Je faisais partie d'une famille riche et heureuse, avec des parents attentionnés, et j'habitais dans mon pays natal les États Unis. Ce que j'étais naïve à l'époque, j'étais complétement aveuglée par ce soit disant bonheur. Ma mère se faisait battre par mon enflure de père, elle ne disait absolument rien, mais elle pleurait des larmes, des larmes de sang. Son corps tout entier était couvert de plaies, son visage transpirant, et ses yeux remplis de désespoir. Je n'oublierais jamais ce moment là, où je regardais mon père frapper ma mère avec une telle agressivité et violence.

Un mois plus tard, ma mère divorçait avec mon père qui lui fut mis derrière les barreaux, et nous déménagions toutes les deux en Bulgarie, loin de tout ce qui pourrait nous ramener à notre passé. J'avais neuf ans, nous étions heureuses toutes les deux, essayant de ne penser qu'à notre présent, dans notre grande maison blanche. Je m'étais teint les cheveux en bruns, symbolisant mon nouveau départ Je n'avais ni frère ni sœur, et mon côté américain, venant de ma mère, avait visiblement beaucoup de succès autant auprès des filles qu'auprès des garçons. D'un autre côté ma popularité est aussi dû aux origines bulgares que possédait mon père, sans cela, j'aurais eu beaucoup plus de mal à m'intégrer. J'étais extrêmement populaire, tout le monde se battait pour s'approprier la dernière place qui restait à ma table de cantine, j'avais une meilleure amie incroyable, et je n'avais pas vraiment de difficultés en cours, malgré mon immense intérêt pour le professeur qui parlait pendant que moi je bâillais. J'ai eu d'ailleurs beaucoup d'histoires d'amour assez foireuses, mais il y a un homme que je n'oublierais jamais, je l'ai rencontré lors de mes années de lycée. Il était doux, gentil, drôle, beau, simplement parfait. J'avais aussi un meilleur ami, avec qui j'étais très proche. On m'a souvent dit que nous étions fait l'un pour l'autre, mais moi je n'y croyais pas, je le voyais simplement comme un ami. Mais une nuit, nous étions invités à une soirée, lui étais sobre et moi j'étais complètement bourrée, en même temps j'avais quinze ans. Il a fini par m'avouer qu'il avait des sentiments pour moi, et on a vite fini dans le même lit. Le lendemain matin a été désastreux. Nous avions eu une dispute phénoménale, j'ai toujours regretté mon acte et nous ne nous sommes jamais revu. Je ne sais pas si il m'aime encore aujourd'hui et parfois il m'arrive de penser à lui, et de me rendre compte que mon coeur bat de plus en plus fort lorsque je pense à lui.


J'avais souvent demandé à ma mère pourquoi étions-nous parties en Bulgarie, et pas un autre pays comme la France ou l'Italie. Elle ne me l'a jamais dit, et malheureusement je l'ai découvert par moi-même. Davis, mon père, était sorti de prison et est de retour. En Bulgarie, son pays natal. Cela veut dire que Davis a suivi Maman pour arriver ici. J'aurais voulu ne pas voir cette scène effroyable, ne pas avoir ressenti ce sentiment horrible. Ce jour là, je rentrais des cours, le sourire aux lèvres. Poussant la porte d'entrée, je vis ma mère embrassant fougueusement mon père sur le canapé, à moitié nue, le sourire aux lèvres. J'avais l'impression d'être à ce moment, quand ma père frappait ma mère d'une violence inexplicable, l'impression d'être trahie, encore une fois par ce qui me restait de famille. Je fondis en larmes, faisant apparaître sur ma main un énorme doigt d'honneur suivi d'un très joli "J'VOUS EMMERDE ESPÈCE DE SALES FUMIERS! VOUS ME DÉGOÛTEZ PUTAIN!", retournai dans ma chambre repoussant la main sur mon épaule de mon père, et fis mes valises d'une rapidité incroyable. La seule idée que j'avais en tête, c'était fuir, fuir loin de tout encore une fois pour tout oublier et me recréer un avenir avec ce qu'il me reste de cœur. Sortant de la maison, pleurant encore et encore, je vis mon petit-ami avec qui je sors depuis maintenant deux bons mois, la seule chose qui me manquera horriblement, devant ma porte s'apprêtant à sonner. Je l'embrassai, posant une main sur son torse, et l'autre sur son cou, respirant son parfum que j'aimerais ne jamais oublier. "Je suis désolée, je dois partir, à Londres. Je t'aime tellement tu sais pas à quel point, je t'oublierais jamais mon cœur." Je lui baisai les lèvres une fois de plus, pour la dernière fois, et lui souriais, séchant une larme qui coulait sur mon visage pâle. Il était là, sous le choc, ne sachant pas quoi dire. Je lui caressai les cheveux, puis sa joue, toujours un sourire triste aux lèvres. Je m'éloignai de plus en plus de lui, du premier homme que j'ai réellement aimé, et certainement le dernier. J'étais dégoûtée de toute relation amoureuse, après tout ce que j'avais vu, je ne pouvais faire confiance à aucun garçon. Sauf à cet homme, que je ne reverrais malheureusement sûrement jamais.


