<< Je ne sais pas réellement qui je suis mais je sais ce que j'ai fait, je connais ma vie dans tous ses détails. Heureusement ! Je connais aussi la totalité de mes sentiments, mais j'aimerai surtout connaître ceux des autres, car la vie c'est une succession de rencontres. Et j'ai rencontré tous un tas d'individus qui sont devenus importants ou non mais qui sont toujours demeurés des inconnus... >>

<< Le problème des gens dans mon cas, qui sont issus de partout mais surtout de nulle part, c'est qu'il nous est difficile de trouver un endroit où l'on se sens "chez soi". Qu'on a beau traverser le monde, on reste un mélange que personne ne comprend réellement. Pour ma part, tout a commencé un vendredi ensoleillé d'octobre il y a environ 18 ans dans la féérique ville de Paris. Je suis donc née en France, je crois que ce n'était pas prévu au programme, enfait je crois que je n'étais pas vraiment prévue au programme !
Mes parents ne se connaissaient que depuis peu lors de ma naissance; mon père, un riche homme d'affaire américain, était marié depuis quelques années à une américaine tout aussi riche que lui et était père d'un petit garçon de 2 ans, ma mère était une européenne pure souche, d'origine espagnole et française, elle était mannequin et tentait de survivre comme elle le pouvait. Je suis donc le produit d'un adultère consommé, une de ces histoires d'amour que personne ne comprend, où la passion outrepasse la raison.
Mes géniteurs se sont rencontrés à Paris, mon père y était pour un rendez vous d'affaire, ma mère y travaillait dans une agence de seconde zone. Je ne connais pas tous les détails de cette rencontre, personne ne me l'a réellement raconté, je sais juste qu'ils se sont aimés et que ma mère est tombée enceinte. Je sais aussi qu'elle a averti mon père alors qu'il était rentré à New York et que c'est à partir de ce moment que tout est devenu compliqué.
Mon père n'était pas là le jour de ma naissance, je pense qu'il devait être trop occupé avec son fils et sa femme à l'autre bout de la planète. Ma mère a donc accouché seule et a décidé de me garder. Cependant elle ne voulait pas m'élever seule, elle voulait que je connaisse mon père, alors elle a tout plaqué et est parti s'installer à New York sans, bien sûr, avertir mon père... >> .

<< Je devais avoir 2 ou 3 ans, je ne connaissais toujours pas mon père et mon père ne me connaissais toujours pas (ma mère avait abandonné l'idée qu'il revienne après qu'il ai refusé catégoriquement de l'aider et de me reconnaître dans une lettre ), nous habitions un appartement miteux à New York et je supportais les frasques amoureuse de ma mère, changeant de "père" toutes les deux semaines. Avec le recul je me dit qu'à cette époque j'aurais dû être traumatisée, par ce que je voyais, ce que j'entendais mais non, ma mère me suffisait largement enfait.
C'est à cette période que remonte mon premier souvenir de ce à quoi ressemble des parents. En effet ma mère avait enfin rencontré un homme stable, je me souviens qu'il était très grand, très beau et qu'il me donnait beaucoup de bonbons, il s'appelait John. Je crois qu'il nous aimait moi et ma mère et est resté avec nous jusqu'à mes 6 ans, peut être que s'il avait pû il serait resté avec nous plus longtemps, il était gentil John. >>

<< J'avais 6 ans quand mon père a retrouvé ma mère, en réalité il ne connaissait pas mon existence avant, enfin il savait que ma mère avait été enceinte mais ne pensait pas qu'elle m'avait gardée. C'était un "malentendu" ma tante avait été mise au courant de la laison que mon père avait eu à Paris et avait fait en sorte qu'il ne sache pas que j'existais et que ma mère pense qu'il ne voulait pas de moi. Dumoins c'est ce que l'on m'a raconté.
Enfin je ne sais pas par quel miracle il a su où l'on habitait, mais il est venu un soir frappé à notre porte. C'est moi qui suis venu ouvrir et je vous avoue que je n'ai rien compris car lorsqu'il m'a vue il ma serrée très fort dans ses bras, ma appelée "ma chérie" et des larmes ont commencé à courrir sur ses joues. J'ai pris peur, j'ai crié à ma mère de venir, elle est venue, s'est mise à pleurer à la vue de cet inconnu et a commencé à crier à son tour. Je suis partie me cacher dans ma chambre, je ne savais pas ce qui arrivait, j'avais peur, mais qui pouvait bien être cet homme ?
Les cris se sont vite stoppés, je crois qu'au final mes parents étaient contents de se revoir.
On m'a expliqué la situation, j'ai donc appris que j'avais un père, un vrai. Mais dans ma petite tête d'enfant j'avais du mal à comprendre, parce que pour moi mon père c'était John. C'était injuste que quelqu'un arrive comme ça et vienne le remplacer. Un mois après, John était parti, nous avons déménager ma mère et moi dans un superbe appartement au coeur de New York, j'ai été mise en école privée, j'ai commencé à porter de beaux vêtements, et mon père nous rendait souvent visite. Tellement souvent que je commençais à retrouver dans cette relation la sensation que j'avais avec John. Ma vie devînt idyllique, j'avais de l'argent, des parents, des amis... Mais cette idylle ne dura pas. >>

