Cela faisait un bon bout de temps que mes parents essayaient d’avoir un enfant lorsque leur médecin leur annonça que j’étais en route. C’est donc tout naturellement que neuf mois plus tard dans l’hôpital de Liverpool en Angleterre, je pointe le bout de mon nez. Mais surprise, ce n’est pas toute seule que j’arrive. Ce que les médecins prenaient pour un problème que j’avais au cœur, n’était autre que mon frère qui se pointait tout naturellement. Oui, les médecins n’avaient pas remarqué un deuxième bébé, le premier cachant le deuxième. On était déjà taquins et nés pour faire chier à l’époque. Mes parents décidaient de m’appeler Jade Daelysia Strauss. Que voulez-vous ?! Mes parents ont eu une imagination débordante ce jour-là et même aujourd’hui, ils ne savent pas ou ils ont pêché mon deuxième prénom. Pour mon frère, ils ont fait plus simple, mais toujours dans le compliqué, Eyden. Oui, avec un E pas de H ni de A, un E. Mes parents sont des pros pour faire de quelque chose de simple, un fourre-tout bien complexe. Mais je dois avouer qu’on s’en balance complètement les pistaches. Mon frère et moi n’aurions pas pu être accueilli mieux que nous l’avions été. Mes parents et tout le reste de notre famille étaient tellement heureux d’avoir un petit bout en plus, et encore plus une fille. Il faut savoir que je suis la seule petite fille que mes grands-parents auront eus. Oui, tu as bien compris, lors des repas de famille, je suis la seule fille à la table « enfant » et je dois supporter l’humour complètement niais de mes cousins, ainsi que celui de mon frère jumeau. Un enfer complet. Mais ce n’est pas pour autant que j’aurais manqué de quoi que ce soit. Ma famille fait partie d’une vieille famille bourgeoise italienne et si on ajoute le fait que ma mère soit médecin et mon père avocat, je peux vous affirmer que je ne me suis jamais plainte que je manquais de quelque chose. J’avais le droit à des cours particuliers de soutien dès mon entrée au collège, non pas que je sois une mauvaise élève bien au contraire, mais mes parents ne voulaient pas que je me sente exclue et voulaient que je trouve un moyen de m’adapter au niveau de ma classe. J’avais aussi le droit de faire toutes les activités extrascolaires de mon choix, et les seules que j’ai gardé et dont je ne me séparerais jamais sont l’équitation et la danse. Quand je vous ai dit que je ne manquais de rien, j’ai peut-être manqué de quelque chose : la présence de mes parents. Je parle à la première personne du singulier, mais j’aurais très bien pu parler à la première personne du pluriel, car pour mon frère, c’était la même chose. Enfants choyés d’une famille bourgeoise, manquant de l’amour de leurs parents, tableau cliché, mais vrai.
« Les enfants, venez avec nous dans le salon, nous devons parler ! » J’avais toujours la hantise de cette phrase. C’est donc légèrement stressée que je passais la voûte pour entrer dans le salon. « Votre père à eu une promotion que nous ne pouvons pas refuser. Nous déménageons dans moins d’un mois, et tu vas être transférée dans un autre établissement. » Quand ma mère employait le « nous » cela signifiait que mon père avait pris la décision et qu’elle n’avait pas le choix. Nous étions actuellement au mois d’août, et dans une semaine, je faisais mon entrée en cinquième, j’allais donc entrer dans une nouvelle classe presque un mois après la rentrée, géniale ! J’allais entrer dans une classe où tous les clans allaient déjà être formés. « On va où ?! » « Londres ! » On aura appris plus tard avec Eyden, que la raison de la « promotion » n’était autre que la maîtresse que notre père avait pour habitude de voir lors de ses soit-disant meetings. En fait, quand notre mère nous avait annoncé que nous déménagions, elle avait employé le « nous », mais elle ne se comptait pas. Notre père étant avocat, il devait avoir un dossier sur notre mère si elle projetait d’avoir notre garde complète. A présent, nous allions devoir vivre avec notre père, sa copine, et le morveux qu’elle attendait. Super, je suis ravie. Sentez, cette joie ironique qui pointe dans ma voix. « Bienvenue, bienvenue ! » nous lança-t-elle de cette voix complètement irritante que possède Effy Trinket dans Hunger Games. « Où est ma chambre ?! » Ni de bonjour, rien. Je voulais juste m’approprier cet endroit, et ma chambre allait être mon repère à présent. « En parlant de chambre, vous allez devoir vous partager la même chambre ! » « Tu blagues là ?! » On avait eu la même réaction avec Eyden, il n’est pas sérieux, il ne peut pas demander à deux adolescents de sexe différent de cohabiter dans la même chambre. C’est juste une déclaration de guerre. On s’adore, ce n’est pas le problème, mais on est diamétralement opposé niveau goûts. Je veux du violet dans ma chambre, lui en a horreur, j’écoute de la musique qui gère, lui écoute du boom boom assourdissant. Je travail, lui geek sur sa console. On ne peut juste pas s’entendre dans la même chambre, on va s’entre-tuer. Mais, en découvrant la chambre, on remarqua qu’il ne blaguait pas. Juste un petit muret séparait nos deux mondes.
« Bon, vous arrêtez de vous foutre de nous, vous allez faire quoi l’année prochaine, et sérieusement ! » J’avais été tout ce qu’il y avait de plus sérieuse lorsque j’avais annoncé à mon père que je voulais travailler dans la musique, et que je voulais entrer au Royal College of Art. Mon père ne voyait pas mon avenir comme je le voyais, de même pour mon frère. Il nous voyait suivre ses traces, ou encore celles de notre mère ou belle-mère. Mais nous, on voulait chanter, vivre de notre passion et ne pas devenir aigri comme lui. Bien évidemment, notre mère était d’accord, mais elle n’avait plus son mot à dire, depuis bien longtemps, sur notre éducation. « On est sérieux papa, on a été accepté à la RCA et on ira que tu le désires ou non. On a dix-huit ans ! On fait ce qu'on veut ! » « On verra si vous allez faire ce que vous voulez ! » C’est sur ses paroles qu'il donna un aller-retour à mon frère, si violent qu’il en fut marqué pendant plusieurs jours. Le pire, c’est que cet acte de violence nous avait encore plus déterminés à lui désobéir. Notre mère nous donna tous les crédits possibles pour vivre notre rêve. C’est donc un mois avant la rentrée qu’Eyden et moi, emménagions ensemble dans un loft dans le quartier des Hampstead. Nous sommes actuellement à l'aube de notre deuxième année au RCA, et personnellement, je n’ai plus revu mon père. J’irai le narguer lorsque je serais célèbre avec mon diplôme en poche.

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