J’ignore pourquoi, mais pour être honnête, je n’ai pas que des amis à la fac. En fait si, je sais parfaitement pourquoi. Je crois que je suis la fille qui a le plus sale caractère sur cette fichue terre, et voilà, ceci explique cela. Alors voilà, dès que j’ai la chance d’avoir une journée de libre, j’me casse de cet établissement pourri. La plupart du temps, j’en profite pour sortir avec mes amis (parce que ouais, j’en ai quand même un peu hein je suis quand même supportable), mais lorsque ce n’est pas le cas, je flâne sur le net toute la sainte journée et je ne sais même pas comment, j’arrive toujours à m’occuper jusqu’au soir. Bref. Ce mercredi faisait donc partie de ces fois où je préférais rentrer chez moi et glander comme une vieille loque. Pour être une vieille loque, j’en étais bien une. Je m’étais munie de mes habits « je ne sors pas de la journée » à savoir un débarder, un shorty et des grosse chaussettes plus sexy tu meurs. On aurait dit une paysanne, et c’est sûrement pour ça que maman me hurle tout le temps que « je ne suis pas dans mes champs ici ! ». Enfin bref. Le fait était qu’en plus, ma sœur était là elle aussi, alors autant dire que je préférais grandement rester cloîtrée dans ma chambre. D’ailleurs, si j’avais eu un verrou, je suis sûre que je l’aurais même fermé au cas où. Mais comme je n’avais pas de verrou, la question ne se posait pas. Et pourtant… Devine qui c'eeeest ! J’avais à peine eu le temps de réagir que je vis ma porte s’ouvrir en grand et laisser entrer une immense ombre grisonnante genre yéti, mais en mieux (enfin je crois). Euh… La réponse était pourtant évidente puisque Nathanael se trouvait désormais sur le lit juste à côté de moi, mais l’effet de surprise avait été tel que j’avais été incapable d’articuler un mot à ce moment précis. MAMAAAAAAAAAAAN ON RENTRE COMME DANS UN MOULIN ANS CETTE CHAMBRE QUAND EST-CE QUE TU M’INSTALLES UN VERROU ? criai-je même si j’étais persuadée qu’elle ne m’entendrait pas. Mais Nathanael, lui, m’avait forcément entendu, ce pourquoi je lui adressais un petit sourire satisfait. Encore en train de mater des photos de moi hein ? Ouais, je regarde des photos de toi en mode travesti. Ouais, Kellin m’a tout balancé ! oui je m’auto-connais MDRRRR, lâchai-je avec l’air le plus sérieux que je pouvais prendre. A vrai dire, cela me faisait surtout beaucoup rire rien que d’imaginer la scène. D’ailleurs, je ne manquai pas d’éclater de rire suite à cette remarque, refermant par la suite le capot de mon ordinateur tout en écoutant Nathanael. Jpassais dans le voisinage et j'ai pensé à toi alors fallait que jvienne te voir sinon mon cœur aurait pas supporté d'être loin de toi. T'es toujours aussi belle. Tu… Je… QUOI ? Lorsqu’il s’approcha de moi pour m’embrasser sur la tempe, j’eus comme un sursaut instinctif, et, sans même m’en rendre compte, j’attrapai mon oreiller avec d’assommer le jeune homme avec. A vrai dire, je n’aimais pas vraiment les compliments, et Nathanael ne le savais pourtant que trop bien. Je crois qu’au fond, je manque cruellement de confiance en moi, et c’est sûrement pour ça que j’ai un caractère de merde. Comme une sorte de carapace, sans doute. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle j’avais quitté mon dernier et unique petit-ami (en prétextant que j’étais lesbienne, super, bravo Violet, t’es vraiment une lumière) ; les choses commençaient à devenir trop sérieuses pour moi et… j’ai pris peur. Tout ça parce que je suis incapable de croire que quelqu’un puisse s’intéresser à moi. Je sais pas, je suis trop bizarre comme fille. Le pire, c’est que je ne me rends même pas compte de tout ça. Je crois que je donne trop de fil à retordre au mec et que ça les fait fuir. Enfin bref, il allait sans dire que je savais que Nath’ se foutait de moi – ou plutôt, je croyais. Parce qu’à vrai dire, je ne