i will break your heart dude.

faithfull featuring erwan

Erwan James. A chaque fois que je prononce son nom, j'en ai la nausée sincèrement. Il y a quelques années mainteant, on sortait ensemble. Personnellement, je n'étais pas amoureuse de lui. Certes, c'est un garçon séduisant, voyons la vérité en face, mais il ne m'attirait pas plus que cela. Il n'était pas différent des autres, il ne sortait pas du lot à mon goût. Par contre, je croyais que lui m'aimais, enfin ce n'était pas vraiment cela qui m'importait le plus il faut dire lorsqu'on sortait ensemble. Mais il a quand même trouvé le moyen de me quitter pour une certaine Keyla. D'après ce qu'il m'a dit, elle est l'amour de sa vie. Qu'est ce que c'est pathétique. Et il osait me dire, qu'il avait des sentiments sincères pour moi? Faites moi rire! Ce n'est pas le fait qu'il soit amoureux de cette Keyla qui me dégoûte, c'est le fait qu'il m'aie menti. Certes, je ne l'aimais pas, et je ne l'aime toujours pas, mais j'éprouvais une certaine sympathie envers lui. Depuis le jour où il a décidé d'en finir, moi de mon côté, j'ai décidé de me venger. J'ai trop été déçue, on m'a trop souvent menti, et Erwan, c'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. J'avais un plan, un plan diabolique. Keyla Bellington est l'amour de ta vie, tu l'aimes? On va voir ça. Je vais faire croire à ce menteur que je l'aime, je vais bien le draguer jusqu'à ce qu'il soit fou de moi. Ensuite, je lui briserais le coeur, et en même temps celui de Keyla. Ce plan était tout simplement parfait, j'étais assez fière de moi pour le coup.

Et merde! Il était alors huit heure et demi que je maudissais déjà d'être allé à cette soirée. Je n'avais pas entendu mon réveil sonner, je dormais comme si tout était normal. Je me hâtai vers la salle de bain, me contentant de brosser une ou deux fois mes dents sans dentifrice en deux secondes à peine et de me peigner rapidement. Pas le temps de faire ma toilette ou de passer deux heures devant le miroir à choisir de quelle couleur sera mon fard à paupières, je pris mon sac, enfilai une veste en cuir en me coiffant d'une queue de cheval et j'étais déjà partie pour mon cours de cinéma. Quel temps de chien. Il pleuvait des cordes, comme d'habitude, et les taxis se faisant de plus en plus rares à cette période de l'année, je pris l'initiative de courir jusqu'à l'université. Je n'habitais pas très loin de l'établissement, et avec ces embouteillages je n'arriverais jamais là-bas en taxi. Me replaçant une mèche de cheveux qui me tombait dans les yeux, je courrus du plus vite que je le pouvais, criant "Pardon! Excusez moi, je suis très pressée!" lorsqu'un fainéant restait planté là au milieu du trottoir. Ça va faire mon sixième retard depuis le début de l'année, et je prédisais déjà ma convocation chez le Doyen.

Arrivée à RCA, je trébuchais sur les marches me rattrapant avec mes mains, direction le bâtiment B. Les couloirs étaient déserts, il n'y avait là que quelques femmes de ménages ou des professeurs se rendant à la salle des professeurs. Je montais les escaliers d'une rapidité qui m'étonnait moi-même,  et je pus enfin respirer, devant la porte de ma classe. "J'sens sincèrement que j'vais crever quand j'vais entrer...". Je toquai doucement à la porte, me préparant au savon que le professeur allait me passer, en enlevant le chouchou qui soutenait ma queue de cheval. Je me coiffais une dernière fois les cheveux à l'aide de mes doigts et entendis soudain un "Entrez.". Je poussais un long soupir, puis ouvris la porte en tremblant légèrement. Ce professeur me faisait sincèrement trembler de peur, rien qu'avec sa voix grave et menaçante. "Excusez moi du retard Monsieur..." Il soupira lui aussi à son tour, avant de poser sa craie sur la table. "Tu as tout de même cinquante minutes de retard, Faithfull. Cela fait la quatrième fois dans mon cours. Va tout de suite t’asseoir et donne moi ton billet de retard, de toute façon le cours est fini. Tu iras voir le doyen à la fin de la journée." Je me tortillais une mèche de cheveux, en me mordant légèrement la lèvre inférieure, je m'y attendais. Et puis, ce n'était pas la première fois que je me retrouvais confrontée au Doyen, ou que je finissais en salle de retenue. Je fouillai rapidement mon sac et lui tendis mon billet que j'avais pris un peu plus tôt, en m'excusant encore une fois. Je me dirigeai vers ma table, adressant un signe de main à mes amis pour les saluer, puis j'adressais un sourire et un clin d'oeil à Erwan qui était situé juste à côté de ma table.

