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J'aime Mikael tellement fort que parfois j'avais l'impression d'être sa deuxième maman tu vois ? Genre je savais que je ne lui avais pas donné la vie, mais j'étais tout le temps avec lui, je le bordais le soir, je le réveillais le matin avec des bisous, je lui donnais à manger, je le sortais. Ma vie tournait exclusivement autour de ce petit être. Il m'arrivait de dormir dans sa chambre juste pour l'entendre respirer la vie. Mes parents faisaient tout pour nous montrer que tout allait bien, que ce n'était pas parce qu'il était trisomique qu'il était différent de nous, mais ils le traitaient de cette manière, d'une manière tellement... différente, tu vois, comme s'il était en sucre ou qu'il allait s'envoler au moindre petit coup de vent. Moi je m'en fiche qu'il soit "handicapé" ou "malade" selon les dires des docteurs, pour moi il est normal, c'est mon petit frère, c'est Mikael Walter, c'était un enfant qui rigole, qui parle, qui joue, qui dort, qui pleure. Si tu savais à quel point je l'aime, dès la première seconde je suis tombée amoureuse de ce petit bout de chou. Je l'aimerais toujours.

Pourquoi il a pas la même tête que moi ? Jana, 11 ans. Ouais vous savez comment sont les gamins, toujours avec des questions débiles comme si tout leur échappait. Pourquoi le soleil il est jaune ? Pourquoi il pleut ? Pourquoi c'est toi ma maman et pas celle de Pippa ? Pourquoi je ne suis pas un chat ? Non mais sérieusement, vous pourriez répondre à ce genre de questions ? Raaaah les gosses.... Et bien moi j'étais une gosse comme ça, toujours en train de poser des questions qui étaient le plus souvent gênantes ou mal placée dans la conversation. Déjà une reine de la gaffe. Jana calme toi s'il te plait. Ah oui parce qu'en plus d'être la gosse relou qui pose des tonnes de questions et la reine de la gaffe, j'étais aussi une gosse infernale toujours en train de sautiller de partout, jamais fatiguée. Mon petit frère Mikael venait de naître, j'allais ENFIN être grande soeur il y a de quoi être excitée non ? Mon grand-frère était un peu plus calme que moi mais lui aussi était trop content, il allait enfin avoir un frère. Bon certes ma mère n'avait pas encore récupéré de son accouchement mais ce n'est pas une raison pour m'envoyer chier. Mais maman, c'est un chinois! Je montrais mon petit frère à peine né du doigt. Il avait les yeux en amende et fermés, mais c'est surtout qu'il était touché par la maladie des gênes (ouais c'est ce que ma mère nous disait pour qu'on comprenne ce qu'il avait), il avait été diagnostiqué trisomique. Forcément quand tu as 11 ans tu ne sais pas ce qu'est un trisomique, sachant que c'était le premier de la famille que je connaissais en tout cas, mais ce n'était pas le premier enfant à naître avec une 'maladie'. Mon grand-frère était malade lui aussi, mais d'une autre maladie, mortelle. C'est pas un chinois chérie, il est juste fripé. Mon père rigolait, bon évidemment il n'était pas mort de rire, je pense qu'il riait jaune, comme pour cacher son angoisse. Garder un enfant diagnostiqué trisomique c'est pas qu'une petite responsabilité, il fallait l'assumer, l'aider à vivre normalement, l'aider face aux autres. L'avenir de ce gamin n'allait pas être tout rose et le jour où je l'ai compris je lui ai fait la promesse de le protéger pour toujours.
YANAAAAA. Mon petit frère a toujours eu du mal à prononcer le "j" à cause de sa mâchoire un peu déformée alors il avait pris l'habitude de m'appeler Yana, c'est plutôt pas mal. J'étais très proche de lui, c'était un peu comme ma petite poupée quand il est né, c'était mon petit bébé, je passais tout mon temps avec lui. On passait beaucoup de temps à trois avec mon grand-frère. Mikael me tendait ses bras comme à chaque fois qu'il voulait me faire un câlin. Ye t'aime Yana. Il avait le don de me faire totalement fondre ce petit gosse, mon petit frère. Je le regardais avec des yeux d'amour depuis qu'il était arrivé à la maison, j'en oubliais totalement son physique différent du mien, de celui de mon autre frère, de celui de ma mère ou de mon père. A travers mon regard c'était un gosse normal de 5 ans qui pousse aussi rapidement que l'éclair. Tous les jours il prenait 13 centimètres le gamin. Moi aussi je t'aime Mikou. Notre relation était vraiment fusionnelle, si j'aurais pu passer toutes mes journées avec lui je l'aurai fait clairement. Je l'aimais à mille pour-cents ce gosse. Tu partiras yamais ? Tu resteras touyours avec moi, hein ? Je le serrais très très très fort avant de déposer un baiser sur son front. Comment je pourrais m'imaginer le laisser un jour ? Non jamais je ne partirais loin de lui, je ne pourrais pas, c'est ma vie. Jamais de la vie mon bébé. Allez viens on va chercher Gus' pour jouer dehors.

