Aoutch putain ! Mais depuis quand il y a un foutu truc pour les parapluies dans l’entrée de cette baraque. Je laissais échapper un juron et tentait de continuer ma route tant bien que mal jusqu’à ma chambre. Depuis quand ma chambre était aussi loin déjà ? Soudain la lumière du salon s’allumait et je cachais mes yeux avec ma main. Une main forte s’empara de mon poignet une autre agrippa mon menton. Le regard de mon oncle croisa le mien avant qu’il ne me relâche et recule de quelques pas. « T’es encore complétement défoncé. » Je lui adressais un sourire et levais les deux pouces en sa direction. J’étais complétement défoncé, c’est sûr que c’était le cas de le dire. C’était comme ça tous les jours depuis l’arrestation de mon père, et c’était devenu pire avec le suicide de ma mère. Une famille de merde, c’est moi qui vous le dis ! Je repris mon chemin en direction de ma chambre. « Tu ne t’en tirera pas comme ça Eyden, nous aurons une discussion. » « Jeremy, je m’appelle Jeremy ! Et oui c’est ça on en parlera ouais ! » Arrivé dans ma chambre je me laissais tomber lourdement sur mon lit. Depuis quand le plafond de ma chambre tourné ? C’était nouveau ça ? Je retirais tant bien que mal mon t-shirt, mon jean et mes chaussures avant de fermer les yeux. Le sommeil me gagna quasiment immédiatement mais à peine trois heures plus tard je me réveillais en sursaut. Malheureusement la drogue est loin d’avoir seulement des bons côtés. J’étais littéralement en nage dans mes vêtements et je tremblais…

Plusieurs mois avaient passé comme ça. Je continuais à prendre mes doses tous les jours, perdant quasiment tous les amis que j’avais, c’était pourquoi j’avais alors décidé de partir, quitter Seattle. Sur un coup de tête, sans réfléchir j’avais alors acheté un billet d’avion pour Londres, loin de ma ville natale. J’avais dit au revoir à mon oncle, ma sœur et j’avais décidé de prendre un nouveau départ, qui ne s’avéra pas si facile que ça. Je vécu à Londres plusieurs mois, continuant de me détruire à peu feu avant d’un jour manquait d’y laissé la vie. Une semaine à l’hôpital après avoir failli mourir m’avait motivé à changer. Je ne voulais plus être ce genre de mec, je ne voulais plus prendre de cette merde et continuer à me détruire, je devais repartir à Zero pour de bon ! C’est alors que j’avais décidé d’entrer dans le programme Erasmus pour un an. Inscription faites, j’étais en route pour Paris, bien que mon français soit vraiment des plus basiques il faut l’avouer. Seulement il faut croire que quand on dit que Paris est une ville romantique c’est plutôt vrai. C’est en France durant un jour de cours que j’avais remarqué Emma pour la première fois. Je me souviens lu avoir demandé un numéro de salle à elle et sa bande de copine. Puis avec le temps nous étions devenus amis et un jour je l’avais embrassé, simplement j’avais décidé de me jeter à l’eau. Qu’est-ce que je risquais de toute façon ? Je n’avais qu’un an à Paris, alors autant tenter le tout pour le tout. Nous avions donc commencé à sortir ensemble. Ça avait surement été la période la plus heureuse de ma vie depuis bien longtemps. Mes problèmes de drogues allaient relativement bien, malgré quelques petites crises de temps en temps j’allais beaucoup mieux. Ma drogue c’était devenu Emma en réalité, et la bouffe… Il fallait bien compenser non ?

Ce soir-là j’étais chez Emma, nous étions allongé dans son lit, tous les deux déjà à moitié endormi alors que le film que nous étions censé regarder n’était pas fini. Je sentais qu’Emma était perdue dans ses pensées, je la connaissais assez pour savoir qu’elle avait de me demander quelque chose mais je ne dis rien, attendant patiemment. Ma main caresser lentement son ventre, y dessinant des ronds, des cœurs, des zigzag. « Jez ? » « Hmm ? » Je le sentis se tourner alors que son menton se posa sur mon torse. « Tu ne m’as jamais parlé de ta famille… » Je me raidis immédiatement. Ma famille… J’aurais du me douter que le sujet de ma famille finirait un jour par venir sur le tapis. « Y a rien à dire sur eux. » Dis-je plus sèchement que je ne l’avais voulu. Je sentis Emma se redresser pour s’assoir en tailleur à côté de moi. Je fermais les yeux quelques secondes avant de me lever pour faire les cent pas. « Ecoute ça n’a pas d’importance d’accord ? Je… Ils ne valent pas le coup que je parle d’eux, c’est tout. » Bien sur j’aurais pu lui dire que ma sœur était une fille géniale, mais si je parlais de ma sœur j’allais devoir parler de mon criminel de père, puis de ma mère et je ne voulais pas. Sans vraiment m’en rendre compte mes mains c’était mise à trembler d’elle-même. Alors que je continuais de faire les cent pas, sans regarder ma petite amie, je fini par sentir un contact qui me détendis aussitôt. Emma avait déposé une de ses mains sur mon bras avant que l’autre ne se loge sur ma joue. « Eh détend toi… » Elle m’adressa un léger sourire avant que je ne dépose un baiser sur ses lèvres. « C’est toi ma famille maintenant. » Un léger sourire et le sujet était clos.

Pour les mois qui suivirent Emma ne reparla plus jamais de ma famille. Elle avait dû comprendre que ce n’était pas un bon sujet à aborder. Les mois passèrent et mon année Erasmus allait bientôt toucher à sa fin, c’est pourquoi j’avais demandé à Emma de me suivre en Angleterre, à Londres plus précisément. Elle avait hésité mais avait fini par accepter. Nous avions donc emménagé à Londres dans un petit appartement. J’étais heureux, vraiment heureux. Mais il faut croire que toute bonne chose à une fin n’est-ce pas ? Un jour j’étais rentré à l’appartement et je l’avais retrouvé complétement retourné alors qu’Emma pleurait, recroquevillé sur le sol. Il n’avait pas fallu longtemps pour que je devine qui avait fait ça. Ils avaient retrouvé ma trace, les mecs à qui je devais de l’argent. Moi qui avait cru pouvoir fuir mon passé, me reconstruire une nouvelle vie, voilà que tout revenait au grand galop. J’avais alors dû lui expliqué pour la drogue, mon père en prison… Mais elle m’avait quitté. Cela faisait maintenant quelques semaines qu’elle était partit, emportant ses affaires et disparaissant de ma vie. Un an et demi d’amour gâché à cause de mon passé, de mes erreurs. « J’CONNAIS RIEN SUR TOI JEREMY !!! RIEN !!!! Et là, des mecs débarquent et me foutent la trouille de ma vie, par TA faute ! Mais… mais PUTAIN LÂCHE MOI !!! » Cette phrase, ces mots prononcés par Emma ne cessait de me tourner dans la tête. Tout était de ma faute, elle souffrait par ma faute. A ce moment précis j’aurais aimé qu’elle ne soit jamais tombé amoureuse de moi juste pour ne pas qu’elle souffre… Depuis notre rupture je n’étais quasiment pas sortit de l’appartement, mes crises de manque était revenu en force, ou alors était-ce des crises d’angoisses je ne sais plus vraiment. Je faisais des cauchemars toutes les nuits, ou quasiment… Un zombie, voilà ce que j’étais devenu.