an unexpected acquaintance.

La faim me tailladait le vendre à grands coups de ciseaux. Ça faisait combien de temps que je n'avais pas mangé ? Plus de quatre heures, certainement, et ça c'était bien trop pour moi. J'avais besoin de me nourrir plus souvent que la moyenne, en général, mais là c'était le pompon. Mon ventre gargouillait salement, presque à en faire peur. On aurait dit qu'un alien avait élu domicile dans mon estomac et se préparait à une invasion de la planète, comme dans Alien, le premier film de la saga hein, pas les suites pourries qui sont sorties après. M'enfin bref, je priais intérieurement pour que ça ne soit que la faim, et pas un extraterrestre mégalo ayant prévu de nous réduire tous à la servitude... Je regardais peut-être trop de films, moi. En même temps, c'était un peu le sujet de mes études, alors on peut dire que j'fais ce qu'il faut, non ? Pour une fois que j'étudie, je suis plutôt fier de moi en fait. D'ailleurs en parlant de cours, c'était à cet endroit que je me trouvais en ce moment même, pour encore.... vingt-cinq petites minutes, ça va passer vite. Enfin j'espère. D'habitude, j'aime bien ce que l'on fait, mais là il fallait avouer que j'avais déjà vu plus intéressant. Le prof nous parle de Vol au dessus d'un nid de coucou, mais manque de bol, c'est un film que j'ai trouvé chiant à mourir. Par contre mon jumeau, lui est à fond en train d'écouter le prof... faut avouer qu'il a adoré le regarder, alors c'est normal. D'ailleurs ce con - je parle de mon frère, pas du film, soyons bien clair - va retrouver son prof chéri après les cours. Qu'est-ce que je peux le détester celui-là, vous ne pouvez pas savoir à quel point - là je parle du prof, si vous avez suivi -. Il a foutu un beau bordel entre Jace, Jayden et moi. Alors qu'on est censés être les trois mousquetaires, les frères inséparables et toujours présents.... Plus maintenant, j'en ai bien l'impression. Ça me rend malade tout ça, et encore plus de voir que je ne peux rien faire, parce Jace est trop borné, et il ne veut rien écouter quand j'essaye de lui faire entendre raison.

Inutile donc de lui demander s'il veut passer au nando's avec moi après le cours, puisque son mec passe avant tout. De toute façon, j'avais pas tellement envie, à la réflexion. J'ai envoyé vite fait un sms à Fauve, puisque c'est moi qui m'occupe de faire sortir cette fille, au lieu qu'elle pourrisse au fin fond de son appartement, avec ses jeux vidéos, ses potes nolifes et sa solitude bonne à jeter à la poubelle. Evidemment, elle râlait tout le temps quand il s'agissait d'aller à des fêtes, mais curieusement la rousse me suivait tout le temps. J'ai fini par comprendre qu'être grincheuse, c'était juste pour la forme et qu'en fait, elle adorait sortit avec moi. En même temps, je comprends, j'ai quand même la classe quoi. Trente secondes plus tard, je reçois sa réponse « Impossible, je bosse moi ! ». P'tain fais chier, toujours quand il faut pas hein... C'était ça de ne pas avoir de petit boulot, j'étais libre tout le temps, alors que les autres non. Mais j'en avais besoin, ni l'envie d'ailleurs. Déjà, étudier me prenait une grande partie de mon temps, alors si on rajoute des horaires chiants, un boss râleur en plus, non merci, très peu pour moi. M'enfin bref, Chantemerle est prise, tant pis. En désespoir de cause, j'envoie un message à mon meilleur pote, aussi appelé choucroute sur pattes. Oui je sais, d'habitude c'est à lui qu'on doit penser en premier, mais en l'occurence non. « Hé Jellings, nando's dans ving minutes ? » la réponse se fait presque instantanée elle aussi « Va t'faire, j'suis avec une fille là. ». P'tain, la politesse il connait pas lui, ça se voit. J'le comprends, mais en même temps ça me fait chier, parce que je crève la dalle, il faut l'avouer, mais j'ai personne pour aller au nando's avec moi, ça craint. J'irais quand même, seul ou pas, j'ai trop faim.

