Qui n’a pas l’habitude de voir un conte débuter son histoire par le célèbre « Il était une fois » ? Ma vie n’a rien d’un conte de fée ou d’un simple conte, ce n’est pas non plus une histoire de princesse. Je la qualifierais plus d’une histoire banale. Je ne me vois pas vous relater ma petite vie par un petit « Il était une fois », comme-si ces mots pouvaient avoir une quelconque signification à mon égard. Bref, je ne vais pas m’éterniser sur ce petit détail, commençons plutôt le récit de ma vie, c’est bien pour cela que vous êtes si attentif à mon discours. Non ? Mais bon de là à faire un livre biographique sur ma personne. Je n’en vois vraiment pas l’intérêt.

Mon nom ? Rosebury, Bleuzenn Gwyneth. Ce n'est pas courant, je vous l'accorde. Pourtant, je crois bien que, c'est la seule chose que je porte avec fierté venant de ma famille. Enfin de ma famille, c'est vite dit, surtout que le choix des prénoms revient essentiellement à ma mère. Elle a toujours apprécié les prénoms originaux, je pense en avoir deux à mon actif. Mon père ? Hum, et bien, il n'était pas présent le jour de l'accouchement, ni les jours qui ont suivi d'ailleurs. Mais, ne parlons pas de lui. Je vais plutôt continuer, alors ma naissance, c'était un jour d'été. Je m'en souviens, parce que ma mère me racontait sans cesse qu'il faisait une chaleur étouffante quand elle a commencé à avoir des contractions. Ce n'était pas très sympa de ma part de faire souffrir ma petite maman, mais il fallait bien que je pointe le bout de mon nez. Ah oui, c'était le 16 juillet de l'année 1992. Si vous faites le calcul, vous trouverez rapidement l'âge que j'ai aujourd'hui.

Mes parents ? Je dois vraiment vous parler d'eux ? Je pensais avoir dit un peu plus tôt que je n'avais pas d'idée de qui était mon père. Il me semblait que pour c'était clair. Donc, nous allons faire courts. Mon père est un sale con.... qui n'a pas su assumer sa paternité et qui est retourné vivre dans sa petite Angleterre sans se soucier de ma personne. Son nom ? Je m'en balance un peu, je ne vais pas m'intéresser à une personne qui ne m'apporte rien. Ma mère en revanche, c'est la femme que j'ai toujours admirée et que je garderais toujours dans mon coeur, malgré sa disparition. Je vous en parlerais après. Faisons les choses dans l'ordre. Alors, ma petite maman, elle se nommait Clarisse De La Montière. Une femme riche et assez connue en France, sa famille possède un château et plusieurs appartements en France. Mais ma mère n'avait que faire de l'héritage, elle a construit sa fortune avec son talent et son amour pour la mode et la photographie. C'est mon modèle en quelques sortes.

Pourquoi je ne porte pas le même nom de famille que ma mère ? C'est une question dont vous connaissez certainement la réponse. Même si ma mère ne me parle jamais de mon géniteur, elle a toujours eu des sentiments à son égard. Bien qu'il soit retourné sur son île, ma mère n'a pas caché le nom du père sur l'acte de naissance. Elle lui avait même envoyé un faire-part suite à ma naissance, lui annonçant la venue de sa fille. Bien qu'elle n'ait jamais eu aucune réponse de sa part, elle a continué à lui envoyer des photos de moi. Cela ne m'a jamais enchantée de prendre pose pour un étranger, mais pour le sourire de ma mère, j'aurais fait n'importe quoi. Oui, vous l'avez certainement deviné maintenant, je porte le nom de famille de mon père : Rosebury. Après tout, c'est un nom anglophone et non francophone.

