canapé, j'y tiens à... » Je suis coupé dans mon monologue sans fin ni but par Rose qui se redresse brusquement et vient collé ses lèvres sur les miennes. Je reste un moment interdit. Un LONG moment. Je la regarde, je n'arrive pas à faire de tri dans mes pensées. Ma respiration est plus rapide, le battement de mon coeur font une danse mortelle ; je vais clamser. « Désolée, je crois que tes cocktails sont vraiment magiques. » Je ne réponds pas, je reste à la regarder dans les yeux. Qu'est-ce que je suis sensé faire, putain. Je n'ai qu'une envie, fondre sur elle et l'embrasser comme je n'ai jamais embrassé personne. Mais elle vient tout juste de se séparer de son américain, et elle est complètement bourrée, elle ne sait pas ce qu'elle fait. Je ne veux pas être juste un amour-pansement. Je ne veux pas être simplement un gars, une erreur. Surtout, je ne veux pas perdre ma meilleure amie.

Je la regarde encore, complètement impuissant face à son visage désolé, troublé. Je lâche un grand soupir et lâche un « Oh ! eh puis, merde ! » Je prends son visage entre mes mains et l'embrasse comme si ma vie en dépendait. Peut-être même qu'elle en dépend. Au bout d'une bonne minute, je m'écarte d'elle. Mes mains glissent de ses joues dans son cou. Je pose mon front contre le sien, respirant rapidement, nos deux soufflent se mélangeant. Finalement, je déglutis et m'éloigne complètement d'elle. Je me redresse et frotte mes mains contre mon jean, plus par acte nerveux. Je tourne un peu la tête vers elle. « Euh... désolé ? »

« C'était bon .. » C'était plus que ça. C'était tellement plus que ça. J'ai pu, pendant quelques instants, effleurer la perfection. Ma perfection. Cette fleur qui m'est interdite. Mais je n'ai pas le droit. C'est Jaimie. Rose, ma meilleure amie. Je n'ai pas le droit. Elle m'est interdite. Elle vient poser sa main sur mon torse puis sa tête. Je suis immobile, rigide. Je ne sais pas quoi faire. Je n'ai pas le droit de l'avoir, de l'avoir pour moi. Cependant, quand elle entoure mon cou de ses bras fins, son visage se rapprochant du mien, ses lèvres cherchant les miennes... je me liquéfie. Je fonds, littéralement. Je laisse échapper un long soupire avant de refermer mes lèvres sur les siennes. Plus doux que le premier baiser, plus romantique... moins pressant. Je laisse mes mains se poser sur les hanches de Rose, un doigt s'aventurant sous son tee-shirt, caressant sa peau frissonnante. Tout dans mon cerveau a disparu. Je ne pense plus à rien. Il n'y a qu'elle. Jaimie. Rose. La femme que j'aime. Doucement, je la fais basculer sur le canapé. Mes lèvres toujours l'embrassant. Je me retrouve au dessus d'elle, et je ne pense plus qu'à mon désir de l'avoir pour moi. La femme que j'aime. Elle. Ma meilleure amie. Ma... meilleure amie. Je tends mes bras, m'éloignant d'elle et la regarde. Rose. Je murmure. « Tu es sûre de le vouloir, Rose... vraiment sûre... ? Je ne veux pas... je ne veux pas te perdre à cause de ce qui pourrait être une erreur... » Sans que je puisse m'en empêcher, j'entrecoupe ma phrase de baiser sur son nez, sa joue, son cou puis ses lèvres. Je soupire. J'aimerais lui dire que je l'aime... mas non. Je suis assez sobre pour me rendre compte que ce n'est pas une bonne idée, que c'est dangereux.

« Tout ce que je peux te dire, c'est que oui, je le veux. Je ne l'ai jamais autant voulu que ce soir Erick. Je ne le regretterai pas. » Je laisse divaguer mes yeux sur son visage. Sa main sur ma joue m'arrache un sourire. Puis je sens ses doigts froids parcourir mon torse me faisant frissonner. Encore. Ma respiration, que j'avais réussi à calmer recommence à s’accélérer et j'ai une bouffée de chaleur, le désir monte en moi à une vitesse impressionnante. Je rapproche mon visage d'elle, effleurant ses lèvres avec les miennes. « Arrête de réfléchir, embrasse-moi encore. » Sa voix et ses mots font disparaître toute forme de pensée de mon esprit et je scelle nos lèvre dans un soupir de satisfaction. Depuis le temps que j'attendais ce moment. Je colle mon corps contre le sien, intensifiant notre baiser. Je passe ma main dans son dos puis sur ses jambes pour les faire entourer ma taille. Je me redresse, portant Jaimie contre moi, mes lèvres toujours collées aux siennes. Je marche, en faisant tomber énormément de chose, jusqu'à la chambre. Je ferme la porte avec mon pied et je nous laisse tomber sur le lit. Je la vois toute à moi, je déplace mes lèvres jusque dans son cou. « Rose... »




