KESTEBAN

«Oh putain mate le canon atomique à dix heure frère!» Un sourire malicieux signifiant multiples choses s'esquissais sur mes lèvres. «Ouais.» Je marquais une courte pause, prenant le temps de réfléchir. «Et d'ailleurs, parle un peu mieux, c'est ma petite-amie, ok?» Un silence de cathédrale planait sur nos épaules, puis les traits de visage de mon meilleur ami Kenaël s'étirèrent puis se figèrent, laissant place à une expression... indescriptible. «Te fous pas de ma gueule mec.» Je m'esclaffais à mon tour, enroulant mon bras autour de la nuque de cette frisette, puis je fixais la dénommé "petite-amie", Kellin Jane Holloway, du regard. «C'est beau de croire en ses rêves tu sais.» Je me détachais lourdement de mon meilleur ami, passant nerveusement ma main dans mes cheveux, regardant la belle blonde avec des yeux amoureux, mon coeur torturant ma pauvre poitrine, et les joues rougies par ce sentiment indéfinissable qui m'animait. «Kellin n'est pas qu'un simple rêve à mes yeux. Un jour, elle deviendra ma réalité.»

* * *

En fait, je n'ai rencontré Kellin que très récemment, il y a deux semaines environ. Si vous saviez, si vous saviez à quel point notre première conversation a été surprenante. Malgré tout, j'avais déjà remarqué au loin ses courbes féminines, son adorable sourire, ses cheveux coulant en cascade le long de ses épaules fragiles, ses yeux noisettes qui me provoquaient du regard. Avant, c'était purement physique, je ne ressentais que le besoin de la plaquer contre mon corps et de poser mes lèvres sur les siennes, de caresser ses cheveux du bout de mes doigts, en descendant doucement sur sa nuque, puis ses bras, de ne faire qu'un. Mais après notre première entrevue, c'était différent, j'sais pas. Il y avait un truc vraiment étrange qui se passait entre nous, vous allez me prendre pour un gros débile, mais comme si on était lié par une chose, m'étant aujourd'hui encore inconnue. Je ne suis pas amoureux d'elle, c'est trop dire d'affirmer avec insistance que je ressens quelque chose de fort à l'égard de Kellin. Je marchais alors tout le long du parking de l'école, littéralement obnubilé par mon portable. Alors que je percutais in-intentionnellement quelqu'un, une fille d'après ce que je pouvais apercevoir, je me préparais à m'excuser, quand d'un geste furtif, la femme en question m'agrippa le bras, avant de poser ses lèvres contre les miennes. Pris de court, et les yeux écarquillés par la situation quelque peu dérangeante, un fin sourire s’immisça au creux de mes lèvres lorsque je remarquais que c'était Kellin qui m'embrassait à ce moment même. Kellin Holloway. Un rire amusé, mais surtout inaudible, heureusement pour moi d'ailleurs, s'échappa de ma bouche. Toujours abasourdi par la situation, je laissais la jeune femme faire, afin de voir ce qui allait se passer ensuite. Je n'aimais pas trop, même je détestais voyons la vérité en face, les filles qui se permettaient tout avec les mecs, qui se croyaient toute puissantes et tout le bla bla, mais là, c'était différent. «Et bien voilà papa, je te présente mon petit-ami.» lâchait-elle, comme si cela était parfaitement normale. J'arquais discrètement un sourcil, toujours mon sourire satisfait aux lèvres. «Enchanté, monsieur...» J'étirais les traits de mon visage, tendant la main à l'homme semblant être le père de Kellin, puis je jouai le jeu du petit ami parfait avec grande joie. Après tout, cette mise en scène m'amusait particulièrement «Baker. Ravi de même, monsieur.» Je me tournais vers la belle brune, apparemment plus que gênée, plongeant mon regard azur dans le sien. Elle était vraiment adorable, on aurait dit une petite fille qui s'était maquillée avec le rouge à lèvre de sa maman et qui s'en veut d'avoir volé le matériel de celle-ci.

K.P.E.K+N FOREVER BITCH.