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J'étais transparente pour mes parents, j'avais l'impression qu'ils m'oubliaient parfois au détriment de mes frères. Ils avaient tous les deux une ""maladie"" alors que moi j'étais la seule à m'en sortir sans un bleu. J'ai littéralement laissé ma vie en suspend pour mes frères, mon adolescence a été dure à passer. J'aime tellement Gus et Mikael que je m'en foutais royalement de me faire ignorer par mes parents. J'ai jamais autant pleurer de ma vie pour eux, Gus' atteint d'un cancer, entre la vie et la mort, sur ce putain de lit d'hôpital. Tu sais pas à quel point tu as envie de tout envoyer en l'air quand tu  vois l'être avec qui tu partages toute ta vie allongé sur ce lit, chauve comme un caillou, le bras plein de bleus à cause des milliers de piqûres... Tu sais pas à quel point je redoutais de me retrouver dans ce lieu. Je dormais plus de la nuit, ma vie était au ralentit, j'avais peur de recevoir un appel qui m'annoncerait la mauvaise nouvelle...

Les larmes sur les joues, je regardais Gus' qui dormait. C'était le moment parfait pour faire le vide dans mon esprit et pour me demander ce que je pourrais bien devenir si je venais à perdre mon grand-frère. Est-ce que j'arriverais à me relever ? Est-ce qu'un jour j'arriverai à m'en remettre ? Ou alors est-ce que je tomberais tellement bas qu'il serait juste impossible de revenir à la surface. Rentre à la maison Jana, t'as pas  dormi depuis trois jours. Demain t'iras au lycée. Je reste avec Gus', ne t'inquiètes pas. Comment oser penser à aller au lycée alors que mon grand-frère est en train de crever sur ce lit d'hôpital. Qu'est-ce que j'irais foutre au lycée de toute manière ? Je ne peux plus me concentrer, je ne peux plus me sortir Gus' de la tête, je ne veux même pas faire l'effort d'aller me coucher. Je préfère rester, comme ça toi tu dors. De toute manière je n'arrivais plus à dormir alors autant laisser ma mère se reposer parce qu'elle aussi en avant bien besoin. Jana... Rentre  pour voir Mikael, il a plus besoin de toi que Gus' pour le moment. Un jour j'allais faire un malaise, j'allais devenir complètement folle, j'allais finir par me droguer ou un truc dans le genre parce que d'avoir tant de pression sur mes petites épaules d'adolescentes de 16 ans c'est bien trop à supporter. Pourtant ce sont bien toutes ces épreuves qui m'ont forgées ma force.... mais aussi ma faiblesse. D'accord..... Je t'aime Gus'. Avant de m'en aller, je déposais un bisou sur le front de mon grand frère comme pour lui donner de la force, comme si c'était un bisou magique. J'aurais tellement aimé.
YANA YANA YANA RÉVEILLES TOI. Mikael je jetais sur moi pour me réveiller pour rapidement. Avec toutes les nuits que je devais rattraper, le réveil était vraiment brutal. Je pouffais un peu avant de prendre mon petit frère dans mes bras et de lui faire le bisou du matin. Qu'est-ce qu'il y a ? Allongés tous les deux dans le nuit, mon frère avait l'air bien excité ce matin, ça m'intriguait. On va aller voir Gus' chez les docteurs, maman a dit qu'il allait rentrer. Ni une ni deux je sortais de mon lit en sautant avant  d'enfiler les premières fringues qui me passaient sous la main. Je sortais en courant pour aller dans la cuisine rejoindre mon père. Mon coeur battait à cent à l'heure, j'ai même cru qu'il allait exploser tellement j'étais heureuse. C'est vrai papa ? Pendant une seconde j'avais eu un doute, il se pouvait bien qu'il pourrait rentrer pour mourir à la maison. Et à ce moment là j'ai aussi cru que mon coeur allait exploser. Oui ma chérie, il va beaucoup mieux. Prépare toi on va le chercher. Le smile que j'ai pu faire, je l'ai gardé pendant des semaines et des semaines. Enfin tous les trois ensemble, même si Gus' était affaibli, il était là, il était vivant.

