seize ans — oxford
« Maman je sais que je n'ai que seize ans, mais rends-toi à l'évidence tu n'y arrives plus, avec le loyer, acheter à manger pour nous trois, l'école de danse de Jules.. Je ne veux pas être un fardeau pour vous deux, je vous ai déjà assez causé de soucis comme ça.. » « T'as jamais été un soucis Ethan, arrêtes tes conneries. » « Jules s'il te plait de mêle pas de ça. » « Je me mêle de ce que je veux d'abord, et maman dit-lui qu'il nous a jamais causé d'ennuis! » « Elle a raison Ethan, quand je t'ai adopté, j'étais la plus heureuse des mamans, tu t'entendais si bien avec Juliet, tu ne nous as jamais causé de soucis.. » « T'oublies les frais de psychologue quand tu m'as récupéré, puis les allés et venu à l'hôpital, et les nuits entières que tu passais à essayer de calmer mes cauchemars. Maman, t'as été parfaite, t'es la meilleure chose qui me sois arrivé, mais je dois voler de mes propres ailes et vous laisser respirer enfin, toi et Juliet.  » « Mais comment tu feras une fois là bas? » « J'ai eu une place et internat et pour le reste je me trouverais un petit boulot, comme j'ai fait ici. Ne t'inquiète pas, j'appellerais tous les jours s'il le faut, je ne vous laisse pas tomber! » je leur fis cette promesse, avant de les prendre toutes les deux dans mes bras, ma petite soeur et ma mère. J'étais un peu plus grand qu'elles, je dépassais ma mère d'une dizaine de centimètre, et ma soeur d'une petite vingtaine. Elles étaient tout ce que j'avais, elles étaient ma famille depuis maintenant dix ans. Zeppelin m'avait adopté après la mort de ma mère, et l'arrestation de mon père. Elle était l'une des infirmières qui s'occupait de moi lorsque j'ai débarqué à l'hôpital, et elle n'a pas pu me laisser partir en orphelinat après le traumatisme que j'avais vécu. Quel traumatisme? Celui de s'être fait battre six année durant par un père ivre, celui d'avoir vu sa mère mourir à cause d'un coup donné trop fort alors qu'elle avait, pour la première fois, osé faire face à cette brute. C'était une période de ma vie que je m'efforçais d'oublier, mais dix ans après, je revoyais encore les scènes se jouer derrière mes paupières lorsque je fermais les yeux, avec une précision déconcertante. J'étais parti de la cuisine, ma décision était prise, je devais changer d'air, je ne pouvais plus passer chaque matin devant la maison de mon enfance, et devoir croiser chaque jour la tombe de ma mère dans le cimetière communale, il y avait trop d'éléments qui me rattachait à cette histoire ici, et si je voulais enfin passer à  autre chose je devais partir. Alors que je remplissait une valise avec toutes mes affaires, Juliet fit son apparition. Ses yeux bleus étaient emplie d'une tristesse dont elle ne faisait jamais preuve, ça me brisa le coeur de la voir si penaude, elle qui d'ordinaire et si souriante. Elle bondit sur mon lit en un rien de temps et me regarda remplir ma valise, avant de prendre mes affaires et de les sortir de la valise. « Jules mais qu'est ce que tu branles? » je la regardais, hystérique, en train de balancer mes fringues au travers de ma chambre. Elle commença à pleurer avant d'hurler des mots que je peinais à comprendre. « T'as pas le droit de partir Ethan! T'as pas le droit de débarquer dans nos vies comme ça et de vouloir disparaître dix ans après! » elle criais et de fines larmes ravageaient son visage. Je l'attrapais et la mis debout pour pouvoir la prendre dans mes bras afin de la calmer. « Jules pleure pas joli-coeur, je suis encore là, et même si je pars je ne t'oublierais pas, toi et maman vous êtes tout ce que j'ai, je vous appellerais et je prendrais le train pour venir vous voir dès que j'en aurais la possibilité.. Je t'aime princesse, je te laisserais pas toute seule, je serais toujours ton grand-frère d'accord?  » elle continuait de pleurait, mais ne dit plus un mot pendant plusieurs minutes. Elle se calma peu à peu et on pu discuter plus tranquillement, pendant qu'elle m'aidait à ranger de nouveau ma valise qu'elle devait de mettre sans-dessus-dessous. Le lendemain fut une longue journée, Juliet ne m'adressait quasiment plus la parole, et ma mère était triste, j'espérais qu'elles ne m'en voudront pas trop de partir à Londres, et qu'elle finiraient par comprendre.. Le soir venu, elles m'emmenaient toutes les deux au train qui me mènerait jusqu'à ma nouvelle vie. « Surtout appelle nous dès que tu es arrivé d'accord? » « Oui maman, c'est promis! » je la prenais dans mes bras, et embrassais sa joue, elle était vraiment la meilleure femme qui vous pouvez avoir comme maman. Je me tournais ensuite vers ma petite soeur, du haut de ses quatorze ans elle avait un fichu caractère et s'était entêté à s'enterrer dans un mutisme idiot depuis qu'on était parti de la maison.  « Allé arrêtes de bouder Jules, on se reverra, tu pourras pas te débarrasser de moi comme ça! » Elle fronça les sourcils et se jeta dans mes bras. J'enfouis ma tête dans sa chevelure blonde, elle allait me manquer. « Promet moi que tu ne m'oublieras jamais » je m'éloignais un peu d'elle pour pouvoir attraper son visage et déposer un bisou sur son front « Je ne t'oublierais jamais, tu es ma princesse! » elle me sourit faiblement, puis enleva le petit bracelet de cuire qui entourait son poignet et après avoir reniflé et séché ses larmes, elle le passa autour de mon poignet. « J'te préviens Ethan, tu le perds, je te décapite! » au moins, ça avait le mérite d'être clair. Après de déchirants adieux, je tournais le dos à ma mère et ma soeur pour m'enfuit vers une nouvelle vie.

seize ans — londres
« t'es qu'un enfoiré Evans! » ces mots raisonnaient dans ma tête, c'était la dernière chose qui Primerose m'ai dite. Elle s'est barré il y un mois. J'étais à Londres depuis six mois et tout était déjà très compliqué, j'avais rencontré Prim quelques semaines après mon arrivée pendant une soirée très arrosée d'un bar adjacent à mon école, elle était complètement paumée alors je l'avais ramené dans ma chambre, je l'avais déjà vue dans des cours avant, son visage m'étais familier. On a beaucoup discuté, puis de fil en aiguille ça s'est fini sous la couette. Elle aurait pu être le parfait coup d'un soir, on aurait pu mettre ça sur le dos de l'alcool, mais non. On décida de s'attacher, tous les deux. Enfin surtout moi en fait, elle, elle avait surtout besoin de réconfort. Peu importe. Alors que j'étais persuadé de filer le grand amour avec ma douce Prim, une jolie blonde au yeux sombres et à l'air enfantin, elle m'avoua avoir couché avec d'autres mecs, des gens que je connaissais. Ca m'avait mis dans une rage folle, j'avais insulté Prim, elle m'avait supplié de lui pardonner, mais je ne revenais pas sur ma décision : c'était fini. C'est sur cette conclusion qu'elle avait claqué la porte de ma chambre, hurlant que j'étais un enfoiré. Voilà comment ça s'était passé, à peu de choses prêt. Pourquoi j'y pensais encore? Aucune idée, que voulez-vous, j'en étais peut-être bien tombé amoureux. Alors que je m'enfoncer dans mes pensées, quelqu'un frappa à la porte de ma chambre d'internat. Je soupirais avant de demander qui était derrière la porte. « C'est Prim.. » pour le coup, c'était plutôt inattendu. Je lui brayait que je n'avais pas envie de la voir. Depuis notre rupture, je ne l'avais même pas croisé dans les couloirs du lycée, et je en m'étais pas inquiété de ce qu'elle devenait, enfin, j'essayais de ne pas m'en inquiéter. « Non Eethaniaël écoute moi, c'est important.. » m'implora t-elle de derrière la porte. C'est en trainant les pieds que je partis lui ouvrir, et l'invitait à s'asseoir sur mon lit, je pris alors place sur ma chaise de bureau. « Qu'est ce que t'as encore? » « Je suis enceinte. » deuxième surprise. Non en fait ça, c'était plutôt une grosse tarte dans ma gueule. Il y eu un grand silence gêné, je ne savais pas si je devais la prendre au sérieux ou pas, si elle bluffait, si je devais m'en inquiéter.. J'étais complètement paumé et l'espace d'un instant j'avais même cru perdre pied. « Dis quelque chose Ethan.. » « Qui me dit qu'il est de moi? Tu t'es tapé la moitié du bahut. » « Non.. y'a jamais eu personne d'autre.. » je fronçais les sourcils « Je voulais juste trouver une excuse pour que tu me quittes, je ne voulais plus de toi et.. mais.. c'est trop tard pour avorter je suis enceinte de presque quatre mois, je sais pas quoi faire ma mère m'a jeté dehors et.. » elle s'effondra en larmes. Je me précipitais vers elle pour la réconforter, lui promettant que je ferais tout pour l'aider.
