Je m’appelle Kimberly Jessika Tanaka mais tout le monde m’appelle Kim’. La raison ? J’ai toujours détesté mon prénom. Je trouve que Kimberly c’est beaucoup trop long. D’ailleurs, ma mère l’a bien compris que je détestais ce prénom parce qu’elle a toujours eu le don de m’appeler par mon prénom lorsqu’elle était énervée contre moi. Bref, ce qu’il faut savoir c’est que je suis née à Tokyo, au Japon. Tout comme mon grand frère, qui a cinq ans de plus que moi. Lui et moi, on s’est toujours bien entendu. Mon père était rarement à la maison. Il travaillait énormément. Ma mère, quant à elle, ne travaillait pas. Je ne me suis jamais réellement entendu avec elle. Pour moi, on est beaucoup trop différentes pour être compatible. J’ai vécu jusqu’à l’âge de six ans à Tokyo. Dès mon plus jeune âge, mes parents m’ont appris à parler anglais. Durant mon enfance, j’ai toujours eu du mal à m’entendre avec les filles. Je troquais mes poupées contre des voitures. J’avais la même passion que mon frère : les voitures. Lorsque j’étais petite ça se limitait aux courses de voiture télécommandées que je faisais avec mes amis. Personne n’aurait pu imaginer qu’une passion comme celle-là, devienne une raison de vivre.

C’est à l’âge de sept ans que je débarque à Londres avec ma famille. Mon père a eu une promotion. C’est légèrement mieux payé. Je suis scolarisée dans un établissement public. Je déteste l’école. Moi, je passe le plus clair de mon temps à regarder par la fenêtre et à imaginer ce que ce serait ma vie dans dix ans. Lorsqu’on me demande ce que je souhaite faire plus tard, je réponds que je veux devenir pilote de course. Certains voient ça comme un rêve qui ne se réalisera jamais, d’autres pensent simplement que c’est un manque d’ambition mais ils n’ont rien compris. Je suis peut-être jeune et il est clair que j’ai le temps de changer d’avis mais personne ne sait à quel point j’aime les voitures. Mon frère est comme moi. Les années passent. Mes notes dégringolent au fil du temps. Ma mère me hurle dessus, elle me fait comprendre que si je ne remonte pas mes notes, je retourne au Japon. Je n’attends que ça. Certes Londres est une ville vraiment cool mais je ne m’y sens pas réellement à ma place. J’ai l’impression d’être différente et ça elle ne l’a pas compris.

Au collège, c’est difficile pour moi. J’ai mon caractère et il est hors de question qu’on me contredise. Je réponds aux professeurs, je leur fais comprendre que je me moque totalement des cours. J’ai douze ans lorsque mon frère me montre pour la première fois comment réparé une voiture. Il me laisse même faire deux ou trois trucs malgré l’interdiction de ma mère. Malgré ma passion pour le Tunning et les voitures, je reste une fille féminine. J’ai du mal à m’entendre avec les filles mais ça ne m’empêche de savoir me servir d’un mascara, d’un vernis et de m’habiller avec style. J’ai d’ailleurs mon propre style, un peu extravagant de temps en temps mais qu’importe. Je me moque de ce que les gens peuvent penser de moi. A treize ans, je vais à ma première soirée. C’est mon frère qui m’emmène avec lui. Il me présente ces amis, des gens fan de Tunning également. J’apprends également qu’il fait des rodéos. Pour que je ne dise rien à nos parents, il me fait promettre qu’un jour il m’emmènerait avec lui lors d’une course. Il l’a fait et j’ai adoré.

Je passe de plus en plus de temps en dehors du collège qu’autre chose. J’ai quatorze ans lorsque mon frère m’apprend à conduire. Il sait que c’est dangereux. Il sait que si les parents l’apprennent ça chauffera pour lui. Il sait aussi que s’il se fait prendre par la police, ça se passera mal pour lui. Mais il sait également ce que ça fait que d’avoir une passion et de ne pas pouvoir l’exercer à cause d’un permis. Alors il m’apprend. Pendant un an et demi, il m’entraîne à conduire des voitures toujours plus puissantes les unes que les autres. Pour mes seize ans, il m’offre une Nissan Skyline qu’il a gagné lors d’un rodéo. Mes parents ne sont pas au courant. Ils savent juste que je ne vais presque plus en cours. Je redouble d’ailleurs ma première année de lycée à cause de ça. J’ai seize ans et quelques mois lorsque je fais ma première course de rue. Le pire dans cette histoire, c’est que je suis bien trop jeune pour conduire des voitures aussi puissantes. J’ai déjà eu des accidents, qui m’ont fait faire plusieurs allers et retour à l’hôpital mais rien ne peut me stopper. La police ne m’a jamais prise en flagrant délit. Ma mère est au courant de mes activités mais elle n’a pas compris que c’est pour faire des courses que je vis. Je sais que je peux y laisser ma vie, je sais que je suis trop jeune pour mourir ou avoir un accident mais j’aime trop cette sensation : aller vite, repousser mes limites et prendre des risques. Je veux devenir pilote de course et je sais que je peux y arriver. De plus, ça me fait gagner de l’argent.