Chapitre 1

Le jour du drame. L'accident de mon frère.
 

« 130km/h... 140km/h...150km/h... » le compteur toujours plus haut, la moto toujours plus vite. Il pouvait toujours faire mieux mais sentait à chaque fois une limite à ses excès : la Mort. Ce soir-là c'était l'anniversaire de Monroe, une amie très jolie et très célibataire qu'il draguait depuis un certain temps. Il a tenté beaucoup de choses pour l'avoir mais elle répondait toujours par un sourire un peu rieur qui faisait craquer de plus en plus Cliff. Il décida de prendre sa moto pour aller à sa fête qui promettait d'être très alcoolisée. Il arriva là-bas se garant sur la pelouse devant la maison de sa belle. Il ne chercha pas très loin la reine de la soirée puisqu'à à peine 22h elle était déjà complètement saoule. « Ahhh Cliff ! Tu es venue finalement ! Je suis super contente que t'es bougé tes grosses fesses de ton canap' ! » lui disait une fille bien trop cuite pour savoir ce qu'elle racontait. Pour se consoler et surtout se mettre dans l'ambiance, Cliff s'avança près du bar où il se servit plusieurs shots de vodka grenadine. L'alcool monta vite, il était en plus fatigué et la chaleur de l'été tapa sur son crâne. Il s'approcha très fièrement de Monroe pour lui demander quelque chose à l'oreille tout en lui prenant les hanches. La jeune fille enleva plus ou moins violemment les mains baladeuses de Cliff et partit vers d'autres garçons qui l'intéressaient d'autant plus. Cliff n'était pas un apollon, il avait un beau visage mais son corps n'était pas aussi musclé que les rugbymen de son lycée. Cela le mit quelque peu en rage.Il retourna près du bar ou une fois encore il se servit deux ou trois shots. Tout au long de la soirée, Cliff aborda quelques filles échangeant quelques baisers langoureux. Monroe fut inaccessible jusqu'au moment où les mecs qui étaient tout autour d'elle commença à lui faire du rentre dedans un peu trop fortement pour Ciff. Il s'approcha le plus droit possible pour ne pas paraître trop ivre. « Eh les mecs lâchaient là maintenant ! » disait-il en prenant l'épaule de l'un d'entre eux. Un autre se tourna vers Cliff et n'hésita pas une seconde à lui lancer son plus gros coup de poing dans le nez. Cliff se trouva très vite à terre à deux doigts du knock out. Il se leva pour éviter à nouveaux les coups du molosse et partit en courant vers sa moto qu'il démarra pour décamper le plus vite possible. Quelques kilomètres plus loin, alors qu'une fois de plus il excédait la vitesse autorisée, Cliff vira vers la droite et percuta une voiture de plein fouet. Son corps, qui fit très vite inconscient, vola dans les airs tel un pantin et atterris sèchement 100 mètres plus loin. Les ambulances vinrent alors en quelques minutes mais il était déjà trop tard pour Cliff, qui avait le crâne littéralement explosé sur le goudron. Le conducteur de la voiture en face fut aussi mort, la moto continuant sa course dans le par brise de la voiture et frappant de front le chauffeur. Mes parents très vite alertés en pleurèrent toute la nuit et toutes les semaines suivantes. Le deuil fut dur, mais pour eux il était impératif d'avoir un autre enfant.

   

   

Chapitre 2

Le jour où tout a commencé, le jour où tout finira. De ma naissance à maintenant.
   

Ma naissance, « Allez madame il va falloir pousser maintenant ! » ma mère commença le travail afin que je puisse naître. Mon père était pâle en voyant la scène, il ne resta pas debout très longtemps sentant qu'il n'allait pas tarder à tourner de l’œil. Pourtant, il avait déjà assisté à plusieurs naissances de poulains sans jamais se sentir comme aujourd'hui. Une peur lui serra le ventre, sans qu'il comprenne vraiment pourquoi. Avait-il peur que je naisse vert ? Je pense plutôt que dans des moments comme ça, l'on espère juste que l'enfant naisse en bonne santé. « Encore une fois madame ! Je vois sa petite tête, regardez monsieur. » mon père se leva, regarda et pleura, comme un jeune papa content de l'être de nouveau. Ma mère exténuée sourit si fort qu'elle en pleura également, les jeunes parents qu'ils étaient prièrent alors que rien ne m'arrive. La sage-femme leur donna leur enfant, c'était un 22 juillet de l'année 1992, nait Lion, déjà ambitieux et bientôt champion.

