| Sujet: La seule place où je me sens chez moi • LIBRE. Mer 15 Mai - 21:29 | |
| Le den club, un vrai deuxième monde au coeur d'une ville déjà très animée. C'était le seul endroit où j'aimais bien me promener, puisque les gens ici me comprenaient et ne me jugeaient pas. La nuit, l'ambiance était super, nous étions tous dans ces bars, à se défoncer la gueule et à danser jusqu'à ce que le soleil se lève. Le lendemain, j'allais en cours, les cheveux en bataille et les cernes dessinées au crayon noir, comme s'il ne s'était rien passé. Ici, voir des couples de gays et de lesbiennes s'embrasser, c'était normal. Aucune gêne, aucunes pensées homophobes; nous étions libres, totalement libres. C'était un chez-moi, et le premier endroit vers lequel je me suis tourné quand j'ai déménagé chez mon oncle. Je m'étais trouvé un travail de strip-teaseuse ici, justement, et sans que mon oncle le sache. Sans que personne ne le sache, en fait. Les jugements étaient bien la dernière chose dont je voulais, à Londres. Bien que je ne m'aidais pas, je voulais repartir à zéro.
Des gays, chez moi, il y en avait, certes. Par contre, peu s'affirmaient. Il n'était pas rare, lorsque je tenais la main d'une de mes ex, que des hommes nous abordent et nous disent des propos peu ragoûtant à propos de notre relation. D'autres ne se gênaient pas pour nous hurler en pleine rue que nous étions anormaux, qu'il fallait rester cloîtrées ou aller se faire soigner. Ceux-là, la plupart du temps, je les pourchassait en les menaçant de les tuer. Ce que j'aimais bien de mon quartier de jeunesse, c'est les regards complice que nous nous faisions lorsque nous nous croisions. Faire un clin d’œil et un sourire à deux hommes, c'est toujours bien amusant! Et personne ne s'en rend compte. Un peu de soutiens moral, c'est tout ce qu'il nous fallait, là-bas. Puis je suis arrivée ici, dans la grande ville de Londres, avec ses quartiers si grands, si inconnus. En me promenant tel un loup solitaire, j'ai marché dans Soho, et c'est là que j'ai compris. C'est ici que je ferais ma vie.
En ce samedi soir, bien coiffée et portant mes pantalons en cuir ainsi qu'une chemise noire et des talons hauts, je me pavanait fièrement devant le den club. Entrant et saluant les quelques habituées - tout comme moi, je me dirigeai vers le bar et demanda un verre de vodka, comme toujours. L'homme qui servait les verres était quelqu'un de très sympathique. Petit, torse nu et toujours maquillé, il arborait un sourire qui me mettait en confiance. Il me tendit mon verre, et me tournant vers la foule, accoudée au bar, je sirotait tranquillement mon breuvage. Il faisait chaud, ici, mais cela ne m'empêchait pas de sourire, puis de passer une main dans ma chevelure rousse, satisfaite. La soirée s'annonçait sympathique, tout compte fait.
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