Mon enfance ? Il faut vraiment que l'on aborde cette période de ma vie ? C'est vrai que j'ai l'habitude d'entendre que l'enfance est une période vraiment unique, que l'enfant peut vivre sans se soucier de ce que puissent penser les autres. J'aurais aimé avoir une enfance sans me soucier de ce que pouvait penser mon géniteur. Bon, mon enfance n'a pas non plus été la période noire de ma vie, ce n'était pas l'enfer. Il y a juste eu la vie en rose, puis la vie en noir et pour finir le gris qui a stagné pendant un bon moment. J'ai sans doute oublié de vous le dire, mais je suis née à Versailles, une ville proche de la capitale de la France et connu pour son château de Versailles. J'ai vécu les onze premières années de ma vie dans cette ville. J'étais bien heureuse, j'avais des copines de l'école maternelle, puis de l'école primaire. J'étais doué à l'école, mais j'étais beaucoup plus passionnée par la photographie où le piano. Maman adorait m'écouter joué pendant des heures, moi, j'adorais aller prendre des photos avec elle des paysages de la France, en plus, de la regarder s'épanouir dans sa conception de la mode. Je ne manquais de rien et l'absence de mon père, ne me pesait pas du tout. On était heureuse toutes les deux. Enfin, si, il y a bien un évènement troublant qui s'est produit le jour de mes cinq ans. Sans que je ne m'y attende, j'ai reçu une carte d'anniversaire avec de l'argent liquide, il devait y avoir pas loin de 300 euros. Bien généreux de la part de cette personne, puis quand j'ai lu la carte, j'ai vite déchantée. Cela provenait de cet abruti qui avait mis ma mère enceinte pour se barrer par la suite. Il n'aurait pas continué à faire comme si je n'existais pas ? Non, il a fallu qu'il revienne à la raison et qu'il commence à m'envoyer des cartes et de l'argent pour mes anniversaires et Noël. Je n'avais pas besoin de son argent pour vivre. J'avais tout ce que je voulais. N'allez pas croire que je suis une fille à papa qui a toujours vécu dans le luxe. Ce n'est pas le cas, même si ma famille est riche, j'aime m'offrir les choses que j'aime avec l'argent que je peux gagner et non celui de mon père. Je ne suis pas non plus une fille avec la grosse tête, il faut savoir aller au-delà de la carapace. Bref, j'aurais pu continuer à vivre ainsi avec son argent que j'empochais sur mon compte en banque. Seulement, il a fallu que ma mère tombe malade. Pendant sa maladie, je suis allée vivre chez ma grand-mère maternelle. Je l'ai toujours aimé ma mamie Thérèse. Ce n'est pas le problème, mais elle avait sa santé à elle aussi. Je ne voulais pas la faire souffrir avec mes 10 ans.

Ce qu'il s'est produit par la suite ? Maman est morte peu de temps après mon anniversaire, Mamie a vraiment été accablée par sa mort. Puis elle n'était pas en mesure de s'occuper de moi. Je ne lui en voulais pas. Je pensais pouvoir aller vivre chez Tonton Moon, mon parrain. Cependant, dieu où le destin en avait décidé autrement. Les services de l'enfance m'ont confié à la personne que je détestais le plus. Mon père, enfin mon géniteur. Même aujourd'hui à 21 ans, je n'arrive toujours pas à me dire que c'est mon père. Je suis vraiment rancunière. Je disais quoi ? Ah oui, ils ont choisi mon père. Ce qui voulait dire que moi Bleuzenn Gwyneth Rosebury, j'allais devoir quitter Versailles, la France et mon beau mobilier pour une île qui ne roule pas du même côté de nous ? Cela, veut aussi dire, que je vais devoir me rendre dans une nouvelle école, porter un horrible uniforme et quitter mes amis. Sur le moment, la seule chose que j'ai pu dire pour faire partir le chagrin suite au décès de ma mère fut : je crois que je hais définitivement mon père.

Ma vie en Angleterre ? Un enfer ? Merdique ? Ennuyeuse ? Enervante ? J'aurais pu prendre n'importe quel mot pour la décrire. Mais je ne pensais pas trouver amusante et chaleureuse comme argument. Il est vrai que lorsque j'ai embarqué sur le ferry pour me rendre chez les Anglais, mon caractère à un peu changé. Je n'étais plus la petite fille insouciante qui riait tout le temps. Non, je m'étais renfermée sur moi-même, je pleurais encore la perte de ma mère. Alors, imaginez ma surprise quand je suis arrivée dans ma nouvelle demeure et que j'ai découvert que celui qui était mon père avait une famille. Il avait une femme et un fils. Pourquoi vouloir de moi, alors que monsieur possède déjà tout ? Tonton Moon aurait été la meilleure solution. Contrairement, à ce que je m'attendais, j'ai fini par m'épanouir dans cette famille. Enfin, surtout auprès de Isabelle, la femme de mon père et Joey, son fils. Je l'avoue haut et fort, je n'apprécie toujours pas mon père. La plupart du temps, je fais comme si monsieur n'existait pas ? Alors, pourquoi rester dans cette famille après avoir atteint ma majorité ? Certainement parce qu'au plus profond de mon être, j'ai fini par m'attacher à cet homme aigri et colérique qui ne comprend que la société hôtelière ne m'intéresse pas du tout.

Alors, oui, je vis avec cet homme qui vient de perdre la femme qu'il aime et son fils qui est mon demi-frère. Cet homme qui me force à suivre des cours de gestion sous peine de me couper les vivre. Les menaces ne fonctionnent pas, j'ai mon propre argent qui me vient de la famille de ma mère. Je ne sais pas si c'est pour fierté ou par amour pour cet homme que je reste et souffre en silence. Je crois qu'en réalité, je cherche à le rendre fière de sa fille. La gestion, je l'apprends sans joie, mais je la maitrise, sans pour autant abandonner mon rêve qu'un jour, je pourrais devenir une vraie pianiste où une photographe reconnue.