J'ouvre les yeux en grognant, le soleil est entré dans la chambre. Il y a un concert qui s'est organisé dans mon crâne. Je me tourne sur moi-même et me retrouve nez-à-nez avec un visage bien trop familier. Rose. Tout se met à me revenir en tête. Putain. Je n'arrive pas à penser aux conséquences. Je souris. Comme un abruti. Je dévisage la mine endormie de ma meilleure amie... enfin, pour le moment ? Je glisse mon doigt sur sa joue pour enlever une mèche de cheveux de son visage. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Il faut que je fasse ça bien. Je la regarde encore quelques minutes avant de me lever finalement. J'enfile un boxer et un jean qui traine et vais dans la cuisine. Je range rapidement ce qui traine de la veille et met en route la cafetière. Je sors tout ce dont je peux avoir besoin pou un petit déjeuner dans les règles. Jus d'orange, café, confiture, pain... Il faudrait que j'aille à la boulangerie. Des croissants, ça serait pas mal. J'enfile rapidement un tee-shirt et des chaussures. Dix minutes plus tard, je reviens et dispose le pain et les croissants sur la table. Je vais jeter un coup d'oeil dans ma chambre. Elle n'est toujours pas réveillée. Je la regarde de la porte quelques secondes puis... une douche ce ne serait pas du luxe non plus. J'entre dans la salle de bain.

Je laisse l'eau brûlante me rincer, je ferme les yeux, pensant à cette nuit magique. Ce qu'on dit est vrai. Faire l'amour à la femme qu'on aime, c'est vraiment différent. C'est juste magique. Un sourire se dessine sur mes lèvres sans que je puisse l'empêcher. Au bout de quelques minutes, je me décide à sortir. J'enfile des sous-vêtements et un jean propres et prends un tee-shirt avant de sortir de la salle de bains, suivi d'un nuage de buée. J'enfile le haut en arrivant près de la porte de la cuisine ; mais je suis stoppé dans mon élan en entendant la voix de Jaimie. « ...vraiment catastrophique. » Je fronce les sourcils. À qui parle-t-elle ? Mais surtout, de quoi parle-t-elle ? Une petite voix dans ma tête y répond rapidement. C'est de moi qu'elle parle. De qui ou quoi peut-elle parler d'autre. Je passe une main sur mon visage. Je le savais ; mais j'ai quand même continué d'espérer. Je suis vraiment con, c'est pas possible. Je prends une grande inspiration et entre dans la pièce. J'esquisse un petit sourire, juste pour dire que. Et puis, je suis quand même heureux de la voir ; et de cette nuit qu'on a passé ensemble. Même si elle n'a pas trouvé ça d'un très bon présage. Même si... je ne veux même pas imaginer que je pourrais la perdre après cette nuit. Je préfère ne pas y penser. Je m'approche d'elle doucement. « Hé... tu as... tu as bien dormi ? » Je me penche pour embrasser sa joue ; je m'attarde un petit peu trop longtemps peut-être. Je passe derrière Rose et verse de l'eau dans un grand verre avant d'y plonger une aspirine. Je le pose devant elle et m'assois sur la chaise juste à côté. Je regarde la table, je n'ose pas la regarder elle. Je joue avec un morceau de croissant. Il faut que je lui demande. ll faut que ça sorte.« Tu... tu regrettes, c'est ça ? » Je ne sais pas si je veux connaître sa réponse. Si je suis capable de l'entendre.

Quand je sors de la salle de bain, Jaimie est assise dans la cuisine. Je l'embrasse et lui demande si elle a bien dormi. Je ne sais pas trop où me mettre. « Comme un bébé, et toi ? Je n'ai pas pris trop de place ? » De derrière le comptoir, je souris un peu. « J'ai très bien dormi, oui... » Je vais m'assoir à côté d'elle pendant qu'elle mange un croissant, et je commence à me poser plein de questions, trop de questions. Au bout d'un moment, je me décide à lui poser la question ultime : est-ce qu'elle regrette ? C'est difficile comme question. D'ailleurs, je vois bien sur son visage qu'elle est mal à l'aise.« Non ... Bien sûr que non. C'est juste que ... C'est bizarre. Je ne m'attendais pas à finir la soirée comme ça en débarquant chez toi hier. Je suis un peu ... confuse, tu vois ? Toi aussi ? » Je la regarde, admire son petit visage adorable, ses yeux à peine réveillés... Confus ? Ah non, ce n'est pas le sentiment que j'ai. Ce que je ressens est positif, passionné et mon pouls accéléré le confirme bien. Je passe ma main sur mon visage et soupire... je souris un peu. « Confus n'est pas vraiment le mot, non... » Je plante mon regard dans le sien. Je ne sais pas comment elle va le comprendre. Bien, j'espère. Peut-être qu'elle va comprendre... ça m'éviterait de me ridiculiser en essayant de lui dire que je l'aime en bégayant...