«Ce rêveeeeee bleuuuuuuuuuuuuuuuuuu...» Je me pinçais avec force la lèvre inférieure, me retenant de tout mon être de ne pas fracasser la tête de Kamryn contre celle de Pacey, Kenaël ou Noah. Tient, contre celle de Kenaël, ça pourrait être pas mal non ? « Mademoiselle Monroe?» La précédemment nommée "Mademoiselle Monroe" se retournait d'un geste furtif vers moi, battant vulgairement des paupières, sûrement pour se mettre dans le rôle de Jasmine pleine d'amour pour Alladin, continuant à chanter cette mélodie, qui, plus les secondes passaient, plus elle me donnait envie de me suicider. Kamryn. Cette petite brune à la gueule d'ange, qui fait chier tout le monde à l'appartement, et je pèse mes mots. On s'est rencontré quand je suis arrivé à l'université, et on a tout de suite accroché. Enfin, j'sais pas c'est vraiment bizarre, et super difficile à expliquer, à la base pour tout vous dire, je n'aime pas les filles -enfin, j'aime pas les hommes, mais j'aime pas les fille, tu vois? Du moins je ne crois pas en l'amitié garçon-fille. Je trouvais que c'était une philosophie dont il fallait connaître les secrets, pour pouvoir l'exploiter. Et ces secrets, je ne possédais pas réellement l'envie inassouvie de les percer. Mais Kamryn, c'est l'une des seules filles avec qui je me sens bien, qui me comprends, et qui sais faire ressortir le "bon Esteban", et pas ce connard de service qui frappe tout ce qui bouge. Elle me fait sentir moi-même. «Auriez-vous l'aimable obligeance de fermer votre honorable gueule, s'il vous plaît?» Un moment de silence vint animer alors le salon, puis je souris d'un air satisfait, tout en arquant inconsciemment un sourcil, n'accordant aucune confiance à Kamryn. Elle détestait le silence. La belle brune, apparemment calmée, posa sa tête au creux de ma nuque, puis, enfin convaincu qu'elle allait définitivement se taire, elle se mit à hurler dans mon oreille les paroles de Ce Rêve Bleu. Désolé pour le vocabulaire employé, mais quelle garce. Sous le choc du trop de décibel m'ayant réellement explosé les tympans, je clignais des yeux une bonne dizaine de fois de suite, portant ma main à mon oreille gauche. Je secouais frénétiquement la tête de gauche à droite, à la manière d'un chien, et c'est peu de le dire, avant de reposer mon regard sur Kamryn qui elle, me fixait avec ses habituels yeux innocents de gamine de cinq ans. Je poussais un long mais surtout très bruyant soupir, avant de me coiffer nerveusement les cheveux à l'aide de mes mains. «Putain, t'es vraiment...» Je n'eus même pas le temps de finir que Kamryn s'envolait déjà en courant de tout son coeur dans tout l'appartement. «OULALA Y'A TONTON ESTEBAN QUI VA PETER SON CÂÂÂÂÂÂBLE!» L'air furieux se dessinait dans tous les recoins de mon visage, tandis que je me dirigeais le pas déterminé vers la cuisine, croisant Kenaël qui était d'ailleurs en train de s'empiffrer de ce sandwich jambon-beurre. Pas très classe. «Donne-moi ça toi, la frisette. Tonton Esteban va tuer quelqu'un ce soir.» J'arrachais de force le sandwich de mon meilleur ami, avec beaucoup de difficulté d'ailleurs, attrapant en passant une bouteille de ketchup. Je l'ouvris en vitesse, faisant bien attention à ne pas faire tomber l'en-cas, puis je partis à la recherche de Kamryn, cachant mes armes dans mon dos. «Mon petit bébé d'amour que j'aime jusqu'à chez buzz?» Aucun bruit. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me crie un grand Ouiiiiii de toute manière. «Ouiiiiiii?» Surpris, puis exaspéré, je respirais un bon coup, avant de soupirer. «Mais merde Pacey j'parle pas à toi là, va te trouver des amis dans ton lit!» J'éclatais de rire, tout comme Pacey d'ailleurs, avant de me remettre à chercher Kamryn des yeux, tel un tueur en série cherchant la proie à abattre. Je glissais sur le parquet, afin que personne n'entende mes pas, et surtout pas Kamryn, puis un gloussement plus que féminin vint attirer mon oreille contre la porte de la salle de bain. Vive la discrétion j'ai envie de dire. Plus déterminé que jamais, je caressais avec douceur la poignée de la porte, puis je la fit tourner grâce au plus grand des silences. Un sourire narquois s'esquissant au creux de mes lèvres, j'ouvris alors la pièce avec violence balançant le sandwich sur tout ce qui bougeait, ainsi que le sauce tomate. «PUTAIN MAIS MEC QU'EST CE QUE TU FOUS?» Je haussais les deux sourcils, mon sourcil s'agrandissant dès que mon regard se posa sur Noah, qui était en train de se sécher après sa douche sûrement -j'espère du moins. «Ah pardon, j'croyais que t'étais Kamryn.» Je m'apprêtais à partir, mais une dernière pensée me vint à l'esprit. «Et au fait, faut  que tu fasses quelque chose pour ton rire, parce que tu ressemblais vraiment à une meuf quand tu gloussais comme une dinde toute à l'heure là. Mais genre euh vraiment tu vois?» Un sentiment de courroux animant soudain Noah, il prit la première chose qu'il vit, qui était un shampoing au citron et à l'argile, et le jeta de tout son coeur sur moi. Je l'évitais de justesse me servant de la porte de la salle de bain comme bouclier, en m'esclaffant de plus belle. Je vis alors une énorme tarte se diriger tout droit vers mon pauvre visage dès que je me retournai,qui explosa avec beaucoup de grâce je tiens à le préciser contre moi. «Et boum, dans ta faaaaace.» Agacé par la situation, je me mordais avec force la lèvre inférieure, prenant le temps d'inspirer puis d'expirer une bonne bouffée d'air frais, afin de me calmer. «KAMRYYYYYYYN!»
En gros, à l'appartement, voici notre quotidien : déconne déconne délire bouffe déconne gamelle bouffe dodo.