"Madame on va devoir provoquer l'accouchement. Le bébé que vous portez est en insuffisance respiratoire."La grossesse aura duré six mois. C'est pas beaucoup, voir pas assez de temps pour se préparer à l'arrivée d'un nouveau bébé dans une famille. Surtout que celle-ci en a déjà quatre - de six à 1 an à peine. La tradition dit que les Westerfield sont très fertiles mais dans le cas présent c'est tout de même exceptionnel. Esther et Henry ne sont pas contre l'usage de protection, loin de là, mais ils ont toujours révé d'un grande famille et le destin a donné un coup de pouce. Robb, 6 ans, Estèl, 4 ans, Hadès, 2 ans, et Flyn presque 1, attendaient eux l'arrivé joyeuse d'un nouveau compagnon de jeu dans la famille sans imaginer l'entrée en scène prématuré de la petite dernière. Le docteur avait été pourtant claire. Cette énième grossesse était à risque, le foetus était fragile et les complications pouvaient être nombreuse. Le premier novembre donc, Mrs. Westerfield fut donc transféré à l'hôpital de Dublin, pour une césarienne express et une convalescence, elle, bien plus longue. Le premier novembre, donc, était un jour de neige et de brume épaisse, froide et sèche, comme la Sibérie. C'est dans ce contexte que Plùm vu le jour. Une petite chose d'à peine 42 centimètres, 2,6 kilos, toute rose et respirant bruyamment. Malgré ce désagrément, la petite se trouva en bonne santé en rentrant à la maison, entourée de ses frères et soeurs, d'amour et de vaches qui paissaient dans les prés.

"Bon Estèl, Flyn et Plùm, vous faites les indiens. Hadès et moi on est les cowboys. Et Cassandra… Bah elle mange l'herbe…" En effet, la dernière née de la famille se promenait à quatre pattes dans le grand jardin de la maison-ferme familiale croquant allègrement pissenlits et pousses d'herbes qui se trouvaient à la hauteur de sa petite bouche. La petite Plùm n'était à présent plus la cadette et avait trois bougies à son actif. Les années passaient tranquillement dans ce petit coin de paradis qu'était Wicklow. Cette ville minuscule ce trouvait un peu en dessous de Dublin, sur les côtes de la mer d'Irlande. La grande famille habitait dans la banlieue, dans une grande ferme aménagée ou chacun dans enfants trouvait ses aises. La vie s'écoulait avec un quiétude étonnante. La petite fille blonde pleine de taches de rousseur devenait une adolescente dans toute sa splendeur. Elevée avec trois grands frères et très proche de son ainé direct, Flyn, elle était le stéréotype du garçon manqué, malgré la féminité flagrante de sa grande soeur. L'argent ne manquait jamais, mais il ne coulait pas à flot non plus, et la jeune Plùm s'accommodait on ne peut mieux des vieux vêtements et jouets de ses frères, des petites voitures jusqu'au skate board. Seulement elle entra dans sa première année de lycée et malgré sa petite bande d'amis proches, les autres filles se moquaient de ses baggies et t-shirt de vieux groupes de rock.

"Estèl? Je peux entrer?" La jeune fille de quinze ans passé toquait timidement à la porte de sa grande soeur, qui lui ouvra gentiment. Les relations de la fratrie était toujours amicales et soudés - et du moins en cas de conflits, cordiales. Plùm rentra dans la chambre comme on pénètre dans un autre univers. La pièce était un savant mélange entre bois apparent avec les poutres et les meubles, et de rose sur toute la décoration. Estèl avait toujours été une fille, une vrai, tout autant que Plùm se confortait en tomboy. Mais ce soir là, la cadette avait besoin de conseils avisés. "Qu'est ce qu'il y a?" "Euh… Je pourrais t'emprunter du maquillage? S'il te plait..?" Nerveuse, elle tordait ses doigts moites et se balançait d'un pied sur l'autre. Sa soeur le remarqua tout de suite, et elle n'était pas née de la dernière pluie: une histoire de garçon se cachait là dessous. Quand Robb le protecteur allait savoir ça… En effet la jeune fille s'était entichée d'un ami de son frère Flyn. Il s'appelait Sebastian, était fan de vieux rock des années 70 et jouait de la guitare lui-même. Très grand, brun aux yeux bleues, il était l'exact opposé de son ami. Réservé et mystérieux, il intriguait la petite blonde qui faisait le clown toute la journée et qui n'avait rien à caché. L'attirance fut réciproque et les deux jeunes gens se mirent rapidement "en couple" - pour ce qu'on peut l'être à 15 et 16 ans. Plùm lui donnât tout. Premier baiser, première clope, première fois… Il lui faisait découvrir le monde comme elle ne l'avait jamais vu et elle nageait dans le bonheur.

