Alors voilà, je vais essayer de vous expliquer qui je suis..- c'est pas gagné . Aussi loin que je me souvienne, je n’ai pas toujours été aussi extraverti que je n'y parais. Je dois une partie de ma folie à quelques amis dont je vous ferais élogieusement les présentations un peu plus tard. Pour le moment, je dois parler de moi et de moi uniquement. Mon père est un poney bleu et ma mère une licorne doré. Il peut pas me supporter plus de cinq minutes et elle m’adore plus qu’elle ne s’aime elle-même. En fait, je dois cela à mon air de « Diva » comme il aime l’appeler… « toi la Diva on t’a rien demandé » est d’ailleurs l’une de ses phrases favorites depuis quelques temps. Bref, il ne m’aime pas. Je pense que c'est quelque chose qui atteint toutes les personnes dans ma situation. Les pères sont toujours présents quand t'es gosse. En grandissant, ils perdent les mots. Pour un peu que tu sois différent alors là, c'est terminé. Ma mère elle, n'essaye pas de savoir ce que je suis. Je suis son fils, Pacey et si j'ai besoin de quoi que ce soit elle est là. Même si je suis comme tous les sales gosses pour la traîner dans les magasins à baver sur des vêtements et que ça la force à sortir le porte-monnaie. Je sais qu'elle est toujours là pour moi et c'est ça qui fait d'elle la première femme de ma vie. Je lui confie beaucoup de choses, j'essaye de lui rendre le sourire quand quelque chose ne va pas avec papa et j'espère qu'elle est heureuse dans sa vie. En parlant de femme, n'essayez pas de savoir si je suis gay ou hétéro. Essayez plutôt de savoir qui je suis sinon, vous ne pouvez pas comprendre.

Pendant longtemps, trop longtemps j'étais sur la réserve. Toujours au fond de la salle de cours, tout seul, tête baissé à fuir les autres ou plutôt, le regard des autres. Je dessinais des petits bateaux sur l'eau pendant que mes camarades de classes s'imaginaient réaliser des dragons, dinosaures ou autres bestioles terrifiantes. Pendant qu'ils accidentaient leurs petites voitures et motos, moi je les alignés de sorte à éviter les accidents. Quand ils bouffaient les barbies de leurs sœurs avec leurs dinosaures plein de feutres, je regardais les dessins animés sagement assis. Les seuls moments de folie que j'ai du avoir c'est quand j'ouvrais mes kinders surprises! Ca me rendait fou ces trucs! J'attendais le lendemain avec impatience juste pour ouvrir la surprise! Je sais, c'est n'importe quoi, mais j'étais môme pour ma défense! Puis l'autre fois où je devenais fou c'est quand mon père me déposait au foot. Ou plutôt, c'est lui qui devenait fou. Il criait depuis les gradins totalement défait de voir que son fils était comme un lampadaire: planté au beau milieu sans bouger. Il n'y avait pas que lui que cela rendait fou tout compte fait. Ma mère devenait folle d'inquiétude en me voyant rentrer couvert de bleus et de sang, mon entraîneur lui c'était parce qu'il avait tout essayé... J'ai jamais été pour la violence et je ne le serais jamais. Je suis comme un petit ours en chocolat: d'apparence j'ai l'air costaud mais si tu creuses, je suis tout mou, très mou ou moelleux si tu préfères.
Mon père a fini par abandonner tout espoir de me voir passionné par un sport. Le seul que j'avais c'était de prendre ma balle rebondissante -celle que tu tiens très facilement en main, la toute petite, très coloré ou transparente qui explose quand tu la lances trop fort- et de la jeter contre le sol. Je trouvais ça relaxant pendant les trente premières secondes mais au-delà ça m'épuisait. Puis une fois je l'ai prise dans la gueule! Rigoles pas, c'est pas drôle! Ca fait mal ces merdes! Après j'ai touché aux jeux vidéos. Mario, Sega, Pokémons, Bomberman... Je suis sure que si je disais « mega drive » plusieurs d'entre vous se demanderont ce qu'est cette chose. C'est une console. Une des premières que j'ai eu. Ca m'occupait le temps que ça m'occupait. Toujours sans violence, je jouais à Sonic, les Schtroupfs et ce genre de jeux... Les pokes et les cartes pokémons qu'on s'échangeait entre mômes moi ça me sortait par les trous de nez. Je savais qu'en plus je n'allais jamais les garder à vie avec ma chambre totalement bordélique alors autant abandonner tant qu'il en est encore temps. Oui j'étais bordélique et alors? Qui ne l'a jamais été?