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Je crois que l'amour ça existe. Tu sais à n'importe quel âge. Je pense que quand on est amoureux de quelqu'un on devient faible. En plus de la confiance c'est tout qu'on donne à l'autre. Enfin c'est ce que j'ai fait. Surement à cause du "manque d'attention de mes parents lors de mon enfance" comme pourrait dire n'importe quel psy comme toi, mais je pense simplement que je suis quelqu'un entière qui donne tout. J'étais vraiment amoureuse, quelqu'un m'aimait, tu sais pas à quel point c'était important pour moi vu que ma vie tournait autour de mes frères. Lui il m'aimait, j'en suis sûre. Je crois que l'amour c'est pas le plus beau des sentiments, ça fait du bien de se sentir aimer tu vois mais ça fait plus mal qu'autre chose quand ça se termine. Toutes les personnes amoureuses souffrent un jour, mais pas de la même manière, il a la douleur après une rupture, une trahison ou une tromperie, mais il y a la douleur physique aussi. Va savoir laquelle est la moins pire.

Franchement je sais pas trop, j'hésite entre un film de filles parce que je sais que t'aime bien ça, enfin t'es une fille, t'es programmée pour aimer ce genre de conneries, et puis tu vois un bon petit film de zombie pour te faire peur et que tu viennes te réfugier dans mes bras musclés. C'est comme ça d'être gaga d'un mec. Je souriais bêtement à tous les mots qu'il sortait de sa bouche, je le regardais avec les yeux en coeur, je rigolais à toutes ses blagues débiles, je ressentais des trucs bizarres dans l'estomac. Bref j'étais complètement amoureuse de ce mec quoi, il n'y a rien de plus simple. Va pour le film de zombie hyper flippant. J'arquais un sourcil avant de prendre la main de celui qui était officiellement mon "copain". Il faisait froid, comme toujours à Londres, je me collais donc à lui, ça me permettait de sentir son odeur que j'aimais tant. Bordel c'est pas normal de tout aimer de quelqu'un, c'est pas sain ce truc là. T'es sûre ? Je veux pas que tu fasses des cauchemars cette nuit. Et blablabla, ces mecs toujours en train de se la jouer bonhomme pour impressionner les filles, c'est pas croyable, mais ça me faisait rire, j'aimais ce côté de sa personnalité, son côté taquin et rieur, il était comme moi, on se cherchait parce qu'au final on s'aimait plutôt bien. Et toi t'es sûr ? J'ai pas envie de tu fasses des cauchemars cette nuit. Je lui donnais un petit coup d'épaule pour rigoler. Ca faisait longtemps que je ne m'étais plus considérée comme une jeune fille, j'avais dédié ma vie à mes frères parce que j'avais peur de les perdre, mais lui, il me faisait totalement revivre. C'était tellement bon de se sentir vivante. Moi ? Nooooon tu rigoles  j'ai pas peur, je m'inquiètes juste pour mon bras, j'ai pas envie de le perdre, parce que sinon le baseball c'est terminé. Tais toi et va chercher les places. Je déposais un baiser sur ses lèvres avant de la laisser partir. C'était un moment tellement parfait que j'aurais adoré arrêter le temps pour profiter de ce moment éternellement.
Je, je, euh, je suis désolé, j'suis pas dans mon état normal à cause de Matt tu sais on s'es.. C'est bon, c'est rien. Si un oeil au beurre noir et un bras en compote qui a changé de couleur ce n'est rien alors il ne m'avait strictement rien fait. C'était la première fois que je ressentais ce genre de douleur. J'avais beaucoup souffert après tout, la peur de perdre mon frère c'était la pire douleur que je n'avais jamais eu à affronter, mais les coups.... c'était tellement différent. C'est pas que ça ne me faisait pas de mal, mais pas autant que j'aurai pu le croire. Ma bouche saignait, j'aurais même juré avoir senti qu'une dent s'était barrée de ma mâchoire, mais je ne sais pas, c'était différent. Je me regardais dans le miroir et j'étais méconnaissable. Il m'avait bien amoché. Maintenant il s'excusait de son agressivité, d'avoir levé la main sur moi, de m'avoir foutu le crâne donc le sol. Je t'aime Jana, je suis désolé. Je baissais les yeux alors qu'il venait me prendre dans ses bras. Ouais je sais. Je me sentais tellement bien dans ses bras, c'était vraiment bizarre après tout ce que j'avais subit cette nuit là, j'étais mal mais si bien en même temps. C'est ce qu'on appelle l'amour.

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Tu sais l'école c'est pas trop mon truc, mais bon les études supérieures c'est différent que le lycée,je peux enfin faire ce que j'aime dans la vie, bidouiller des appareils technologiques. Bon j'avoue qu'on apprend pas vraiment à hacker des téléphones portables, mais je crois que j'ai un don dans l'informatique. Je suis plutôt douée avec ces engins et de toute manière le principal c'est que j'aime ce que je fais alors je n'ai rien à redire, je suis contente d'avoir eu mon diplôme pour pouvoir faire ce que j'ai envie de faire. Un jour je travaillerais avec la police, le FBI ou même les services secrets, j'en suis presque sûre, je percerais les secrets de tout le monde avec mes doigts magiques. Un jour, mais pour l'instant je dois y aller, Mikael m'attend à la maison. On se revoit mardi.