« Vas-y tu me saoules, j’me casse ! » hurlais-je à l’intention de ma mère, qui pour la énième fois me demandait de faire mes devoirs. Je lui avais répondu pour la énième fois que j’avais rien à faire. Me dirigeant vers la porte de sortie, je pris les clés de ma Nissan Skyline, alors que je l’entendais me dire : « Kimberly, je t’interdis de prendre ta voiture. Si tu veux sortir de cette baraque libre à toi mais sans ta voiture. » Je soupirais. Quelle autorité ! J’ouvris la porte et tout en commençant à franchir le seuil, je lui lançais : « Ah ouais ? Et tu vas m’en empêcher comment ? En me poursuivant avec ta clio toute pourrie qui avance pas ? J’te souhaite bien du courage ! » Je claquais ensuite la porte alors que je l’entendais râler. J’appuyais sur le bouton de l’ascenseur mais vu que ce dernier n’arrivait pas assez vite, je descendis les escaliers quatre à quatre jusque dans les sous-sols. Je montais dans ma voiture, mis le son à fond et démarrait sur les chapeaux de roue. Je commençais sérieusement à en avoir marre de ma mère, qui se prenait pour Madame je-sais-tout.

Je n’avais jamais eu l’habitude de respecter les limitations de vitesse. Je roulais vite mais je maîtrisais ce que je faisais. Je roulais pendant une bonne vingtaine de minute, sans vraiment avoir de but. Le pire c’est que lorsque j’étais énervée, je roulais encore plus vite que la normale. J’avais un sentiment de puissance lorsque je conduisais. Même si je savais que je risquais de mourir à chaque virage que je prenais dix fois trop vite et beaucoup trop serrés, j’avais l’impression que rien ne pouvait m’atteindre. Néanmoins, je décidais finalement d’aller faire un tour chez Charlotte. Elle et moi on était vraiment pas issus du même monde : elle était la fille de bonne famille, moi j’étais la « pauvre » qui vit par procuration à travers sa voiture. Parce que ouais, au-delà de ma passion pour le Tunning et les voitures, je n’avais rien. Je finis par arriver chez elle. Je garais ma voiture en marche avant, juste devant l’entrée de mon immeuble. Les créneaux ce n’était vraiment pas fait pour moi et si je pouvais me la péter ne serait-ce que deux minutes avec ma Skyline, j’en profitais. Je me regardais une dernière fois dans le miroir au-dessus de mon volant, refit avec un liner la petite étoile, sous mon œil gauche, que j’avais pris l’habitude de dessiner depuis quelques jours. Ouais, j’avais mon propre style et je l’assumais totalement.

Après avoir jugé que je pouvais sortir sans avoir l’air d’une plouc, j’ouvris ma portière et la referma derrière moi. En sortant de ma voiture, je remarquai que j’avais encore gardé mon jogging puma. Tant pis. Ca ne me gênait pas de sortir en mode sport comme ça. Et puis qu’on se le dise, si certaines personnes me trouvaient mal habillées, ça me passait six pieds au-dessus de la tête. Je passais derrière l’un des voisins de Charlotte, histoire que je n’ai pas à appuyer sur l’interphone et montait les escaliers, jusqu’à son étage. Une fois devant sa porte, j’appuyais sur le bouton de la sonnette et m’adossait contre le mur à côté de la porte, les mains dans les poches. J’attendais qu’elle vienne m’ouvrir.

Ma mère m’avait énervée. Elle n’avait pas compris que je me moquais royalement de mes études ? Elle n’avait pas compris que dans dix ans, je roulerais à plus de 400 kilomètres/heures sur des circuits automobiles ? Et puis, qu’est-ce que ça pouvait lui faire que je fasse mes devoirs ou non ? Je n’étais pas faîte pour les études, ce n’est pas de ma faute tout de même. Quoi qu’il en soit, j’étais partie en claquant la porte. J’étais le genre de fille assez impulsive. Je pars au quart de seconde et ceux avec n’importe qui. Ça m’avait valu plus d’une visite chez le directeur ce comportement là mais je m’en moquais. J’étais rebelle, je pensais avoir tout vu et tout fait. J’avais pris ma voiture et était arrivé en quelques minutes chez Charlotte, alors qu’on habitait à l’opposé. Moi et les excès de vitesse, on était vraiment amis. Et puis, j’avais l’habitude de conduire vite. Ma voiture garée en bas de chez elle, j’étais montée par les escaliers. Ce n’était pas prudent de laisser ma Skyline dehors comme ça mais tant pis. Je n’avais pas le temps de chercher une place. Une fois que j’eus appuyé sur le bouton, qu’elle eut ouvert la porte et qu’elle me laissa entré, je me dirigeai vers le salon. Je répondis à Charlotte :

« Nan mais j’crois que je vais venir habiter chez toi. Ma mère elle m’a saoulé là ! » Je marquais une brève pause, juste le temps de prendre place sur le canapé. J’avais toujours fait un peu comme chez moi, chez Charlotte. J’y passais énormément de temps, il fallait bien l’avouer. Je lui demandais alors : « Et toi, tu faisais quoi ? Je t’ai pas dérangé au moins ? »

On était complètement différentes toutes les deux mais on s’entendait super bien. Elle était plus riche que moi, c’était la fille de bonne famille. Le genre de personne que je déteste par-dessus tout mais elle, elle était différente. Elle n’avait ces airs hautains que certains peuvent prendre parce qu’ils ont de l’argent. Au pire, le jour où ils n’en auront plus, il se retrouvera dans une sale situation. Les rôles seront peut-être inversés ce jour-là. Je pris la première feuille qui trônait sur la table, plus par curiosité qu’autre chose. Je remarquais que c’était l’un de ses cours. Je soupirais et lançais :

« Je sais pas comment tu fais pour apprendre ça. Moi, une chose est sûre, après cette année, j’arrête le lycée que j’ai mon diplôme ou non. »

Je détestais les cours purement et simplement. Le seul truc qui m’intéressait, c’était les voitures, les courses, braver l’interdit. Et ça, jusqu’à preuve du contraire, il n’y avait aucuns diplômes qui permettaient de faire cela. J’attendais que Charlotte me réponde tout en reposant sa feuille de cours sur la table. Je jetais un bref regard sur le télé pour voir l’émission qu’elle avait mis.