Bien sur, j'ai grandi. Aujourd'hui j'ai un petit peu envie de rire de tout ça mais je me contente de sourire. On a pas que des bons souvenirs du passé alors parfois, il vaut mieux le mettre de côté. Le lycée par exemple, a été un enfer pour moi. Je ne dis pas ça parce que je devais prendre le bus pour regagner la maison et donc, croiser tous les jours les mêmes têtes brûlés qui te jettent du chewing-gum dans les cheveux, ceux qui te tapent sans raison, qui t'insultent pour passer le temps, qui te menacent de mort un jour et qui t'ignorent le lendemain... Je sais pas si c'est ça pour tout le monde mais pour moi, le lycée ne m'a rien appris et en plus, je l'ai très mal vécu. Mon père et moi on se perdait de plus en plus niveau relationnel, ma mère tombait dans l'inquiétude la plus totale et en prime, on s'inquiétait de me voir entouré d'une à deux filles maximum pour seules amies. Si l’on y réfléchit bien, il y en a deux, deux qui étaient là depuis le collège. Deux garçons oui. Esteban et Noah.


Au final, quand je repense à Esteban et Noah, je crois que si. Si, aujourd'hui je suis toujours aussi calme et réservé d'apparence. Je ne m'adresse pas aux inconnus, je ne traverse pas sans regarder la route trois fois, je ne traverse pas non plus quand c'est rouge même si ça vaut un foutage de gueule complet chez mes trois colocataires et même Kamryn -je vous ferai les présentations avec cette folle plus tard. Je suis comme ça, sauf quand je suis avec eux ou avec les gens que je connais vraiment bien. Ma mère c'est un peu différent, je me vois pas trop lui parler de licornes. Pour en revenir aux deux autres qui ne sont que des amis, je les aime beaucoup. Vraiment beaucoup. Au collège, on se fréquentait surtout pour les devoirs communs et les jeux vidéos. Plus pour les jeux vidéos tout compte fait.

« Bébé steuplait » « quoi ? » « aller » « et si je veux pas ? » Là, c’était encore moi qui passait l’aspirateur et qui bataillait avec Esteban. L’embrouille c’est que bébé il reste assis et il ne bouge pas l’orteil. En soit, je m’en fiche comme de Jésus Christ –oupas- mais il pourrait au moins lever ses pieds tu vois. Non. Il ne veut pas, vraiment pas. « Attends attends » Quand je dis ça en général, c’est pas bon signe les mecs le savent. Pourtant, c’est branleur qu’il se fait. Dans un claquement sonore l’aspirateur a touché le sol. Je me suis tourné vers Esteban et j’ai déplacé le canapé. Je sais je suis trop fort. Surtout quand il s’agit de le reposer sur mon doigt de pied. « AH putain bébé j’ai mal ! » C’est que il me regardait d’un air celui-là ! « Fais quelque chose steuplait ! » Là aussi c’est branleur qu’il se fait. Si c’était Kamryn ça ne se serait pas passé comme ça. Moi, tout le monde s’en fout. « Mais j’ai mal là » Toujours et encore rien. « je vais pleurer là ! » Là aussi c’était toujours rien. Du coup, plutôt que de me plaindre encore dix minutes, j’ai repris le ménage. Personne n’y avait songé depuis l’année des Spice Girls. Poussière, traces de pas, nourriture périmé… Rien, il n’allait rien rester! Pour Esteban, il payera plus tard. Là c’était au tour de Noah de me chercher… « Pacey fais-moi à manger » « quoi ? non mais t’as craqué ton string toi » « aller » « mais non je vais pas te faire à manger, ça sert à quoi ? » « steuplait… » « o-k. Tu te fous de ma gueule ? » « non » « aller » « aller là » « arrêtes » Noah se met à me chatouiller, c’est pas juste. Pas juste du tout même. Il pourra toujours voir avec Esteban pour ça. Je fais le ménage, je fais la lessive par contre, cuisiner gras… Bouuh ça m’écœure !

