Il était une fois;
Je voulais tellement trouver un endroit à part. Un endroit où je n’aurait pas à me cacher, à fuir. Cet endroit, je l’ai trouvé à Londres. Je suis Bambi Simpsons et je vais vous raconter mon histoire. En tout premier lieu, il faut savoir que mon véritable prénom n’est pas Bambi. Enfin n’était pas. Mon père est convoyeur de fond, ce qui fait qu’on doit absolument préserver notre famille et donc rester dans le silence absolu pour ce qui est de son identité, de son travail, de sa localisation mais aussi et également de tout son entourage. Il a récemment eu à transporter des bijoux d’une très grande valeur et c’est là que j’ai vu ma vie basculé…

J’ai 19 ans, je suis née au Mexique sous le nom de Victoria Bambi Simpsons. Ma mère était à l’époque professeur de sciences mais elle a dû changé de métier du fait que l’identité de mon père a attérit dans l’oreille de mauvaises personnes alors, je crois qu’elle a fait à peu près tous les métiers du monde. Ma mère était d’origine mexicaine, mon père était américain. Lui a fait tous les pays du monde et l’a embarqué dans cette folle aventure. Folle aventure qui a pris fin il y a deux mois.  Vous comprendrez (pour les plus intelligents d’entre vous) que le transport de bijoux d’une très grande valeur a eu lieu il y a deux mois donc.

Du coup, comment se fait-il que je sois à Londres aujourd’hui si je suis née au Mexique ? Bien, j’ai moi-même été de la partie pour la grande aventure de mon père. On a vécu jusqu’à mes 5 ans au Mexique en fait. Pendant ces cinq ans, c’était maman qui venait me chercher à l’école. Jusqu’au jour où en pleine sieste on est venu me chercher pour me transporter comme un bout de viande dans une voiture blindée pour aller à l’aéroport le plus proche. Ce n’était ni ma mère, ni mon père qui était venu me prendre mais un vulgaire inconnu qui se disait « collègue de papa ». Rassurez-vous, il était bien un collègue de mon père mais, comment réagiriez-vous si vous deviez confier toute votre âme, votre vie toute entière à un homme dont vous ne connaissez rien ? Figurez-vous que si c’était la grande première pour moi, ce n’était certainement pas la dernière…  
On a mis les pieds sur le sol américain ce jour-là à Chicago. Depuis ce jour, je crois que j’ai eu l’immense privilège de faire tous les états-unis. Je n’avais pas le temps de faire une année scolaire normalement qu’un autre homme tout aussi inconnu venait me chercher et me conduisait jusque notre nouvelle demeure. Parfois, j’avais même le droit à un relooking forcé ! Contente ou pas, c’était pareil, c’était pas à moi de choisir mais bien à mes parents. C’était pour mon bien, pour ma survie. Ils m’aimaient, c’était certain mais, comment savoir qui était mon père quand celui-ci partait en mission à longueur de temps ?

Finalement, il y a deux mois, j’ai appris qui était mon père. Il s’est révélé à moi dans un moment de tragédie. Un moment où malheureusement je n’ai rien pu choisir. Papa a fait un transport de bijoux d’une valeur inestimable. Des gens parce qu’il n’y a pas d’autres mots à poser sur un groupe de personne que vous n’avez ni vu, ni connu l’existance, ont pris ma mère en otage et il semblerait qu’à quelques minutes près, ils m’auraient également pris en otage si un autre  inconnu « collègue de papa » ne m’avait pas arraché des bancs de l’école à temps. Ils voulaient les bijoux. Simplement pour l’argent. L’argent est une merde, une grosse merde dont on a besoin et envie, qu’importe notre statut social. Sauf que cet argent, mon père ne pouvait pas l’offrir en échange de ma tendre mère. Ce n’était pas lui qui décidait. C’était ses supérieurs. Durant toutes ses années, mon père ne décidait pas de quitter son milieu de vie. On le déplacait et c’était comme ça. Comme il n’y avait pas eu d’argent, maman a été tué. Ils recommenceront à tuer. Ils l’ont dit. Ils le feront. Ces gens n’ont pas de cœur, ni de famille.

A la suite de ça, mon père s’est rebiffé. Il voulait habiter l’angleterre et abandonner son travail. Sauf que vous vous doutez bien, on ne quitte pas un tel travail du jour au lendemain, qu’importe la raison. Ils ont des mentions irreprochables dans leur contrat de travail. Ils ont également des arguments irreprochables. Mon père est donc à leur merci. Moi ? Ils m’ont encore déplacé. Pour l’angleterre au bonheur de mon père qui se voulait rassuré pour moi. Je ne le reconnais pas mon père. Il a changé, beaucoup. Mais je ne lui dirais pas, par peur de l’anéantir. Depuis ce jour, il ne se passe pas une journée sans que je l’ai au téléphone. C’est un homme au cœur brisé. Un homme condamné.



