Londres, le 17 Juillet 1990
C'est le jour où je suis née. Ma mère avait 16 ans et mon père avait laissé un trou dans le mur en partant. Mais ce n'est pas là que commence vraiment mon histoire. Ma mère, du moins celle-ci, était dépressive, seule, jeune et sans un sous avec un bébé sur les bras. Il me semble qu'elle a essayé de gérer pendant un temps puis elle m'a déposé devant un orphelinat alors que j'avais 2 ans et elle s'est suicidée. Honnêtement, je n'ai aucun souvenir de tout ça, non ma vie a vraiment commencé lorsque j'ai été adoptée à l'âge de 4 ans.
This Is the first day of my life
J'ai eu la chance d'être adoptée par des parents incroyables. A partir de là j'ai vécu l'enfance la plus parfaite dont on puisse rêver. Ma mère était la douceur incarnée, elle passait des heures à jouer à la poupée avec moi, elle faisait elle-même mes déguisements pour l'école et elle n'oubliait jamais un spectacle de danse ou de gym. Mon père, lui était un bourreau de travail, mais aussi un homme aux charmes ravageurs. Quand il était à la maison il n'y en avait plus que pour nous, il m'a appris à nager, à me battre, à faire du vélo, il m'a aussi expliqué qu'on en jouait pas au docteur avant d'avoir 37 ans... Plus que 14 ans à tenir ! Seulement tout n'était pas rose, au début je ne remarquais rien...d'ailleurs pas qu'au début, ce n'est que lorsqu'il est partie l'été de mes 13 ans que j'ai compris qu'il ne reviendrait pas. Quoi de plus original que de sauter sa petite secrétaire qui en plus répond au prénom de Brandi...sérieusement Brandi, peu importe il est juste partie, il m'a embrassé sur le front et il s'est barré. Je crois que l'infidélité est une pathologie chez les hommes. C'est la que mon monde c'est écroulé, parce que ma mère n'a jamais su se relever.
Just like that
Ca l'a rendu dingue, vraiment dingue. Elle est devenue une personne totalement différente. Elle n'avait plus rien de la femme qui m'avait elevée, si bien que ma grand mère à dû la faire admettre dans un hopital psychiatrique. Un endroit pour les dingues, où le bonheur se trouve dans des cachetons et des seringues. A partir de ce jour j'ai vécu chez ma grand-mère « Nana ». Je me suis totalement renfermée sur moi-même et je n'ai pas prononcé un mot pendant presque 6 mois. A l'école j'étais devenue la traumatisée du fond de la classe. C'est pas facile quand à 14 ans notre monde s'écroule, j'étais jeune et mes parents étaient comme mort, du jour au lendemain il n'y avait plus personne. Mon père était carrément partis vivre en France et ma mère passait ses journées a délirer. L'amour ça rend fou. Et con.
I must become a lion hearted girl
Mais j'ai finalement appris a vivre et je me suis découvert une passion pour la photographie. C'est peut-être un peu naïf de dire une telle chose et je vais surement passer pour le genre de fille fleur bleu mais, je voulais immortaliser chaque instant important pour me convaincre qu'ils avaient eu lieu. Et lorsque ma grand-mère est morte il y a 4 ans c'est ce qui m'a permis de tenir le coup. Toutefois, ça faisait une personne de plus...j'avais l'impression que toute personne s'approchant de moi finissait par partir, mourir ou devenir fou. J'ai alors trouvé la solution : je n'ai besoin de personne. Pas de sentiment, pas d'attache, pas de peine.
Mon passé fait de moi la femme que je suis aujourd'hui, je ne me laisse pas atteindre, je fais en sorte d'être forte, de garder la tête haute. J'ai des amis, je ne suis pas asociale... mais je m'interdis de tenir à quelqu'un. Les sentiments c'est destructeur, se sentir malgré nous dépendant du bonheur des autres, c'est du sadisme.
I will have to run, away
Seulement, je crois qu’on a beau faire tous les efforts possibles, on ne contrôle pas les sentiments, le destin agit et il se fichait bien de savoir si j’avais envie ou non de le rencontrer. Junan. J’ai lutté, je lutte encore d’ailleurs. Dès l’instant ou le viseur de mon appareil photo s’est posé sur lui j’ai su. Je devais fuir le plus vite possible. Mais que disais-je plus haut? le destin. Oui, parce que quelle était la probabilité statistique de tomber sur ce même regard bleu azur quelques jours plus tard à l’université ? Et quelles étaient les chances pour qu’il soit aussi –voir plus encore- têtu et borné que moi ? J’ai pourtant été froide, distante, j’ai tout fait pour qu’il finisse par me laisser tranquille mais malgré mes efforts il a réussi. Je me suis attachée à lui. Bien trop vite et bien trop fortement.
Don't get too close
En même temps citer moi une fille qui ne rêve pas d’un mec comme Junan ? Il est beau, protecteur, drôle, attachant, gentil, un peu –voir beaucoup !- narcissique mais je sais que c’est pour déconner. Il faut que j’arrête de penser à lui. C’est ça le problème c’est qu’à cause de lui, je ne pense qu’a lui. Je souris comme une idiote et j’ai souvent qu’une seule hâte, le retrouver chez lui… C’est pas bon signe, je dois me reprendre en main. Je ne peux pas le laisser m’atteindre plus, c’est déjà presque trop tard alors ça doit s’arrêter là.
Pensez ce que vous voulez, que je suis folle, psychotique, atrophiée des sentiments ou juste stupide. Je suis ainsi, on réagit tous différemment aux choses de la vie. Mais bon je suis gentille quand même.