Téa et moi ? On s'est rencontré là-bas. A vrai dire, depuis le premier jours où je l'ai vu, j'ai sus qu'elle était spéciale, qu'elle était pour moi, mais ça, je ne lui dirais jamais. C'est comme si elle m'était destinée. Comme si mon destin était de la protégée, toute ma vie.
Au début, elle ne m'aimait pas, et j'essayais de me persuader que... moi non plus. Elle était très secrète et renfermée, mais elle m'attirait. J'ai réussis à savoir qu'elle était comme moi... bipolaire. C'est pas la joie mais, je me disais que c'était au moins un point commun. On avait tous deux un passé de dépressifs. C'est très dur, mais je crois que c'est ce qui nous a rapproché.
On a jamais été plus loin que ça, disons que notre relation tournait au « je t'aime, moi non plus, puis en fait si, mais finalement je n'ai plus envie. » C'était compliqué, chiant, dur, mais on s'aimait, je crois. On ne se l'ait jamais vraiment dis, vous savez... « je t'aime ». Et on ne se le diras surement jamais. Je me rappelle d'une chose, c'est mon départ du centre. C'était comme un soulagement très douloureux.


Il était seize heure, il était l'heure de partir. Je n'en avais pas envie, je n'en avait pas le droit. Mais on me jetais à la porte. Je n'avais pas le droit de la laisser là. Seule. Perdue. Entre ces gens qui ne la comprennent pas, qui ne la protègent pas. Je devais rester, mais je ne pouvais pas. Je n'en avais pas non plus l'envie, je ne pouvais plus la supportée, avec ses caprices d'enfant trop gâtée. C'était un soulagement de partir enfin d'ici, d'être soigné, de renaître. Mais comment prendre en compte le fait que je laissais derrière moi celle qui m'avait tant aidé, celle à qui je devais tout ? C'était comme un soulagement très douloureux.
Je tenais en mains quatre roses, pour lui donner. Pour qu'elle ce souvienne du jour où elle fût libérée du boulet que j'étais à son pied. Je l'attendais là, au pas de la porte, avec mes quatre roses dans la main et ma valise au pied. Quand je la vis arriver, je ne pus m'empêcher de décrocher un sourire en coin. Je me grattait le derrière de la tête.

Qu'est-ce que t'as à sourire comme un teubé ? Lança-t-elle, presque furieuse.
Rien rien, dis-je, comme habitué.

Elle s'approcha doucement, comme à son habitude. Elle me fixait de ses yeux verts, ses cheveux tombaient en cascade sur ses fines épaules. Elle était belle, même dans la vielle robe moche de l'hôpital. Elle fixait maintenant le bouquet.

C'est pour moi ? Souriait-elle, sûre d'elle.
Non. Répondis-je, sec.
Ah.
Je rigole. Oui, c'est pour toi Téa. Dis-je en lui tendant le bouquet.
Pourquoi toutes ces couleurs ? Dit-elle, surprise.
Une rose peinte en noir parce que tu n'aimes pas les choses normales, une jaune parce que c'est ta couleur préférée, une rouge pour faire classe et une blanche pour la couleur de ta robe du centre. Débitais-je, gêné.
Oh. répondit-elle, simplement. Elle sourit.
Quand elles seront toutes fanées, je cesserais de pensé à toi. Adieu, Téa.

Je la quittais comme ça, je déposai simplement un doux baiser sur son front avant de m'en aller, pour respirer le doux parfum caramel de ses cheveux d'or. Ce qu'elle ne savait pas, c'est que l'une de ses roses était fausses. Elles ne faneraient donc jamais.