"Tiens, écoute ce titre ce soir." "D'accord! A demain, je t'aime." "Ouais, à demain…" Presque deux ans avaient passé et Plùm venait de fêter ses 17 ans. Elle avait passé son après-midi chez Sebastian, paressant sur son lit pendant qu'il composait ou lui faisait écouter des vieux morceaux. Elle rentrait maintenant chez elle, serrant le CD gravé dans ses mains. En deux ans, le garçon manqué élevé à la dure par ses frères s'était transformé en jolie adolescente, bien qu'elle fut resté poids plume. Enfermée dans sa chambre, elle glissa le disque dans sa chaine hi-fi et s'asseya dans le fauteuil près de la fenêtre. Les flocons de neige s'échouaient doucement sur la petite corniche et la musique commença. Les accords de guitare acoustique enveloppaient la pièce dans une douce quiétude quand la voix du chanteur résonna: "Babe, baby, baby, I'm gonna leave you…". Cette voix, elle la reconnaissait bien, était celle de Robert Plant, le chanteur mythique de Led Zeppelin, le groupe préféré de Plùm. Mais là n'était pas la question. Toutes les chansons que Sebastian lui demandait d'écouter avaient un sens, un message pour elle, pour leurs histoire - rien n'était laissé au hasard. Cette chanson, ces paroles ne voulaient que dire qu'il la quittait. Sans réfléchir, elle se leva et courra jusqu'à perdre haleine chez son amour, pour trouver la dépendance dans laquelle il vivait vide de toute trace humaine. Elle se rendit dans la maison principale ou se trouvaient les parents du jeune homme qui lui apportèrent la fatale confirmation qu'elle attendait: "Il est parti faire le tour du monde. Il ne te l'a pas dit? Son train doit être arrivé à Dublin, il est dans l'aéroport à l'heure qu'il est, je pense…" Elle aurait dû faire comme dans les films et le rejoindre à Dublin, voyager, être heureux, se marier et avoir beaucoup d'enfants, fin. Mais c'était la vraie vie, et dans la vraie vie, la scène d'adieu n'avait pas été bouleversante et pleine d'émotions - non, il l'avait abandonné sans un au revoir et sans explications. Elle retourna chez elle vidée et incapable de penser rationnellement, fouilla dans le premier tiroir de sa commode ou était rangé le canif qu'elle utilisait pour couper les cordes quand elle faisait de la voile en famille, et se réveillât à l'hôpital.

À la veille de son départ pour Londres, à l'université de ses rêves ou elle allait étudier la musique, la jeune fille avait peu à peu retrouvé gout à la vie, mais de manière plutôt personnelle. Elle sortait tous les week-end, flirtait avec tout ce qui bougeait - filles incluses -, allait plus loin avec les personnes qu'elle trouvait à son gout, le tout avec de la vodka dans une main et un joint dans l'autre. Loin d'être dévergondée dans son état normal, une goutte d'alcool la transformait en vraie party girl américaine, la descente de bière irlandaise en plus. Plùm avait retrouvé des couleurs aux joues et une raison de vivre: son départ prochain, accompagné de son frère, Flyn. Tout était en ordre et ils décollèrent de Dublin sans avoir oublié de dire au revoir à personne.

L'arrivée dans la capitale anglaise ne fut que brouillard. Plùm et son frère étaient enchantés et grisés de cette nouvelle vie qu'ils commençaient que même les petites choses à régler des plus ennuyantes comme trouver un job ou installer la ligne téléphonique les mettaient en joie. Plùm se rendit vraiment compte de sa chance à la première fête étudiante où ils participèrent en l'honneur de la rentrée. Ils s'amusaient en buvaient jusqu'à perdre la raison lorsqu'une silhouette interpella la jeune fille qui passa sa main le long de son avant bras gauche, effleurant sa cicatrice… "Sebastian?"