voyais pas comment il pouvait réellement me trouver belle ou… ce genre de choses. J’étais quand même très très très […] très loin d’être la fille idéale, et j’en étais bien consciente. Un brin garçon manqué (et peut-être un peu trop même) avec tout le caractère pourri qu’une fille peut avoir. Un mélange au top. Alors si en plus je m’habille comme un sac à patates, je peux vous affirmer que mon pouvoir de séduction est réduit à -18386080 (et encore, je suis gentille avec moi-même). Aussi, bien consciente de ce que la nature m’avait gentiment donné (c’est-à-dire, tous les pires défauts de la terre entière voire même de la galaxie), j’étais persuadée que les compliments du bouclé avaient pour but de m’embêter comme il aimait tant le faire. Espèce de gros naze ! Je pouvais pas deviner que t’allais débarquer chez moi à l’improviste, alors oui je ressemble a une mamie gâteau qui n’a pas vu la lumière du jour depuis les années 20 mais… MAIS RIEN DU TOUT D’ABORD J’TE DETESTE, VOILA ! Et voilà, Violet attaque « je dis de la merde pour me défendre », action ! Heureusement que Nathanael avait l’habitude. Cependant, même si ses pseudos-faux-compliments (oui parce qu’en fait ce sont des vrais compliments mais moi je suis persuadée que non alors en fait ce sont des pseudos-faux-compliments quoi enfin vous m’avez comprise) m’avaient vexée, je n’étais pas rancunière. Du moins, pas avec mes amis, et le bouclé en faisait évidemment partie, même s’il côtoyait davantage ma sœur de qui il était très proche – et sûrement plus proche qu’avec moi d’ailleurs. Enfin bref. Pour lui signifier que j’étais tout de même contente de sa visite, je m’approchai à mon tour de sa joue pour y déposer un bisou. Tu t’es trompé de chambre mon vieux. Eleanor, c’est celle d’à côté, lâchai-je enfin, sachant pertinemment qu’il n’était pas vraiment là pour moi.

and live while we're young. (nathanael, eleanor et violet)

Le sourire qui vint étirer les lèvres de Nathanael m’arracha un sourire à moi aussi. Je le trouvais mignon avec toute cette gentillesse et cette sincérité qui le caractérisait, et son petit côté enfantin n’était pas pour contredire cela. Pourtant je détestais cela d’être attendrie aussi facilement… Mais Nathanael avait ce petit quelque chose qui le rendait trop mignon. D’ailleurs, je crois bien que ses charmes avaient opéré sur ma sœur qui avait bien du mal à se comporter normalement en présence du jeune homme, et elle ne devait pas être la seule, à en juger par toutes les filles que j’avais pu voir lui tourner autour. A vrai dire, j’ignorais comment il se comportait avec elles mais il avait le mérite d’être adorable avec moi. Adorable, mais pas franchement très normal dans sa tête. A peine avait-il mis un pied dans ma chambre que déjà il supposa que je regardais des photos de lui sur mon ordinateur. Bien sûr, il m’arrivait d’aller sur son profil Facebook comme n’importe qui, mais il n’y avait rien d’anormal à cela. Et puis de toute façon, cette fois-ci, ce n’était pas le cas. Cependant, comme naturellement, j’étais rapidement rentré dans son jeu, prétextant de je venais tout juste de découvrir des photos compromettantes de lui grâce à Kellin. Sa réaction ne se fit pas attendre. Pfff elle aurait pas fait ça l'autre cruche de toute façon ! La façon qu’il avait de démarrer au quart de tour me fit rire, et comme je devinais à quel point je devais avoir l’air niaise, je me raclais brièvement la gorge afin de ponctuer le tout et passer rapidement à autre chose. Malheureusement pour moi, les compliments qu’il me fit n’arrangèrent rien à la situation, et mon peu de confiance en moi avec. Comme à mon habitude, je démarrai au quart de tour et m’énervai presque contre Nathanael qui n’avait strictement rien fait à part être gentil avec moi. Je crois que je n’étais définitivement pas normale. Bêtement, je baissai