Dès mon arrivée à Londres, à mes seize ans, j'eus un réflexe, c'était de me reteindre les cheveux en blonds, ce blond que je voulais supprimer pour laisser place à ma nouvelle vie en Bulgarie. Ce blond que j'avais supprimé parce que je n'assumais pas ma vie. Mais maintenant, c'est fini, je veux prendre un nouveau départ, oublier en se souvenant tout de même de mon passé. C'est pourquoi mes cheveux dorés resteront un symbole pour moi, ma liberté. Ça à l'air con, je sais, mais après tout, je suis blonde. Ahah c'était très drôle je sais. Melrose, ma mère m'a envoyé récemment un SMS, qui ne m'a pas vraiment plu. Rien que le fait de savoir que cette femme a essayé de reprendre contact avec moi, ça me donne juste envie de vomir. Mais le contenu en est d'autant plus exaspérant, et troublant.


Une fille? Feather? Pff, vous ne pouvez pas savoir à quel point c'est décevant. Melrose veut se faire pardonner? En enfantant une fille avec l'homme qui l'a battue? Faites moi rire! Quelle situation ironique. J'étais pratiquement sûre que la petite Feather allait connaître le même parcours que moi. Quand elle aura eu quatorze ans,, elle verra sa mère se faire battre par son père, elle déménagera loin de tout avec sa mère en croyant avoir redécouvert ce qu'était le bonheur, et ensuite un jour durant ses années de lycées en seconde, elle verra Melrose prendre du plaisir à coucher avec cet abruti. Et croyez moi, ce n'est pas moi qui vais la prévenir de tout cela, à la petite hein.

Sinon, je ne vous aie pas parlé de mes années de lycée à Londres? En effet, j'ai quitté la Bulgarie lors de mon année de seconde, et j'ai passé mes deux dernières années d'études secondaires en Angleterre. Tout de même, il a fallu remplir toute une tonne de paperasse avec mes parents, indiquant qu'ils m'autorisaient à partir, qu'ils acceptaient que j'aille dans ce lycée et ainsi de suite. J'avais sincèrement eu du mal à les convaincre mais bon. Ce n'est pas comme si ils allaient me faire quoi que ce soit, après ce que j'avais vu. Mes premiers pas dans ce nouvel établissement ce sont bien passés. J'ai retrouvé cette popularité que je détenais en Bulgarie, et nous étions une bande de quatre meilleures amies soudées. Mes résultats scolaires n'ont baissé que très légèrement, et la langue anglaise n'était pas vraiment un problème pour moi, vu qu'on parlait anglais entre nous avec Melrose et que j'ai habité longtemps aux États-Unis. Mais maintenant, les belles années sont terminées, nous avons toutes les quatre eu notre baccalauréat avec brio, et nous n'avons pas pris de nos nouvelles depuis notre remise des diplômes. Il est grand tant de s'engager à l'université, et de choisir notre métier. Pour tout vous dire, je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie. Après tous ces événements troublants pour moi, je n'ai pas eu le temps de penser à mon futur. Je suis un peu perdue, sans repères, mais je laisse faire le temps. Tout le monde trouve sa voie, mais moi, je mets un peu plus de temps c'est tout.

Après avoir supprimé avec dégoût ce fameux SMS, je me dirigeai vers la boîte aux lettres de mon nouvel appartement à Londres. Dedans n'était présente qu'une lettre bordée de rouge et fermée par un sceau rouge. Je compris de suite que c'était le courrier que l'université "Royal College of Art" devait m'envoyer pour me dire si j'étais acceptée ou pas. J'avais vraiment envie de rentrer dans cet université, elle était vraiment unique, et il paraît que c'est l'une des écoles les plus prestigieuses d'art de Londres, peut être même d'Angleterre. Même si je ne savais pas vraiment quel métier je voulais pratiquer, je veux absolument m'engager dans la voie du théâtre, de la comédie, c'était sincèrement quelque chose qui me passionnait littéralement. J'avais remarqué dès mon arrivée à Londres, que j'avais un véritable don pour cela, et je ne voulais pas le gâcher. Je l'ouvris rapidement, déchirant grossièrement l'enveloppe et lus.

"Bonjour, ou bonsoir Faithfull Joyspark.

J'ai l'honneur de vous annoncer que vous ferez désormais parti de l'université Royal College of Art dès la rentrée. Vous êtes maintenant élève dans la classe de théâtre (regroupant tout ce qui concerne le cinéma, le théâtre ou la télévision.)

Au plaisir de vous voir dans nos locaux à la rentrée.

Cordialement, le Doyen."

Sautant de joie, je laissai un immense cri de soulagement s'échapper de ma bouche. Je me tortillais mes cheveux blonds, en souriant d'un air complètement stupide. Ça y est. Ma vie va enfin prendre une tournure toute autre, je vais enfin pouvoir être heureuse. L'aventure va commencer, et je peux déjà vous dire que je vais tout faire pour qu'aucune source de malheur vienne me pourrir la vie.

Aujourd'hui, cela fait un mois que j'ai été admise dans cette école de prestige. La vie est belle, je ne me préoccupe plus de rien, et personne ne pourra m'empêcher de vivre une nouvelle aventure, libre comme l'air, sans parents qui nous décevrons. Je ne sais toujours pas ce que je veux faire de ma vie, mais... Je veux te retrouver. Toi, le mec que j'aime depuis maintenant trois longues années, l'homme que j'attends et que j'attendrais toute ma vie s'il le faut. Tu es la seule chose qui me fait repenser positivement à mon séjour en Bulgarie, et je te le jure: je te retrouverais mon cœur, et que tu m'aies oublié ou pas, je m'en fiche. Tant que je revois ton sourire, tout ira bien, je te le promets. Mais... Je me demande si... Je ne serais pas amoureuse de mon ex-meilleur ami aussi. Oh, et merde hein. Mieux vaut que j'arrête de penser à ça. A lui. Ou à eux plutôt.