Avant le départ, tu essaies de te revoir toute ta vie, de repenser à tout ce que tu vas perdre.

Oxford est une ville où nous sommes peu d'habitants mais, ou personne n'est hypocrite. J'ai toujours vécu avec une seule crainte, partir de mon véritable chez moi. Cette grande maison aux allures de présidence avec ses stèles de jardins, ce grand bassin recueillant des canards excités pendant les vacances et cette grande chambre qui était la mienne. Je ne voulais pas m'en séparer. Et encore moins quitter mes amours de copines. Sans elles, je ne suis rien. Elles sont mes soleils, mes fleurs, mes sourires. Elles sont celles qui illuminent chaque seconde de nos vies. Elles sont simplement magiques et magnifique. D'ailleurs, jusqu'en 2002, nous étions inséparables. Les trois mousquetaires en quelque sorte. Les sorties se faisaient ensemble et les secrets n'existaient pas entre nous. Mais, le jour maudit devait bien arriver un jour ou l'autre. Maman étant muté dans une autre ville d'Angleterre, je ne les verrais plus pendant une année. Lorsque nous étions, enfin installés là-bas, elles me manquaient, comme jamais je n'aurais pu le croire. Et ce n'était certainement pas mes petits frères qui allaient me remonter le moral. Ils étaient bien trop occupé à s'occuper du nouveau jeu que maman leur avait offert pour voir que leur sœur allait très mal. Sauf que, mon mal-être était absent aux horaires de pointes que nous nous étions fixés avec les filles. Le plus souvent en vidéo conférence, nous parlions de nos vies et de nos rêves mais, avant de nous quitter, nous annoncions le nombre de jours qu'ils restaient à endurer avant les grandes retrouvailles. Et ça, c'était à chaque fois, même lors de coups de téléphones ou de messages. C'était comme un rite entre nous d'énoncer le nombre de jours restant.

Il y a des moments comme ça où tu veux casser quelque chose.

« Madi, on mange maintenant. Dit au revoir à tes copines. » Je me souviens bien de ce soir-là. J'avais vraiment beaucoup de choses à leur raconter. Mais, comme d'habitude elle ne me laissait pas tranquille pour quelques minutes de ma vie. « Maman, laisse-moi encore dix minutes. J'arrive après. Promis. » J'avoue que je n'aurais jamais dû dire ça mais, j'avais des problèmes de vie amoureuse et le fait qu'elle se permet de me prendre la tête avec son repas ne pouvait que me rendre encore moins en joie. « Maintenant Madi. Tu as cinq secondes. » Comme d'habitude, elle avait le dernier mot et je devais m'y plier sans broncher.

Un nouveau challenge pour toi et ton mental. Ne te perd pas dans tes pensées.

À mes yeux, ce qui est le plus horrible dans le déménagement, c'est sans aucun doute possible, l'adaptation dans la nouvelle école. J'ai dû passer par là. C'était vraiment affreux. Les premiers mois, personne ne vous parle, vous êtes comme transparent et sans importance, on vous cracherait presque dessus. Les mois d'après, une personne vient vous parler en vous faisant rencontrer d'autres personnes. Mais le fait de sentir comme une trahison contre vos vraies amies vous bloques. Vous n'êtes donc pas accueillante et souriante. C'est ce qui s'est passé et je suis restée seule durant cette première année à Londres. Oui, l'adaptation c'est dur mais, quand vos frères se mettent à cacher vos affaires et à massacrer votre maquillage, vous n'avez qu'une envie, tout arrêter et dire stop, retourner chez vous et faire un câlin aux personnes qui sont toujours là pour vous. Je pensais que ma vie ne pouvait pas être plus pourris à ce moment-là mais, j'avais bel et bien tord.

Parce qu'en fait, il était très beau garçon et tu avais craqué pour lui au premier regard.