Papaoutai;
Mais, parce qu’il y a un mais, si je suis triste et sous le choc du décès de ma mère, il était temps pour moi que j’ai enfin un endroit où je n’ai pas à craindre le reste du monde. Je sais même pas combien de temps je vais rester à Londres mais, j’espère bien y passer un long moment. J’ai changé de nom comme je vous ai dit, ou du moins, on a simplement inversé mes prénoms pour éviter que les mauvaises personnes ne me tombent dessus. Je suis surveillé en permanence. Les gens que je rencontre chaque jour sont surveillés sans même le savoir. Je ne suis jamais seule. Il garde un œil actif sur moi au cas où ces gens me tomberaient dessus. Ils veillent à rester discrets et je ne les vois jamais alors, je suppose que je suis suivie par des systèmes de géolocalisation. Mon portable est filtré, ça c’est certain. Alors comment mener une vie normale quand on sait tout ça et qu’on ne peut rien y changer ? Il faut faire semblant. Faire semblant de croire qu’on est normal et que tout est parfaitement normal.

Alors je recommence : je suis Bambi Simpsons et je vais vous raconter mon histoire ! Je suis arrivé à Londres il y a environ deux mois et je vis avec Rosae-Barbara, une amie que je me suis faite aux USA et qui a toujours gardé contact avec moi. Je la considère comme un membre de ma famille parce que je sais que je peux conter sur elle et puis, je ne sais plus vraiment ce qu’est une famille alors je tente de m’en faire une puisque de toute évidence, la mienne est loin derrière moi.
Je sais qu’un jour mon père cessera de m’appeler parce que tous les jours sa vie est un périple. Un jour, ce sera ses supérieurs qui m’annonceront le décès de ce dernier, ils me lègueront alors un héritage en compensation de son absence mais le pire, c’est que je n’en ai strictement rien à faire. Je ne sais pas où il est, je ne le vois plus depuis deux mois, le temps est une éternité et je dois me résoudre à l’évidence : il ne reviendra pas.



Formidable;

« Formidable ? Je ne sais pas…Ce qui est sur c'est que cette partie de moi est importante. En fait non, je ne suis pas formidable. Je suis simplement moi. Je suis comme vous. J’ai envie de voyager et de fuir le quotidien. Je voudrais faire le tour du monde et tout essayer ! Parler toutes les langues du monde ! Je voudrais m’offrir une maison ! Une maison rien qu’à moi et il y aurait de la musique ! Oh oui, on ferait beaucoup de musique. En famille ! On profiterait du soleil en sirontant tout ce qu’on voudrait ! Oui, ce serait bien un jour... J’aimerai vivre de ma passion. » « Quelle est votre passion ? » « Ma passion ? C’est tout simplement là madame. Je ne me sens bien que sur scène. Comme si j’étais en sécurité, comme si le monde arrêtait de fonctionner, comme si…. Comme si j’étais enfin à ma place. Chez moi. J’aime beaucoup être là et user de poésie pour captiver l’attention des gens. Leur donner du plaisir ! Leur envoyer l’image que je veux ! Pouvoir les transporter avec moi, dans un autre monde ! Une autre dimension ! Un endroit rien qu’à moi ! Rien qu’à eux ! Rien qu’à nous ! Un endroit où l’espace d’un instant, d’un soir, d’un moment, d’un spectacle… Le temps s’égare ! Le paysage devient autre ! On devient autre ! Pour être libre. Libre de voir ce que nous voulons voir. Libre d’entendre ce que nous voulons entendre. Croire en nos rêves. Penser que tout est possible. On s’en ficherait du statut de chacun. On rigolera jusqu’à mort subite ! On pissera comme des gamins sur nos sièges ! Et on recommencera. Autant de fois que l’on voudra. » « Où partiriez-vous ? » « Je ne sais pas. Sans doute là où les gens voudront aller je crois. En tant qu’artiste, on ne travaille pas pour notre personne. Enfin si, bien sur. Je veux dire que c’est eux qui décide. Nous on ne fait que les accompagner le temps d’une soirée. Si je leur parle de fleurs, peut-être partiront-ils dans le jardin de leur enfance ou alors ils iront sur une île qu’ils auront eux-même conçu. Conçu avec leur imagination. Ou peut-être que ce seront eux les fleurs ! Ou bien moi ! Je ne sais pas madame. Je sais où je suis, je ne sais pas où je vais. J’essaye juste d’aller dans la bonne direction. » « Pourquoi ? » « Parce que mon père m’a dit que le bonheur des autres faisait le bonheur de soi. Il m’a appris à m’inquiéter du statut du monde qui nous entoure et qu’au-delà des frontières, on trouvait des gens dans la misère. Des lieux divers où la guerre éclate. Là où les gens meurt dans un putain de cauchemar. Quelque part où le rêve n’est pas permis. Là où le bonheur a fuit. Là, où le sourire et le rire du peuple ont abandonnés la terre. Là, juste chez nos pays voisins. Là, quelque part sur notre misérable Terre. Alors pour oublier, pour fuir notre quotidien. Je vous l’ai déjà dit. » « Vous avez l’air de vous soucier de vos prochains, je me trompe ? » « Non. Je ne me soucie pas, je me révolte. Je me révolte de voir que la vie n’a de prix pour personnes. Ni les gentils, ni les méchants. Enfin si. Il y a ceux qui achètent d’autres humains, ceux qui les traite comme des esclaves. Mais qu’est-ce qu’un esclave ? Vous et moi, on croit le savoir. On pense avoir lu suffisamment d’horreur pour se faire une idée de l’esclave modèle. Mais vous et moi, avons toujours vécu sous un toit alors comment pouvons-nous juger une situation qui ne nous est jamais arrivé ? Alors je me révolte comme vous madame. Je vis chaque jour en me préoccupant de mes soucis familiaux, de mes soucis de fille. Eux je ne les ignore pas mais, je ne vois rien. Je ne vois que ce qu’on me montre. Puis un œil c’est trompeur. On ne voit que ce que l’on nous montre et surtout, on ne voit que ce que l’on veut bien voir. Combien sont les faux magiciens qui nous entourloupent avec leur dite « magie » ? La magie n’existe pas, tout comme mr Harry Potter. » « Quel genre de personnages aimeriez-vous jouer sur scène ? » « Tout. Je voudrais tellement m’inspirer de tout le monde. Un enfant capricieux, une mamie gâteuse, un papy pervers, une africaine à l’accent insoutenable, un hibou… Tout. Le monde m’intéresse. Les gens m’intéresse. Je sais avoir de l’empathie pour les gens. Je n’admet juste pas ceux qui se plaignent de choses stupides quand d’autres n’ont même pas accès à un point d’eau. »