A l’époque, c’était déjà comme ça. Je me laissais faire avec les deux. Je cris et criais comme une fille. « AHHHHHHHH » « j’ai plus d’oreille ça y est » « quoi ? » « une araignée, une areignée ! » « mais reffgvhf .. lâches-m… gfgbcjvt…  tu m’ét..ffes… !! » J’étrangle à moitié les gens aussi par peur qu’ils ne me laissent tout seul avec ces monstres poilus. Je ne supporte pas les bestioles. Ni le noir. « Esteban je peux dormir avec toi ? » « quoi ? non » « steuplait j’ai peur du noir là » « non » Là tu as un coussin qui vole et Noah qui m’insulte de je ne sais pas trop quoi. « J’ai peur du noir steuplait steuplait steuplait steu.. » « tu fermes ta bouche et si tu me réveilles je t’éclate » « ouuuaaiiiis » ou comment gagner gain de cause. Que voulez-vous, on est Pacey ou on ne l’est pas. Dans la nuit un orage a éclaté, j'ai du étrangler Esteban au moins cinq fois. Six fois si on compte la fois où il a essayé de s'extirper du lit.

Le lendemain, tout était oublié grâce à mon incroyable talent de blagueur. Pour commencer, je me suis levé -oui parce qu'on vit ensemble depuis un petit moment avec les mecs. Chantant et sautillant dans l'apart' tel un kangoo je préparais mes céréales maigres en matières grasses tant dis que ces hommes me regardaient désespérés en s'empiffrant de nutella et d'autres substances. Normal. Ensuite, on s'est pointé sur le banc en bas de chez Kamryn. Ma clope à la main. « Ca pue ton truc » « c’est toi qui pue baby » « dès le matin Pacey t’es sérieux ? » « quoi ? »  Quoi dès le matin? Il me faut au moins ça pour supporter les rigolos qui vivent avec moi. Puis les cours. Le midi c'était Domac. Je prend une salade et un tea. Je fixe Esteban alors et je fais ma blague du jour, pour pas changer. « Pourquoi les pêcheurs sont-ils maigres ? » Il me regarde perplexe.  « Car ils surveillent leurs lignes ! » Ou comment partir en beauté. Mais ils aiment mes blagues. Comme ils m’aiment.


Y a Kenaël aussi. Alors, il faut que je vous dise déjà que ça fait que quelques mois qu’il est avec nous. Ca ne change rien à mon histoire,  je l’aime aussi beaucoup lui. On rigole bien, on se soutient et on vit bien. Il peut bien se moquer de moi parce que je suis plutôt maladroit et mauvais joueur mais un jour, j’y arriverai. Ricane comme un caneton le jour pleurnichera discrètement la nuit. Kenaël et moi c’est toute une histoire, deux grands mais très petits gosses. On enchaîne ânerie sur ânerie. « Salut mon mignon » « Comment vas-tu ma belle licorne ? » « on regarde le roi lion ? » « ok je sors les kleenex… ». C’est trop la tehon pour lui qu’on pleure devant nos disney préférés mais en même temps, c’est drôle à voir ! Il est là, je suis là, on est là sur le canapé l’un sur l’épaule de l’autre à pleurer, chanter, rigoler… Notre âme d’enfance est un outil inestimable, ne la sous-estimez pas. Faites pas comme les deux autres que dis-je : trois autres qui se moquent de nous. « Me dites pas que je vois ce que je crois que je vois putain ! » « Oh pu-tain.. » « Pitié me dites pas que vous regardez encore ça  les gars… ». C’est le genre de moment où on est censé n’être qu’à deux pour pas subir ce genre de dérangement. C’est pour ça que la plupart du temps Kenaël sèche vite fait ses larmes pour éteindre le téléviseur pendant que moi je me tourne vers mes colocataires ainsi que mon bébé brun pour inventer tout une histoire. « Non mais c’est pas ce que vous croyez mes babyyys. En fait… » « Non, c’est pas comme si vous nous faisiez le coup toutes les semaines ! » « Kenaël quoi… » « Y a quoi à bouffer ? » « Non mais crois-moi s'teuplait! Merci ».

En plus de ça c’est qu’elle se fait pas chier celle-là ! Elle vient chez nous pour bouffer, sympa. Bref. Il y a des fois aussi où je le fais chier le petit chéri. Quand on est dehors la plupart du temps. Sur un banc, lui, moi, les gars à attendre Kamrym. Je sors une clope ou plus si affinités en attendant mon bébé brun et je fais ma super Diva. Déjà ils sont obligés de me laisser une place sur le banc sinon je râle. « Non mais tu me laisses ta place c’est tout » « T’avais qu’à arriver le premier » « Non mais tu me laisses ta place merci » « non » « steuplait » « non » « ok bah je pleure » « non » « laisses-moi ta place alors » Ou comment obtenir sa place assise. Puis une fois assis confortablement, je continue à l’embêter. Fumée de cigarette craché à la tronche et des « mais kesta aujourd’hui ? T’as tes règles ou quoi ? » pour lui, le pauvre. Je rigole. « Bon elle fait quoi Angelina Jolie ? Elle baise avec un keum ou quoi ? »… Réflexion faite, j’aurais pas du dire ça à voir le regard meurtrier de Kenaël. « Quoi ? C’est vrai » « tais-toi » « oh lala changes de tampax mon chéri.. ».