Je ne savais juste pas dans quelle galère j'allais me foutre. J'avais du quitter l'école pour me trouver un petit boulot, serveur dans un restaurant minable, mais c'était déjà ça. J'avais trouvé un studio assez grand pour Prim et moi, c'était provisoire mais au moins on avait un toit au dessus de nos têtes. Et pendant les quatre mois qui ont suivit, se fut chaque soir le même refrain. « Bordel mais Prim tu peux pas boire, c'est pas possible! Quand est ce que tu comprendras ça? T'es enceinte, t'as pas le droit de penser qu'à toi! » « Et toi, qu'est ce que t'en sais d'abord, de ce que c'est que d'être enceinte? » « T'es ivre morte Prim, et moi au moins j'me bouge le cul pour que tu te retrouve pas à la rue et que t'ai de quoi manger! » jamais je ne lèverais la main sur une femme, mais je vous jure que parfois Primerose l'aurait grandement mérité. J'étais éreinté, exténué, je faisais des journées qui n'en finissait pas, pendant qu'elle bousillait sa vie et celle de notre bébé. Je la haïssait, je la haïssait vraiment mais je ne pouvais pas la renvoyé, plus maintenant. Plus alors que j'étais responsable d'un enfant. S'il y a bien une chose que je savais, c'est que je ne voulais pas être le même genre de père que mon géniteur, et abandonner Primerose alors qu'elle portait notre enfant c'était me rabaisser au niveau de cet ordure, et pour moi c'était hors de question. Zeppelin avait tout fait pour Juliet et moi, alors je ferais tout pour mon enfant, même si le mot même "enfant" me donnait des frissons.

dix-huit ans — Londres
« Papa! » « Ma poupée! » je prenais ma fille dans mes bras et la serrais contre moi. C'était mon rayon de soleil lorsque je rentrais du tôt le matin, une toute petite tête blonde qui tenait à peine debout, et qui m'ouvrait grand ses bras. Ma fille, mon petit bout, mon amour. Sa mère a mit les voiles le lendemain de sa naissance, je n'ai aucune nouvelle d'elle. Elle n'avait même pas donner de prénom à sa propre fille. J'avais rarement été autant en colère contre quelqu'un, je détestais Primerose du plus profond de moi même, je la haïssais réellement. Mais tout ça, c'était il y a presque deux ans, Siobhàn a eu le temps de grandir, j'ai eu le temps de m'en remettre. Et même si c'est pas toujours facile d'élever un bébé, j'ai réussi à m'organiser. Très peu de personne de mon entourage sont au courant pour Siobhàn, j'avais peur de leur réaction. Je vis plutôt bien, mon salaire de barman ne me permet pas de rouler sur l'or, mais mon petit studio nous suffit à Sio et moi, et extasy notre nouveau locataire, un petit chaton gris. Lorsque je vais travailler, je confie Sio à ma voisine, une femme âgée avec qui le courant est bien passé et qui adore s'occuper de ma fille. Mon petit amour. Je suis pas du genre guimauve, je suis même plutôt froid comme gars, mais Siobhàn est vraiment toute ma vie, elle est tellement petite et tellement innocente. Je ferais absolument tout pour elle, et je sais qu'elle n'a pas hérité de la plus stable et normale des familles, mais je fais de mon mieux pour qu'elle grandisse et soit heureuse. J'ai prévenu ma mère et ma soeur que j'étais papa quelques semaines après la naissance de Siobhàn, elles étaient vexée que je ne leur en ai pas parlé plus tôt mais ont fini par comprendre que c'était pour ne pas qu'elles s'inquiète. Depuis, je leur envoie le plus de photos possible grâce au réseau sociaux, ou autres. Ma fille me transforme en guimauve je sais, mais cette facette de moi même reste tout de même réservée aux seules personnes que je connais vraiment. Depuis Primerose, j'ai beaucoup de mal à faire confiance à qui que ce soit, j'ai été assez bête pour la croire alors que depuis le jour de notre rencontre, elle n'avait pas cessé de me mener en bateau. Mais je ne peux pas regretter les circonstances qui m'ont amené Primerose, parce qu'elles m'ont aussi amené Siobhàn.