D’un  côté, il y a les gens pour qui tout va bien, qui ont une vie de prince ou de princesse sans faire aucun effort, sans bosser dur pour arriver à leurs fins. Ils laissent aller et ils s’en tirent bien la plupart du temps. De l’autre côté, il y a les gens à qui la vie ne fait pas de cadeaux, qui ont sans cesse des problèmes, allant de petits soucis à des choses complètement inimaginables. Et entre les deux, il y a moi. J’ai des soucis, mais je le vis bien. J’ai ce qu’il me faut, mais tout n’est pas toujours rose. Je vais vous raconter le pourquoi du comment. Vous expliquer les choses qui ont fait de moi qui je suis en omettant tous les détails dont vous vous fichez pas mal et qui ne valent même pas la peine d’être racontés. Soyez les bienvenus dans mon monde.

« Bonjour Trevor. » Matt, mon père.

Voici un chapitre dont je ne me souviens plus le moins du monde, mais dont j’avais quand même besoin de parler, rapidement. Je suis né un vingt-deux mai, quelque part il y a une vingtaine d’années. Un peu plus, en réalité. Vingt-trois. J’étais le premier enfant de mes parents, Matt – surnom dérivé de Matthew – et Catherine, ma mère, la plupart du temps surnommée Kate. Je suis né en plein cœur de Londres, tout comme la petite sœur et le petit frère qui ont suivi, quelques années plus tard. Et même si l’écart entre eux et moi n’est pas très grand – à savoir, trois ans, puisqu’ils sont jumeaux – on était quand même complètement différents, malgré le fait que je m’entende à merveille avec eux. Voilà pour le chapitre famille, et maintenant passons à autre chose, je vous prie.

« Trevor, laisse ta guitare là où elle est et fais tes devoirs ! » Kate, ma mère.

Voilà une passion que j’ai depuis que je suis tout petit. La guitare. Cet instrument m’a toujours fasciné et j’avais beaucoup de mal à m’en passer, encore toujours d’ailleurs. Je jouais dès que j’en avais l’occasion et j’étais doué, qui plus est. Alors ma famille et mes amis ne s’en plaignaient pas, ils me faisaient simplement remarquer de temps en temps qu’il n’y avait pas que ça dans la vie et que je devais me reprendre si jamais je voulais arriver à quoi que ce soit.

D’ailleurs, les études, parlons-en. Je n’ai jamais été très intéressé par les cours et j’avais du mal à les suivre, préférant de loin rêvasser et attendre avec impatience la fin de la journée. Je n’étais pas le pire élève de la classe, simplement… effacé, disons. Il y avait moyen que j’y arrive et que j’obtienne de bonnes notes, mais c’est dans ma tête que ça n’allait pas. Je ne me voyais pas passer des heures sur des sujets qui ne m’intéressaient aucunement et je ne me foulais donc pas de ce côté-là, au grand dam de mes parents. Mon frère et ma sœur, eux, se débrouillaient à merveille et j’ai souvent été forcé à faire comme eux, mais je ne voulais pas et mon côté têtu y était très certainement pour quelque chose.

« Trevor, tu viens jouer ? » Jonathan, un ami d’enfance.

Autant pendant les heures de cours j’étais totalement désintéressé et tout sauf actif, autant pendant les récrés, c’était complètement différent. J’étais assez populaire et assez charismatique, d’ailleurs j’aimais parler devant les autres et je n’avais aucun mal à le faire. J’avais beaucoup d’amis et certains sont restés, d’autres non. C’est la vie. Comme je le disais, j’étais très ouvert et je suis sûr que ça vous étonne. Pourquoi ce n’est plus le cas aujourd’hui ? Attendez quelques instants encore, nous y venons.

« Et si on formait un groupe ? » Oliver, ami proche.

Oliver était un de mes meilleurs amis de l’époque. On était comme des frères tous les deux et on passait notre temps libre ensemble, en même temps qu’avec deux autres gars. Il était musicien lui aussi, mais était plus doué au piano qu’à la guitare et les deux autres étaient bons à la batterie et au chant. Ca semblait pourtant évident qu’on soit prêts  à monter un vrai groupe comme dans les films, mais personne n’avait encore proposé l’idée à voix haute, étrangement. Pourtant, le résultat ne se fit pas attendre et nous composions de petites chansons plutôt simples mais avec un bon rythme et je m’amusais à écrire les paroles, juste pour rire. Pourtant, les choses se sont rapidement concrétisées et on nous appelait de temps en temps pour donner de petits concerts dans les bars locaux, chose qui nous motivait à fond et nous nous donnions à fond pendant ces moments-là. Ca permettait de se défouler et d’oublier pendant quelques moments les petits soucis de la vie, pas encore très importants à l’époque, surtout comparé à ce qui allait m’arriver dans quelques années, mais ça nous permettait quand même de nous évader un peu.

« Trevor, rentre à la maison s’il te plaît… C’est maman. » Matt, mon père.

C’était il y a un an. Même si la blessure a commencé à guérir, la cicatrice restera à jamais gravée dans mon cœur, ainsi que les bons souvenirs et les moments de plaisir passés avec ma mère. Elle a eu un accident de voiture, une collision entre sa petite voiture et un camion, le chauffeur ayant trop bu. Il survivait et elle mourrait. C’est là que je me suis rendu compte à quel point la vie était injuste et que la mort était proche. Cette nouvelle m’a changé du tout au tout : je me suis renfermé sur moi-même, je suis devenu timide et presque inapprochable, même si ça va déjà un peu mieux, mais ce n’est pas encore ça. Je ne fais plus confiance aux autres et j’ai peur en marchant dans la rue, peur que je subisse les mêmes horreurs que la femme que j’aimais le plus au monde. Pendant des mois, j’étais complètement déprimé, effrayé, abandonné par certains. Mais d’autres sont restés près de moi tout au long de cette période difficile et c’est eux qui m’ont aidé à surmonter tout ça. A me reprendre, à sourire à la vie, à la revivre pleinement. Et je ne leur en serai jamais assez reconnaissant.

Voici une partie de mon histoire. Londres, amis, ennemis, évènements, musique. Tant de mots qui font partie de moi, qui me décrivent. Il y a encore énormément d’autres choses à savoir mais vous découvrirez ça au fur et à mesure, très certainement, si vous en avez envie… Et n’oubliez pas : carpe diem, profitez de la vie parce que dieu sait à quel point elle est courte…