Et puis il y a deux ans, j'ai rencontré la Jane de ma jungle. Je ne suis pas Tarzan, je suis plutôt Totor l’éléphant. Kamryn. Kaka Boudha Choubaka. Ma chérie de mon coeur. Une folle qui est la deuxième femme de ma vie. Je veux dire, on est pas ensemble! Là ça porte à confusion mais non, non. On est juste très proches et si je devais avoir une petite sœur je la choisirais. « J’aimeuh les licorneuh… » « En parlant de licornes ! Tu vas écouter mon histoire cette fois ! »  « Mais j’ai pas envie d’écouter ton histoire ma chérie ! » Elle est folle celle-là. C’est toujours comme ça de toutes façons. Elle va se vexer, moi je vais me mettre à rigoler et dans les prochaines minutes ou secondes à venir elle va aller embêter un des colocataires ici à présent pour une nouvelle tentative. Il faut toujours mais toujours, qu’elle se lance dans des histoires sans fin. Il y a deux ans de ça, on l’aurait écouté mais depuis on a largement compris son délire. On a tous un pet au casque mais quand même ! Un peu de silence je vous prie ! Je suis mal placé pour dire ça quand on sait que le matin tu me vois virevolter dans l’appartement en chantant de vive voix mais voilà. Puis au moins c’est drôle, on se balance même des coussins dans la gueule. Alors que Kamryn ses histoires elles sont sans fin, pas drôles et même inquiétantes. « Tu lâches mon amie s’teuplait. Tout de suite. » Oui ça m’arrive d’être presque violent. Je ne supporte pas les lourds qui s’approchent de Kamryn et qui la font chier, clairement. Ils peuvent aller faire chier qui ils veulent mais je serais toujours là pour mon bébé brun. Je parle de Kamryn oui.On ressemble à un vieux couple périmé. On se cherche, on se mord parfois, on s’aime bien mais pas trop. Bref, c’est ma meilleure amie pour toujours.

En deux ans, elle a pris une place importante. Que ce soit dans la tête ou dans l’appart. Elle squatte le moindre moment de libre qu’elle a. Puis on est pas idiots. Kenaël c’est comme le chat poté. Quand il voit Kamryn c’est comme si on voyait Jasmine et Alladin. Sous le ciel de crystal oui oui. Putain. Faut que j’aille chanter moi maintenant. « Qu’est-ce que tu fais ? » « Je fais quelque chose. » « Quoi ? » Ne jamais dire « rien » à Kamryn, première rule du monde. Après, t’es obligé de l’écouter raconter je ne sais quoi comme ragots. Bon d’accord, il y a des fois, je suis pas le dernier à ramener des potins croustillants. Et alors ? « Hey t’as vu ! Le gars à droite là… Il arrête pas de mater Esteban. » Un fou rire incontrôlable m’a pris en plein milieu du cours. Kamryn a suivi peu de temps après.  C’est toujours comme ça : tu mets Kamryn à côté de moi et c’est le Wave ! En prime tu nous offres Esteban, Noah et Kenaël derrière et devant nous et c’est le Wave XXL. On est jeunes, cons et génération textos.

Puis le midi Domac avec Kaka Boudha Choubaka c’est pas vraiment mieux. En général c’est toujours la même histoire. On arrive en courant parce que c’est toujours la  blinde et on bataille pour être le-la première à être servi. Alors Kamryn passe la première parce qu’on reste galants des fois –surtout moi en fait- Ensuite il y a moi Esteban en train de se bousculer face au comptoir, Kenaël saute comme un kangoo pour voir le menu et Noah traîne toujours un peu plus lien. Il y a des jours où c’est différent bien sur. Là j’arrive mort de rire à table pour rejoindre ma chérie. « J’en ai une Kam !!  Les femmes, c'est comme le café : au début ça excite et après ça énerve.» Ou comment se prendre des frites bien grasses dans la gueule. Je venais juste de la raconter aux boys donc forcément, j’étais fier de moi. Puis Kamryn c’est différent, rien à voir. Si elle me gonflait, je ne serais pas en train de blaguer avec elle. Puis elle les aime mes blagues sinon, elle ne rigolerait pas au moment présent.