DID YOU REGRET, EVER HOLDING MY HAND ► Ma journée n'avait pas été des meilleures, j'avais dû supporter les cours qui n'en finissaient pas, et le week-end était enfin arrivé. Un peu comme une bénédiction pour arrêter le massacre. Il y avait des jours avec et des jours sans. Peut-être bien que ce matin, j'aurais mieux fait de m'abstenir de me lever. En rentrant à mon appart', ce soir, je m'étais sentie vraiment oppressée, pas bien du tout. Je n'avais donc pas réfléchi bien longtemps avant de ressortir. Prendre l'air, c'était tout ce dont j'avais besoin, c'était en tout cas ce dont j'allais essayer de me persuader. En vérité, j'avais besoin de deux personnes, qui ne pourraient plus jamais être là pour moi. Je le vivais toujours aussi mal malgré les années écoulées, je m'en voulais toujours autant aussi. Même Pacey n'aurait rien pu faire pour moi actuellement, Noah et Esteban non plus. Ils avaient beau être mes meilleurs amis désormais, ça ne pouvait pas remplacer Justin et Austin. Et ils n'étaient que très peu au courant de tout ça, je me gardais bien d'en parler, parce que je n'aimais pas ressasser cette triste période de ma vie. Alors je souriais, je disais que tout allait bien, et ça passait. Sauf qu'à l'intérieur, il n'en était rien. […] Je me retrouvais donc à errer le long de Piccadilly Circus en cette soirée assez fraîche, et je pensais à eux. A combien ils me manquaient, à toutes les conneries qu'on avait pu faire par le passé, à tout ce qu'on aurait encore pu inventer si la vie n'avait été aussi cruelle avec moi. J'aimais me promener dans ce coin, parce que j'adorais l'atmosphère qui y régnait. Toutes ses lumières partout me rappelaient toujours les illuminations de Noël. Les mains dans les poches et la tête rentrée dans les épaules pour me préserver du froid, je regardais les stands quand je passais à côté. J'entendais mon ventre gronder aussi, parce que je n'avais évidemment rien avaler vu que j'étais ressortie aussitôt rentrée chez moi. Je n'avais même pas envie d'avaler quelque chose, je savais que mon estomac ne l'accepterait pas et puis j'avais la gorge tellement nouée que rien ne passerait. Je voyais ces gamins courir les uns après les autres, ces personnes âgées main dans la main assis sur un banc et ce groupe qui chantait essayant de se faire connaître dans les rues, la vie continuait et je me disais qu'ils avaient sûrement eu plus de chance que moi, je le leur souhaitais en tout cas. Et puis, au loin, j'avais cru apercevoir une silhouette que je n'avais que trop bien connue. Celle de Noàm, que je m'étais évertué à fuir autant que possible depuis que j'avais coupé les ponts avec lui, sans même lui donner une seule raison valable. Je n'avais pas été fière de moi, je ne l'étais toujours pas, mais à l'époque je n'avais pas été capable de l'affronter. Et je crois que je ne serais pas capable de le faire ce soir non plus, je n'en avais pas la force. Évidemment, il méritait mieux qu'une rupture de la sorte, mais il avait toujours mérité mieux que moi de toute façon. C'était peut-être une des nombreuses raisons qui étaient entrées en ligne de compte dans cette décision que j'avais prise, pour mon bien aussi. Il ne me restait donc plus qu'à repartir dans l'autre direction, en espérant que le bouclé n'ait pas remarqué ma présence. C'était mon seul espoir de me sortir de cette situation que je ne saurais pas gérer.