« Papa, je suis rentrée. Maman et les garçons sont bien partis. Papa ? » Il était là, je le savais en partie à cause de la voiture garée dehors. Au bout d'un moment j'entendais du bruit venant de la chambre du haut. Je m'y étais rendu en espérant le voir, là, en train de peindre un tableau comme à son habitude. Mais pas du tout, il regardait les jeunes du quartier qui était un peu trop près de notre mur. Fou furieux, il sortait de la chambre en trombe me laissant là sans aucune explication. Je décidais donc de le suivre. Ce qui nous faisait atterrir juste devant notre maison. Je rigolais en le voyant pousser des hurlements contre les jeunes. Puis, je me concentrais sur l'un d'entre eux. Plutôt beau garçon, je me demandais comment il pouvait bien s'appeler. « Mais il va s'en aller oui. » Papa avait le don de dire les choses d'une manière absurde. Mais je l'aimais pour ça. Le jeune garçon ne me quittait pas, des yeux, le regardant partir, j'esquissais un sourire en passant à la situation. Puis, emmenant mon père avec moi, nous rentrions chez nous, au chaud. Pour enfin profiter des vacances.

Une nouvelle amitié plus que parfaite avec une personne plus que parfaite.

Depuis quelque temps, je parlais avec ce garçon. Ayant son numéro, je rougissais à chaque fois que je voyais son nom. Mon sourire était sincère et pur. Un soir, alors que je me préparais pour aller manger avec ma famille, il m'appelait, comme à son habitude. « Madison ? » Sa voix. Sa somptueuse voix faisant frémir un tas de choses en moi. Mais, je n'étais pas prête à ouvrir une nouvelle relation, alors je le tenais loin de moi, loin de ma vie. « Oui ? » avais-je répondue, la voix légèrement enroué. « Tu te décides quand, à vouloir venir me voir en face. » Il continuait à vouloir me rencontrer en face à face. Mais j'avais peur. Comment pouvais-je être sûr de ne pas me ridiculiser face à lui. J'étais tétanisé à l'idée qu'il ne m'aime pas en fin de compte. « Un jour peut-être. » J'étais obligée de lui répondre ça. Je ne savais pas quoi dire d'autre. Après tout, la seule fois où je l'ai vu, c'était lorsqu'il avait refait le mur de ma maison avec sa bombe et que mon père avait faillit le courser. « Je dois te laisser, bisous. »

Maintenant, tu les retrouves, tu les câlines, tu les aimes, tu reprends ton ancienne vie.

Lorsque l'année était terminée, que je savais que mes copines arrivaient aujourd'hui, toutes les choses, qui avaient pu se passer était oublié. Terminé l'adaptation, terminé la rupture de papa et maman suite à la tromperie de celui-ci et terminé d'être toute seule dans cette grande ville. Le soir avant leur départ, nous nous étions appelés (un peu comme chaque soirs de cette année en fait) par téléphone pour mettre les horaires aux clairs et être sûr que je sois là. Mais, le lendemain matin, une panne d'oreiller m'est vite arrivé. Je décidais, que comme j'étais déjà très en retard et que ma boîte de messagerie était déjà pleine de leurs messages de haine, que je devais leur jouer une petite farce. Me préparant avec des vêtements très communs, je partais en trombe de la maison. Vu l'heure, elle avait sans doute déjà quitté la gare. J'étais perdue dans mes pensées, quand je les voyais enfin. J'avais l'impression de rêver. Elle étaient là, devant moi. Je ne pouvais pas y croire, mon rêve ce réalisait enfin. Je courais vers elles, prenant tout d'abord Callie dans mes bras, puis sentait la présence d'Ebony, elle aussi, dans ce câlin groupé si chaud et si bon.

Trois ans sont passé. Tu es encore avec elles mais, tu penses beaucoup trop à lui.

Maintenant, je suis inscrite en étude de danse avec mes meilleures amies. Je les aime et nous passons tout notre temps ensemble. Que demander de mieux ? Au début, il y a deux ans et demi, j'aurais cru qu'elles auraient changés avec moi mais, je me trompais lourdement. Rien n'a changé et rien ne changera. Ça fera presque trois ans maintenant que je les ai retrouvés. Je me sens de nouveau moi, de nouveau complète. Mais, je pense à lui tout le temps, à chaque moment de la journée. Est-ce mal ?