Mon enfance, « Papa, il a quel âge le dada ? » disais-je le jour de mes quatre ans. Mon père rigolait en m'entendant dire ça. « Bah tu vois, c'est marrant mais il a ton âge ce cheval. Il est né en même temps que toi. Et il s'appelle Lodanove. » me disait mon père qui posa son genou à terre afin d'être à ma hauteur. « Mais papa, il est beaucoup plus grand que moi ce dada ! » disais-je les yeux ébahis par la réponse de ce dernier. Mon père se releva, me pris en dessous des aisselles et me posa sur le dos du grand cheval. Étant un peu effrayé, je tenais fermement les crins de Lodanove. J'avais beau tirer la crinière du cheval aucune réaction ne se fit sentir, différence bien marquée entre les chevaux et les hommes « Va s'y mon chéri, tape doucement avec tes pieds sur le flan. » n'osant pas trop de peur de lui faire mal, je tapais fermement mais délicatement son flan qui fit une petite vibration. Le cheval dressé avança, obéissant à mes ordres. « AHHHH PAPA PAPA !!!! IL AVANCE LE CHEVAL ! JE VAIS TOMBER ! » Mon père me tenait par les épaules avec son bras droit et tenait les rênes de la main gauche. Même si j'étais en parfaite sécurité, sentir la colonne vertébrale de Lodanove bouger de droite à gauche faisait bizarre en dessous de mes fesses. « T'inquiètes pas mon chéri, je te tiens. » Mon père stoppa l'avancée de Lodanove et monta sur son dos à son tour, derrière moi. Il tapa comme moi le flan de l'hongre et il partit alors à une vitesse folle que mon père appelait le galop. Mon père me tenait fermement pour ne pas que je bascule, il me répétait de m'accrocher à la crinière pour ne pas tomber. J'aperçus ma mère sortir des écuries, affolée. « Dany arrête ça tout de suite ! Elwood est trop petit pour l'emmener sur un si grand cheval, prend un des shetlands si tu veux absolument le faire monter ! » Et alors tout commença. Je m'habituais vite à ma nouvelle monture et progressa très rapidement, je commençai alors les concours sur shetland à à peine sept ans.


Mon adolescence, « Aller continue sur l'oxer, prend un virage large pour qu'il récupère et reprend du train à la sortie » Mon père, ou devrais-je dire mon coach, me donnait toujours des conseils lors de mes entraînements, j'avais réellement l'impression de progresser grâce à lui. Cela faisait quand même quatre semaines que je m'entraînais cinq heures par jour en simulateur ou avec Oligan en carrière. Le saut d'obstacle n'avait plus de secret pour moi et pourtant je pouvais encore améliorer mes performances. « Il est grand ton gamin pour faire ce sport... » disait un oncle à mon père qui venait d'arriver de Dublin. « Il est grand mais il est doué, et c'est tout ce qui importe. Il prend des grands chevaux puissants et tout se passe bien » rétorquait mon père. « Bon tu fais le tour des deux verticaux là-bas, tu reviens en faisant une foulée de moins et tu refais cet oxer. » Je prenais mon temps pour ce genre d'exercice, on n'était pas en compétition et je voulais faire les choses bien pour terminer sur quelque chose de positif. Une, deux, trois... comptais-je. Oligan sauta majestueusement pour retomber tranquillement sur ses quatre pattes.« Parfait Eli, tu peux rentrer Oligan. » L'oncle sournois était toujours là, en réalité il s'agissait plus de jalousie que d'une véritable remarque. « Bon d'accord j'admets qu'il est doué. Tu l'as inscrit au Championnat d'Europe ? » mon père le regarda fixement, « Bien évidemment il a toutes ses chances. Ton fils aussi est inscrit non ? » Oncle Barry ria et répondit « Tout à fait, il est déjà champion donc cette année il y va à la cool... C'est marrant quand même parce que mon fils a le même âge que le tiens... Il doit être moins bon ton Eli. » mon père écouta jusqu'au bout mais ne répondit rien craignant de ne pas se retenir de lui mettre un pain dans le nez. « On se reverra en avril, dégage maintenant Barry. » Barry ria, content de lui-même d'avoir vexé mon père. « On l'aura cette première place. »

14 avril 2009, le grand jour est arrivé Oligan est prêt et détendu, tout autant que moi. Je me prépare mentalement au parcours que je visualise une dizaine de fois dans ma tête. « Bon allez fiston, tu vas tout déchirer, t'es deuxième en individuel c'est déjà énorme, faut l'écraser ce français ! » je fis un grand sourire à mon père qui malgré sa confiance, était plus stressé que moi. « Et pour le dernier parcours du jour, Elwood O'Connor, il est 2ème du classement intermédiaire individuel, il n'est pas le favoris mais s'est montré très prometteur grâce à son parcours sans faute hier après-midi. » Je m'avançais sur la piste quand le commentateur commença à me présenter. Je voyais mon père plus stressé que jamais, ma mère elle, essayait de le rassurer. Un petit galop tout autour de la piste, un repérage des obstacles, la sonnerie retentit et me voilà parti pour décrocher la Coupe d'Europe. 76.02 secondes plus tard, à 0.36 centièmes de secondes du français, je terminais alors premier devant lui. La coupe était pour moi ! La coupe était pour l'Angleterre ! « Magnifique parcours de Elwood O'Connor qui n'aura fait que nous étonner durant tout le championnat ! Il finit à 0.36 secondes de Paul Leduc et remporte la victoire. » Mon père m'applaudissait plus fort que n'importe qui, j'étais fier et à ce moment-là pour moi c'était le début d'une grande carrière.

Maintenant, Aujourd'hui je continue les grandes compétitions dans l'espoir un jour de décrocher le Graal : être qualifié en équipe d'Angleterre et devenir champion olympique. J'ai arrêté mes études en fin de secondaire, n'a jamais voulu continuer et cela sans regret. A aujourd'hui 22 ans, mes parents sont toujours derrière moi pour m'apporter du soutien aussi bien moral, que financier. Il garde mon cheval de compétition dans leurs écuries mais continue toujours à s'occuper de leur petit centre équestre. Quant à moi, j'habite dans un petit appartement dans la jolie banlieue londonienne et fait chaque jour beaucoup d'aller-retour pour mes entraînements. J'imagine que vous vous demandez surement pourquoi je n'habite pas chez mes parents, c'est assez simple en fait, j'ai besoin de mon indépendance et de mon intimité également. Toute ma vie est réglée selon un principe : gagner. L'ambition est en moi, la victoire est au bout.