La matinée étant finie, je décidais de poursuivre ce que j'avais commencé. Pendant les cours, je n'avait cessé de fixer amoureusement l'homme, pour lui faire croire certaines choses. Et dès qu'il se retournait vers moi, je fuyais son regard comme si de rien n'était. Il avait l'air de bien y croire tout de même, du moins je l'espère. C'était subtil, mais bien trouvé, il n'y a aucune raison pour qu'il n'y croit pas. Mais bon, maintenant faut-il qu'il tombe amoureux de moi. Erwan venait juste de retourner à sa place après être sorti de la classe, sûrement pour parler avec Keyla vu que j'entendais sa voix et une autre voix féminine. Je me remis du rouge à lèvres en me regardant dans un miroir et me dirigeais vers lui. Il avait l'air assez dépité, faible, sans protection, c'était le moment parfait. Il réparait sa caméra, enfin un truc de ce genre, en silence. Je m'assis sur sa table, et regardai le jeune homme avec mes yeux de biche. "Salut Erwan! Alors, ça va?" lui dis-je d'une voix un peu tremblante, pour paraître intimidée par sa personne. Je ne savais pas trop quoi lui dire, j'avais décidé d'agir à l'instinct, et tant pis si je faisais une bourde. Si je calculais tous mes faits et gestes, il finira par le voir et là, adieu la vengeance tant souhaitée. "T'en es où avec Keyla alors?" le questionnais-je en baissant mon regard vers le sol. Je me demandais sur le moment si je n'avais pas posé cette question trop tôt. Ca faisait un peu trop "fille super jalouse qui veut s'approprier Erwan pour elle toute seule". Enfin, c'est vrai que c'était l'effet souhaité mais il faut que je le séduise, pas que je le fasse fuir. Je décidais de me rattraper alors sur ces paroles: "Enfin, si tu as toujours envie de te confier à moi bien sûr. Je vais pas t'obliger à parler d'elle." lui souriais-je, en prenant l'expression la plus rassurante possible. Le fait de ne pas savoir ce qu'il se passe dans sa tête m'agaçait profondément. Je n'aime pas trop perdre mon temps, et si mon plan est perdu d'avance, alors je ne me fatiguerais pas plus que ça. Mais là... Je ne sais vraiment pas, son comportement est normal. D'ailleurs je ne sais même pas quel genre de fille il aime c'est ça le pire. Même si on était ensemble avant, je me rends compte au fil du temps que je ne le connais pas si bien que ça. La preuve, il en aimait une autre.

i will break your heart dude.

faithfull featuring erwan

Je ne savais pas vraiment comment Erwan me voyait aujourd'hui, ce qui me compliquait littéralement la tâche. Me voyait-il comme une grosse tarée blonde qui ne pense qu'à foutre la merde, ce qui serait compréhensible? Me voyait-il comme une ex parmi tant d'autre? Je ne savais pas, encore une fois l'insouciance me submergeait. Cependant je crois qu'il pense que je me suis servi de lui pour faire genre que j'suis maquée. En tout cas, ce serait totalement son genre de penser ce genre de chose de moi. Ca prouve en effet qu'il ne sait absolument rien de moi. Un sourire amusé se dessinait sur mes lèvres tout juste maquillées d'un rose discret, puit sa voix résonnait dans la pièce. «Salut Faith, ca va très bien et toi?» J'avoue que je n'ai jamais compris à quoi servait cette procédure de politesse. Je sais pas, à quoi diable un "ça va?" peut faire d'une conversation banale, un échange intéressant et passionnant? Ca me barbait au plus au point, mais je ne veux pas prendre de risque en le brusquant ou quoi que ce soit d'autre. «Et bien écoute. Ca va super comme tu peux t'en douter.» Ca me faisait drôlement bizarre de parler avec Erwan après la séparation qui nous a fait prendre des chemins différents. Enfin drôlement n'est pas l'adverbe qui qualifierait le mieux notre rencontre d'aujourd'hui. Fortement déplaisant serait mieux. Depuis quelques temps, je m'efforce à jouer les confidentes avec Keyla. Elle m'énerve cette fille, elle passe tout son temps à se saoûler dans des bars en se lamentant sur son sort. Tout ce qu'elle sait dire c'est Erwan ceci, Erwan cela... Eh tourne la page hein, c'est bon passe à autre chose au lieu de me faire péter un câble avec tes histoires à la con. Bien sûr, je l'ai répété un bon nombre de fois à la jeune femme, mais elle recommence au bout d'une minute à peine. Et le pire, c'est que je pense qu'elle ne s'en rend même pas compte. «Non j'ai pas envie de me confier mais puisque tu es là, autant en parler. Non je ne suis plus avec elle et maintenant ça fait un très long moment. Et pourquoi tu m'parles d'abord ? ça fait plus de trois ans que tu m'as pas parlé ?» Mon visage se crispa. il me parlait sur un ton que je n'appréciais pas vraiment. Surtout après qu'il m'ai trompé. Je détendis les traits de mon facial, repensant encore une fois à ma vengeance qui arriverait bientôt à son terminal. Je souris au jeune homme puis je pris la parole après avoir inspiré une bonne bouffée d'air frais, essayant de rougir un peu. «Je te parle parce qu'on est dans la même classe, autant sympathiser un peu. J'ai pas très envie de finir le cursus sur une mauvaise note avec toi. Et puis après tout, on s'entendait bien avant non? Ca serait con de laisser tout ça derrière nous.»