le regard. J’avais envie de me frapper intérieurement tellement je m’énervais moi-même. C’était bien le seul garçon sur terre à être aussi adorable avec moi, et moi, j’étais incapable de contrôler mon impulsivité, ni ma bêtise, ni quoi que ce soit d’autre. C'est toi la naze à pas comprendre ce que je dis. Arrête de croire que je suis ironique quand je dis des choses comme ça puisque je te ferais savoir que oui t'es belle Violet Dorothy Cowell. Autant dire que je me sentis davantage ridicule après ça. Je sentais mes joues devenir rouges cramoisi et tentai immédiatement de les couvrir de mes mains pour pas que le jeune homme ne se moque de moi. Non mais franchement, c’est la honte, c’est vrai quoi. Surtout devant Nathanael. Enfin, je sais pas pourquoi surtout devant Nathanael, mais surtout devant Nathanael quand même. J’avais beau jouer la fille pleine d’assurance, j’étais probablement celle qui avait le moins confiance en elle du monde, mais c’est justement la raison pour laquelle je détestais que l’on me voie rougir. D’abord, depuis quand tu connais mon deuxième prénom, toi ? Tu fais partie du FBI ? Tu enquêtes sur moi ? m’enquis-je sans vraiment de sérieux histoire de changer de sujet au plus vite. Je ne voulais pas semblait trop à l’aise ni trop mal à l’aise. En fait, je savais pertinemment que même si Nathanael se montrait adorable comme il était rare de l’être avec moi, il n’en restait pas moins que s’il était là, c’était en premier lieu pour Eleanor, et je n’étais ni plus ni moins de la sœur de son amie. Et qui te dit que c'est pas toi que je suis venu voir ? Je haussai les épaules. Mon petit doigt, répondis-je simplement en lui adressant une légère moue digne d’une petite fille de quatre ans. Mais c’est gentil de… Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase puisque contre toute attente, ce fut Eleanor qui vint me la couper. D’un air détaché, la jeune fille s’appuyait contre le mur de l’entrée. Machinalement, je laissai échapper un soupir. Ce n’était pas la première fois que je devinais une pointe de jalousie dans son attitude lorsque Nathanael se trouvait à moins d’un mètre de moi, comme s’il s’agissait d’une distance de sécurité à respecter. Eh ! Tu pourrais frapper au moins ! lâchai-je en haussant le ton. Toutefois, à bien y réfléchir, ce n’était peut-être pas le genre de chose à dire dans cette situation, sous peine que la blondinette ne croie que nous avions quelque chose à cacher ou quelque chose comme ça. C’est qu’elle pouvait aller loin dans la paranoïa parfois, mieux valait se méfier… bien que ce soit un peu trop tard. ça vaaa, c’est juste… il est juste venu me dire bonjour, c’est tout, expliquai-je en tentant de garder mon calme devant la puérilité de ma soeur. Ce qu’ajouta Nathanael vint d’ailleurs confirmer mes précédents propos. Ça aurait été malpolie de pas venir saluer ta sœur. Aller fais pas la tronche comme ça. C’était donc vrai, il n’était pas venu pour moi. Pourtant, j’aurais presque voulu le croire lorsqu’il m’avait affirmé le contraire. Si je commençais à devenir aussi naïve que ma sœur, ça devenait grave. Enfin breeeef. Je reniflai instinctivement afin de briser le silence qui s’était installé (plus intelligent, tu meurs), puis me redressai légèrement sur le lit. BON ! Ben… voilà, Eleanor est là alors… J’aurais bien profité de la situation pour l’embrouiller en lui disant qu’elle était dans MA chambre, qu’elle n’avait rien à faire là, patati patata, mais ce n’était pas vraiment le moment en la présence de Nath. Le pauvre n’avait rien demandé. Enfin bon, tu peux venir sit tu veux, proposai-je tout de même à contre-cœur (et je crois que ça se voyait bien). Ceci étant, c’est l’intention qui compte. Mieux valait rester calme avant que madame ne fasse une scène de ménage parce que le bouclé était assis sur mon lit… il lui suffisait de peu.