You can Rock'n Roll;

Rosae-Barbara c'est LA perle des perles ! Elle a été admise au Royal College of Arts l’année dernière. En fait, Rosae-Barbara était avec moi en cours il y a de ça quelques années et comme elle avait un appart’ à Londres du coup elle m’a accueilli d’office ou plutôt de force chez elle. Quand t’es en classe avec quelqu’un, tu ne pense connaître la personne et puis, non. Rosae-Barbara est tellement calme et studieuse en cours que je n’aurais jamais imaginé qu’en dehors du lycée elle pouvait être aussi… Fofolle dirais-je. Elle sort souvent, elle ne tient pas en place… Bref, je la redécouvre sur une autre facette. Ca fait même pas deux mois que je suis chez elle alors je vais lui accorder du temps pour essayer de la connaître. En attendant, Je la remercierai jamais assez pour m’offrir une amitié, l’hospitalité et du soutien. Puis en attendant, elle me fait rire et en ces temps difficiles, je dirais que c’est plus que nécessaire pour moi.



Got the Neon Lights;

Parfois on marche et on hallucine complet. Combien de fois je marche et que je m’égare avant d’appeler au secours Rosae-Barabara ?! Combien de fois je pense à mon père et que je fini là où je n’aurais jamais dû ? Combien de fois je manque de finir cul par terre parce que je croirais le voir face à moi alors que c’est tout bonnement impossible ? Et bien c’est autant de questions auxquelles je n’ai aucune réponse précise. Puis il y a cette fille. Aaliyah. J’étais avec elle aux états-unis en cours et puis, du jour au lendemain, elle était absente. On ne l’a jamais revu, comme si elle avait disparu et les professeurs n’avaient trouvé aucune raison à nous donner. Quoi qu’il en soit, j’en avais quand même garder un bon souvenir. Drôle, attachante et surtout magnifique. Magnifique dehors et magnifique dedans. Je ne suis pas gay qu’on se rassure tout de suite mais trop de filles sont jalouses et vont chercher le moindre défaut chez la voisine, moi non. Une fille quand elle est belle, elle est belle, point. Pour en revenir à mon histoire, je sais que j’hallucine trop de fois à voir mon père à chaque coin de rue mais pourquoi j’aurais vu Aaliyah au beau milieu de Londres ? C’est bizarre quand même parce qu’avec le temps j’avais fini par l’oublier mais, je sais pas. Puis quand je l’ai vu, ou non, bien j’ai foncé dans quelqu’un bien trop absorbé par ce que je voyais alors, je ne sais pas trop quoi en penser. Peut-être aussi que c’était simplement quelqu’un qui lui ressemblait beaucoup ? Je ne sais pas. Quoique maintenant que j’y pense, faudrait que j’aille la chercher Aaliyah… Sauf que je viens de taper son nom sur Facebook et je ne trouve personne… Je ne comprend pas.