J’y, vais, je commence… Non attendez, c’est dur de parler de soit n’est-ce-pas ? Je ne sais pas, comment vous dire… Si on commençait par le début, hein ? Née dans la capitale de la Grande-Bretagne, le plus beau pays à mes yeux, j'ai grandi avec des valeurs comme le respect, l’amour et le partage envers autrui. J’étais la dernière d'une flopée de frères, et la préférée de la famille. Vous allez rire, mais mes frères m’ont toujours traité comme leur égal. On se bagarrait sans cesse, au grand désarroi de mes parents. Etant la seule fille, j'étais censé assurer les tâches ménagères parmi mes cinq frères. Nous étions nombreux, certes, seulement parfois nous manquons d'espace et de nourriture à notre table. Heureusement nous avons connu l'amour parental, un exemple que j’essai d’égaler coût que coût. Ce n'est pas pour autant que la vie ne m'a épargné bien des soucis.

Quoiqu'il en soit, j'ai vite compris que je devais accomplir ma vie, et me marier très vite. C'est donc à 17 ans que j'ai fui ma patrie pour vivre pleinement ma relation amoureuse. Il était beau, grand, serbe, un charme dont je ne pouvais expliquer. Oui j'étais dans mon jeune âge, et je l'aimais follement. Sa famille pouvait réprimander notre bonheur, nous étions tout deux convaincus de s'aimer pour la vie. C'est avec évidence que j'ai répondu "oui" à sa demande en mariage. Nous nous étions donc installés en Serbie, près des parents de mon mari. Pendant deux ans nous avons vécus le parfait idylle, et j'étais persuadé d'avoir rencontré l'homme de ma vie. A 19 ans, je suis tombé enceinte. A vrai dire, j'ai cru que l'arrivée de notre enfant Daemon aurait renforcé nos liens, mais j'étais très loin de la vérité.

A côté de ça, je peux vous assurer que la naissance de notre fils fut le plus beau jour de ma vie. J'étais tellement attaché à cette petite chose que j'aurais fais n'importe quoi pour le voir s'épanouir. Seulement les Petrovitch, n'étaient pas de cet avis, ayant pour coutume d'élever les enfants avec plus de rigidité, je m'inquiétais énormément pour l’avenir et l’enfance de MON fils. J'avais beau protesté, il n'était qu'un bébé, un petit garçon, je ne voulais en aucun cas qu'il soit éduqué à la maison, privé d'une liberté nécessaire pour sa croissance. Malgré nos divergences, je n'ai rien pu faire. Ils étaient très haut placé, et pouvait me priver de mes droits. Chose qu’ils allaient faire. On me repoussait, et on me faisait comprendre que je n'appartenais plus à cette famille. Au bout de 4 ans j'ai compris que cette guerre était perdue d'avance. Il fallait que je quitte le pays, j'étais menacé et terrifié. Le cœur lourd, je laissais mon enfant et quittait la Serbie. Avant de partir, j'ai laissé un petit mot dans l'un de ses jouets favoris. Peut-être ne le lirait-il jamais? Du moins, je l'espérais afin qu'il puisse comprendre que je l'aimerais toute ma vie et que j’étais contrainte à l’abandonner.

Pendant plusieurs années je tombais en dépression, et Londres assombrirent mes souvenirs heureux avec mon ex mari. Car bien évidemment nous avons divorcé, et j'avais laissé Daemon entre ses mains. Je me sentais trahie, détruite. Chaque jour était un combat atroce, je me demandais comment pouvais-je encore vivre? Comment pouvais-je avoir laissé mon enfant aux mains de ses étrangers? J'étais un monstre, une mère indigne. J’avais perdu du poids, mon sourire, et la tranquillité.

Il m'a fallut énormément de temps pour sortir de ce cercle infernal, et une éternité pour ne jamais m'en remettre. Entre temps j'avais rencontré un autre homme dans ma vie, qui m'aimait plus que tout et qui essayait tant bien que mal de m'apprendre à vivre de nouveau. Mais perdre un enfant est quelque chose d'irréparable, et Daemon restait dans mon cœur. C'est donc pour son amour, que j'ai dis "oui" une deuxième fois. J'aurais souhaité que ce second mariage puisse m'aider à aller mieux. Je ne voulais pas aller contre l'homme qui prenait soin de moi, et qui ferait un père formidable. Peu de temps après la nuit de noce, j'appris que j'étais enceinte. J'ai mis au monde une merveilleuse petite fille, et un an plus tard une deuxième petite fille. Je n'ai jamais aimé aussi fort, et l'amour d'une mère est plus puissant que tout. Pourtant, je ne cessais de penser à Daemon.

Auprès de ma nouvelle famille, j'avais refait ma vie. Mes deux filles ont grandis, néanmoins nous étions restés toutes trois très proches. Je n'osais parler de ce premier enfant, puisqu'il m'était impossible d'en parler sans verser une larme. Seul mon époux était au courant, il m'aidait à affronter mes baisses de moral. Etant médecin, il avait les mots pour me réconforter. Et pourtant… je n’étais pas amoureuse de cet homme. J’étais attaché à lui par un sentiment de culpabilité. J’ose croire un jour, que je l’aimerais car il est vraiment bon.

Il fallait que je me consacre à ma carrière et pour combler ce "manque" d'affection, j'optais pour être professeur. J'aime le contact humain, être à l'écoute des autres, mais surtout apprendre aux autres et c'est très important pour moi. Et un jour… Daemon est apparu sur ma liste de classe. J’ai cru que mon cœur allait s’arrêter. Du moins ma vie allait reprendre un sens, enfin.

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