Cette demoiselle, je l'ai connu peu de temps après le décès des jumeaux. Ou je devrais plutôt dire que je la connaissais depuis toujours elle aussi. Sauf que pour une raison que j'ignore, je n'avais jamais eu une bonne opinion d'elle. Tout simplement, elle ne m'inspirait aucune confiance. Ce n'est donc qu'un peu plus tard qu'elle m'a adressé la parole lors d'un cours et qu'on a commencé à discuter toutes les deux. On a fait connaissance, et aussi surprenant que cela puisse paraître, enfin surtout de mon côté, on a sympathisé. Je peux dire aujourd'hui que c'est elle qui m'a aidé à remonter la pente, clairement. Je n'aurais jamais parié là-dessus quelques mois auparavant, mais elle était devenue très importante dans ma vie. Avant, j'avais les jumeaux, maintenant, j'avais Gretchen. […] J'étais en train d'envoyer un sms allongée sur mon lit, pendant que mon amie regardait des photos qui traînaient sur mon bureau. « T'as remarqué que Kenaël a toujours les yeux fixés sur toi en ce moment ? » me demandait-elle. « Non. Parce que moi, je ne le regarde pas » répondis-je. Ce mec ne m'intéressait pas donc je n'avais pas que ça à faire de m'intéresser à ce qu'il pouvait observer. « Kam' tu te fous de moi ! Toutes les filles de l'université donnerait leur vie pour qu'il leur adresse un seul regard et toi, ça ne te fait ni chaud ni froid » ajoutait-elle, tout en venant s'asseoir à mes côtés, comme si cela allait donner plus de poids à ses paroles. « C'est exactement ça. Tu as saisi ce que je voulais te faire comprendre. Ça ne me fait ni chaud, ni froid » insistais-je, en lui adressant un grand sourire qui dévoilait mes belles dents blanches. « T'es malade » affirmait-elle. « Je suis en parfaite santé au contraire, mais je te remercie de t'en pré-occuper. Par contre, je commence à croire que c'est toi qui est intéressée » avançais-je, en lui adressant un regard insistant. « Moi ? Ah non mais pas du tout, tu te plantes complètement. C'est tout sauf mon style. J'essaie juste de faire en sorte que tu ne rates pas ta chance, il est peut-être très bien tu sais » me certifiait-elle. « Peut-être bien que oui, peut-être bien que non » fis-je simplement. « Raaaaah ce que tu peux être agaçante ! T'as toujours réponse à tout » désespérait ma meilleure amie. « C'est exact, et c'est d'ailleurs pour cette même raison que tu m'adores » avouais-je, assez sûre de moi. Puis, je ne me faisais pas prier pour lui balancer mon oreiller à la figure. Cette petite discussion qui n'avait en rien avancé le problème, allait se terminer en bataille de polochons. On s'amuse comme on peut.