02.03.1990 – Elisabeth Joy Bradford. Mes parents n’arrivaient pas à s’entendre sur le nom qu’ils me donneraient, alors j’héritai des deux noms.  Elisabeth est le nom de ma grand-mère paternelle et Joy était un choix de  ma mère. Celle-ci s’est toujours refusé à m’appeler Elisabeth, bien que tout le monde m’appelle ainsi. Je naquis dans la petite ville d’Oakland en Californie. Mon père est natif de Russie et ma mère, de Californie.  Ma sœur Maëly et moi avons donc été élevées avec plusieurs traditions russes. Dimitri, notre père, faisait partie de l’armée dans sa ville natale. Vous n’imaginez pas à quel point il pouvait être sévère. La scolarité était très importante pour lui. Il fallait que nous ayons les meilleures notes possibles et c’est toujours lui qui supervisait nos travaux. Il était fier de dire à qui voulait l’entendre que ces filles étaient premières de classe. La famille aussi était très importante pour lui. Nous étions très proches de notre père ma sœur et moi. Lui-même était encore très proche de sa famille, malgré la distance qui les séparait. Mon père c’était la personne que j’aimais le plus. Il me gâtait tout le temps et nous avions une belle complicité. Je pense que j’étais sa préférée, mais il n’a jamais voulu l’avouer. Il était très rare que je me chicane avec mon père et il prenait toujours ma défense lorsque ma mère me chicanait. C’est aussi lui qui m’a inscrit pour la première fois, quand j’avais 8 ans, à des cours de ballet. J’y ai découvert ma passion. Il n’y avait rien de plus important pour moi. J’adorais cet aspect de maintien du corps et de gracieuseté que le ballet m’apportait. Faut dire aussi que j’avais le physique d’une ballerine. Mon seul rêve était de devenir une grande ballerine et de danser dans les plus grands ballets russes. Mon père était mon plus grand fan, mon seul d’ailleurs, car ma mère n’a jamais daigné sortir de chez elle pour assister à un de mes concert. Il disait toujours qu’il adorait me voir danser, car ça lui rappelait les grands ballets de son pays natal. Ma mère, quant à elle, trouvait toujours une excuse pour nous frapper et nous donner la fessée. Sur tous les aspects qui ne concernaient pas l’école, c’est elle qui prenait plaisir à nous punir. Mes parents étaient tous deux assez sévères et ça créait des tensions entre nous. L’harmonie ne régnait pas toujours dans la maison.

J’ai eu une enfance tranquille et parfaite. J’étais une enfant gâtée, je n’avais à me plaindre de rien et j’avais ce que je voulais quand j’obtenais de bons résultats scolaires ou si j’avais un bon comportement. Si j’agissais mal, ma mère me donnait la fessée. Je me tenais tranquille disons ! J’aurais tant aimé avoir le culot de ma sœur cadette. Ce petit caractère rebelle qui la rendait indépendante et qui lui faisait tenir tête à nos parents. Elle, elle en a eu des claques, mais elle est si libre maintenant et si forte. J’en suis jalouse, parfois quand moi, j’ai l’impression qu’on me marche souvent sur la tête. Bref, elle et moi sommes vraiment différentes, mais très proches. Elle était toujours là pour moi quand j’entrais dans sa chambre en pleurs parce que je souffrais de douleur et que la main de ma mère était encore imprimée rouge vif sur ma joue. Elle seule comprenait ce que je vivais, personne d’autre. Un jour, j’ai essayé de résister à ma mère comme ma sœur semblait si bien le faire, mais je l’ai regretté instantanément. Elle m’a fait vivre l’enfer par la suite. Chaque coup qu’elle me donnait me faisait l’aimer de moins en moins.

À 17 ans, j’ai fait la connaissance d’un jeune homme. Il s’appelait Ethan. C’était le fils de la propriétaire du ballet où je prenais des cours. Nous nous sommes très rapidement liés d’amitié. Nous étions très complices, je n’avais jamais été aussi proche d’un garçon auparavant. Nous avions les mêmes intérêts et pleins de points communs. Les gens qui nous voyaient pouvaient croire que nous formions un couple tellement nous étions proches physiquement et tout le temps ensemble.

Avec les encouragements de mon père et la rudesse de ma mère, j’ai grandi et je suis devenue une jeune femme travaillante, persévérante, acharnée et compétitive. Ça aura au moins eu ça de bon… Ça m’a permis de réaliser mon rêve. À 21 ans, j’ai fait mes valises et je suis partie vivre à Londres pour faire des études en ballet au Royal College of Art. Ethan est venu avec moi également pour entreprendre des études en architecture. Maintenant, nous entamons notre deuxième année au College et notre nouvelle vie nous comble. J’ai gardé contact avec ma sœur et mon père, mais avec le recul j’ai décidé de ne plus parler à ma mère.