« Ok, restons zen » Les mains posées sur son ventre rebondi, Stella Harris haletait comme un chien alors que les crampes lui déchiraient le ventre. Mon mari, lui, s’agitait dans tous les sens à travers leur énorme appartement du centre de Palerme. Ce couple d’anglais fortunés avait craqué pour l’Italie depuis presque 10 ans et s’apprêtait à y accueillir leur premier enfant dont ils ignoraient le sexe. « J’ai trouvé les chaussons » hurla Paul à travers la porte de la chambre. Sa femme tentait de rejoindre l’entrée mais les contractions s’intensifiaient. « Je crois qu’il faut vraiment qu’on y aille ! ». La poche des eaux s’était brisée et le liquide transparent coulait le long de sa jambe nue. Il lui ouvrit la porte, l’hôpital n’était qu’à quelques minutes en voiture de là. Les cris de douleurs fendaient l’air en cet après-midi d’été. L’accouchement était compliqué mais après plusieurs longues heures de travail, la famille Harris accueillait son héritière, la jolie Thaliya. A peine née, la petite venait de prendre la place officielle de successeur dans l’entreprise de ses parents. Avec toute la tendresse du monde, Paul se penchait sur sa fille, un sourire doux collé aux lèvres. Elle représentait le rêve d’une vie, une bataille pour donner un bout de soit. Sa femme avait eu tant de peine à tomber enceinte, mais il avait désormais entre des mains sa princesse.

« Je vous emmerde tous ! » La porte claqua. Une énième dispute venait d’éclater entre Stella et Thali' au sujet des notes de la jeune adolescente qui étaient pour le moins … catastrophiques. Et pour cause ! La direction venait une fois de plus d’appeler pour notifier aux parents de la brunette que celle-ci se montrait de plus en plus distraire en cours. Mais Thaliya s’en foutait. Quelque chose de bien plus important lui occupait l’esprit, lui serrait les tripes. Ce con. Elle était tombée amoureuse du mauvais garçon. Combien de fois s’était-elle jurée de ne plus refaire la même connerie. Elle ne pouvait rien face à son sourire charmeur et ses belles paroles, elle avait complètement foiré. Lui et elle s’étaient encore prit la tête pour des broutilles, une histoire d’heure à un rendez-vous où le jeune homme avait eu le malheur d’être en retard de 5 minutes. Mais elle était comme ça. Thaly avait été élevée en vraie princesse et elle était exigeante, mais surtout, elle était bouffée par l’amour, la peur de le perdre mais aussi la haine. Bien sûr, c’était le plus beau du lycée, celui à qui toutes les merdeuses faisaient la cour, sous ses yeux en plus. « Putain mais quelle conne ». Elle la sentait monter, cette émotion irrépressible qui lui nouait la gorge. Ses yeux se bordaient de larmes, elle craqua, enfouissant son visage entre ses genoux, recroquevillée dans un coin de sa chambre. Il n’avait jamais vraiment fait quelque chose de mal. C’était cette jalousie maladive que l’anglaise avait tant de peine à contrôler. Il faut dire qu’elle le connaissait depuis toujours et les sentiments ne dataient pas d’hier. Mais elle le voulait pour elle seule. Leur relation n’avait rien de facile. Avec leur caractère fort et entêté, ils se dévoraient mutuellement.

Ses doigts tremblaient si fort que Thaliya peinait à composer le numéro de Giuliet sur son téléphone. « Allo ? Allo ? Thaly, c’est toi ? ». Les sanglots la paralisaient, aucun son ne sortait de sa bouche, elle était comme paralysée. « Giuli .. il .. il faut que tu m’aides ». Les larmes roulaient sur ses joues tel un torrent. Thaliya, assise sur son lit, se sentait emplie de tristesse, de détresse. Pouvait elle au moins faire quelque chose de bien ou de juste une fois dans sa vie ? « Faut que tu viennes chez moi le plus vite que possible, je t’en supplie. ». Sa voix se brisait sous l’émotion. Quelques minutes plus tard, on sonna à la porte. C’était les yeux noircis par les pleurs que Thaliya ouvrit la porte à sa meilleure amie, qui s’empressa de la prendre dans ses bras. « Mais qu’est ce qu’il se passe mon cœur ? ». Elle lui coula un regard inquiet mais l’anglaise se contenta de baisser la tête avant de s’effondrer dans ses bras. Elles rejoignirent la chambre. « Je sui enceinte, mais il ne le sait pas, et il ne doit pas être au courant, ou il me tuerait ! ». Après la tristesse, c’était la panique qui prenait part de la jeune femme. Un test de grossesse positif jonchait le sol. Thaliya le tendit à son amie, qui ne savait visiblement pas quoi dire. « Tu veux avorter ? Je peux t’accompagner.. ». Elle attrapa sa main pour se montrer réconfortante mais Thaly la retira sèchement. « C’est impossible, mes parents vont le savoir, je suis mineur. ». « T’en fais pas, je connais du monde là-bas, on fera ça discrètement. ». Giuliet attrapa le manteau de son amie qu’elle déposa sur ses épaules et les deux jeunes femmes se mirent en route. Thaliya savait que tout était de sa faute. Elle avait trop bu ce soir là, lui aussi, elle s’était rendue compte qu’il avait oublié la capote mais elle était trop stone pour réagir. Et voilà, elle se retrouvait dans la merde jusqu’au cou. Une heure plus tard, elle se retrouvait dans la position la plus gênante qu’elle n’avait jamais eu à vivre, les jambes grandes écartées sur un lit d’hôpital avec un médecin visiblement surpris de voir une adolescente dans cet état. Elle n’avait même pas eu le temps d’enlever ses traces de mascara qui marquaient son visage. Une expression de douleur figea son visage. « Voilà c’est fait. ». L’homme face à elle jeta une petite boule rouge dans la poubelle, Thaliya était pétrifiée de ce qu’elle venait de voir.

Un beau matin, ça lui était tombé sur la tête. Il était parti, comme un lâche, sans prévenir. Londres. Pas New York ou Paris, Londres. Tamara avait toujours rêvé d’y étudier et il avait prit la poudre d’escampette sans même la prévenir. Elle était dévastée. Lorsqu’elle apprit la nouvelle, elle lâcha son téléphone sur le sol de sa cuisine avant de fondre en larme. Il la tuerait, elle mourrait d’amour pour ce connard. Mais inconsciemment, il lui manquait. Elle trouva le moyen de faire payer à ses parents le loyer d’un luxueux appartement dans le centre ville de Londres, prétextant une envie folle d’aller y étudier, ce qui n’était pas totalement faux, mais elle savait qu’elle risquait d’y retrouver l’homme de sa vie. Mais Thaylia avait peur de sa propre réaction. Après tout ce qu’ils avaient vécu mais aussi tout ce qu’il lui avait fait subir, pouvait elle encore l’aimer normalement, mais surtout, avaient ils un avenir alors qu’elle laissait derrière elle sa famille et ses amis pour le rejoindre ?