Et voilà, encore une journée de finie. N'empêche que ça passe vite tout ça, j'ose même pas y penser, parce que je me dis que je vieillis trop vite, et j'aime pas trop ça. En plus je pense trop. Du coup je sors de l'université le plus vite possible. De toute façon, j'ai pas envie de croiser du monde, quand j'ai faim je suis pas trop bavard. Oui, j'ai mes priorités, comme tout le monde. Comme le restau est assez loin, je me décide à prendre le métro dégueulasse... Y'a un vieux qui joue de l'accordéon qui me regarde fixement, comme si j'allais lui filer quoi que ce soit, oh, j'suis pas dupe mec, t'as des nike toutes neuves aux pieds. Non mais, on me prend vraiment pour un pigeon, c'est pas possible. Et puis ton accordéon, je suppose que c'est un cadeau de ton vieux maître qui te l'a légué à sa mort après des années passées à vivre dans la rue avec lui, comme deux vagabonds sans foi ni loi ? Bah bien sûr. Y'en a qui se permettent d'abuser de la confiance des gens, ça m'énerve. Quelques minutes plus tard, je suis descendus et j'ai seulement deux mètres à marcher pour rentrer dans le nando's. Je commande mon menu habituel et attends tranquillement d'être servi, en essayant de faire taire les râles provenant de mon ventre. Non mais c'est bon l'alien, tu vas bouffer dans cinq minutes, arrête ta symphonie et laisse les gens autour tranquilles quoi. Alors me voilà, à une table, seul comme un phoque abandonné. Mais ça va, je suis content.

an unexpected acquaintance.

J'avais beau être seul, ça ne m'empêchait pas de profiter de mon repas durement mérité... Ou pas, puisque je n'avais rien foutu de la journée. N'empêche que mon estomac avait crié famine et que ça aurait été une trahison envers mon propre corps que de le laisser autant souffrir. Mon corps, c'était un peu ce qui me rendait vivant, si je commençais à ne plus faire ce qu'il me demandait, j'étais bien mal parti dans la vie, logique non ? Peut-être un peu con aussi, mais la faim me faisait dire n'importe quoi. J'essayais de me comporter le plus calmement possible, ce qui signifiait ne pas me goinfrer comme un malpropre -difficile-, parce que le nando's était rempli de personnes inconnues qui n'avaient absolument pas la moindre envie d'entendre mes charmants bruits de mastication ni d'observer l'intérieur de ma cavité buccale, si magnifique soit-elle. J'avais eu de la chance de trouver une table seul, puisque la plupart des gens devaient attendre pour se trouver une place. C'était ça, avoir de la chance. J'avais l'habitude... enfin, en général.

J'observais autour de moi, l'agitation qui régnait dans le fast-food pendant que je mordais dans mes wraps. Quand même, mes potes étaient vraiment des connards pour me laisser solo comme ça. Tous en même temps, en plus, bah merci beaucoup. Spéciale dédicace à mon frérot qui n'en avait plus rien à foutre de sa famille maintenant. Vous inquiétez pas les potes, je vous revaudrait ça. Un jour, je me vengerais, et ça fera mal. Très mal. Bref, j'étais toujours en train de remuer mes sombres pensées en mâchonnant ma bouffe quand j'entendis quelqu'un derrière moi m'interpeller. C'était une jeune fille qui me demandait si elle pouvait s'asseoir à mes côtés. Je ne savais pas s'il fallait que je refuse et qu'on me laisse tranquille pendant que je mangeais, ou accepter et ne plus paraître comme un gros solitaire de la vie... Allons pour la deuxième option, avoir un peu de conversation ne me ferait pas de mal, après tout. « Avec plaisir ! On ne refuse pas un peu de compagnie. » à vrai dire, j'étais plutôt heureux qu'une inconnue vienne s'asseoir à côté de moi. En plus sait-on jamais, peut-être qu'elle était très sympathique et qu'on deviendrait potes. Enfin pour ça, il fallait savoir son prénom d'abord, parce que pour l'instant... « Sinon moi c'est Jaxen, et toi ? » lui demandais-je, un grand sourire collé sur le visage.