<< Je venais d'avoir 9 ans, quand éclata une très grosse dispute entre mes parents, je ne me souviens pas de tout, juste de la dernière phrase de ma mère "Eh bien, puisque tu ne veux pas te séparer de ta sal*** de femme, c'est moi qui me barre !", elle est partie, après ces mots elle est partie, me laissant là avec mon père, celui était rarement là, que je ne connaissais pas depuis longtemps et qui, m'adressait un regard qui me disait clairement qu'il n'avait pas vraiment envie que je reste avec lui.
Mais mon père est un type bien et puis je le sais, il m'aime, alors il a passé un coup de fil, a dit qu'il avait un rendez vous d'affaire et qu'il serait absent pendant quelques semaines. Pendant ces quelques semaines il est resté avec moi, il me déposait à l'école tous les jours et il venait me chercher le soir, on vivait à l'hôtel, c'était sympa. >>

<< Un soir son comportement à changé, il s'est mis à me parler comme à une adulte, il m'a dit que ce soir tout allait changer, que j'allais avoir un grand frère qui s'appelerait James et que la maman de James allait probablement être méchante avec moi, mais qu'il ne fallait pas que je m'inquiète, qu'elle n'avais rien contre moi, qu'elle allait juste être très en colère contre lui et donc contre moi aussi puisque j'étais sa fille.
Dans l'après midi il avait tout dit à sa femme et avait décidé de me ramener chez lui parce que c'était sois disant mieux pour moi d'avoir une maison stable, que l'hôtel ce n'était pas sain. Mais je pense qu'au final l'hôtel c'était mieux que la situation qui allait découler de cette rencontre car être la fille de la maîtresse de quelqu'un, ça apporte malheureusement tous un tas de problèmes.
Mon père avait raison la mère de James m'a longtemps détesté, enfin les deux semaines où elle est restée à la maison parce que après elle a demandé le divorce et est définitivement sortie de ma vie.
Mais le véritable problème ce fut mon demi-frère, il avait alors 11 ans, il comprenait la totalité de la situation et il me vouait une haine profonde. Il est parti vivre chez sa mère pendant quatre ans mais malheureusement, l'ex femme de mon père eu un terrible accident de voiture elle y perdit la vie et pour mon demi-frère j'étais désormais celle qui avait brisé le couple de ses parents et avait indirectement tué sa mère. >>

<< Mon père est un homme merveilleux, c'est l'homme le plus merveilleux que je n'ai jamais connu. Il a tout de l'homme parfait, il est incroyablement beau, incroyablement riche et incroyablement
gentil. Tout lui a toujours réussit, il a terminé son lycée avec brio, est sorti major de sa promotion, a réussi à faire un mariage d'amour et d'intérêt, s'est toujours bien entendu avec tout le monde et fait parti des gens qui compte à New York.
Je crois que la seule erreur qu'il ai fait c'est de tomber amoureux de ma mère, et de me ramener chez lui, me présentant au monde sans leur cacher que j'étais sa fille illégitime. Cela lui a valu pas mal de problème, certaines personnes se sont éloignés de lui, il a du suspendre sa carrière en politique et le pire de tous, son fils a commencé a lui rendre la vie infernale.
Malgré tout ceci il a continué à s'occuper de moi, à me mettre dans les meilleures écoles, je voulais être comme lui, parfaite. J'ai toujours énormément travaillé, j'ai toujours été première, toujours été promise à un grand avenir, comme mon père.
Ma grand mère paternel a toujours dit du mal de ma mère, il faut dit qu'elle le méritait depuis le soir où elle m'avait lâchement abandonnée, il fallait donc que je m'éloigne au maximum du portrait qu'on m'avait dessiné d'elle. Selon ma grand mère, ma mère était une actrice ratée qui était vaguement devenue une mannequin tout aussi ratée puis enfin une mauvaise mère. Elle se prenait pour une artiste mais n'en était rien, c'était uniquement sa beauté qui l'avait sauvée. Pour ma grand mère, les femmes aussi belles soit-elles doivent se distinguer, travailler plus et devenir des femmes puissantes, s'éloigner de toutes les futilités pour lesquelles il suffit de se montrer. J'ai donc aspiré à devenir, moi aussi, une femme de pouvoir et prouver que je ne ressemblais pas à ma mère, je voulais être rationnelle, réfléchie, sérieuse, juste et intelligente.
Durant les deux années où j'ai vécue seule avec mon père, je tentais chaque jour de me rapprocher de cet idéal. >>

<< James revînt à la maison un vendredi soir, après avoir passé 2 mois chez sa grand mère maternelle. Il s'entendait plutôt bien avec papa, avait l'air heureux de le voir, mais visiblement il l'était bien moins de me voir moi. Il s'est installé à la maison, au début il m'ignorait simplement, cela ne me dérangeait pas beaucoup, je ne le connaissais pas, ce n'était pas vraiment mon frère et même si sa peine me faisait mal au coeur, ce n'était pas mes affaires.
Il retourna à l'école, dans la même école que moi. Il était au lycée, moi au collège mais je l'observais parfois, comme ça, juste pour voir ce qu'il faisait avec ses amis, pour voir ce que faisait les "grands". Et je vît des choses de plus en plus étranges. D'abord, je voyais qu'il sortait très souvent, papa n'osait jamais dire non, il voulait que son fils brisé se change au maximum les idées. Je ne savais pas se qu'il faisait dans ces soirées, je ne voulais pas spécialement le savoir, il m'ignorait toujours. Mais un soir il rentra très tard, il était dans un drôle d'état. Je dormais tranquillement dans ma chambre mais il vînt me réveiller, il commença à me hurler dessus tout ce qu'il pensait de moi, ce fut un horrible moment. Pour lui je n'étais qu'une voleuse de père, ma naissance avait brisé sa famille, et je ne pouvais que lui donner raison.
Je me posais alors tout un tas de questions, je n'avais pas parlé à mon père de l'intrusion de mon demi-frère dans ma chambre, mais je continuais à vivre ma vie comme avant et à observer James. Cette observation passive dura 2 ans, 2 ans sans que mon demi-frère et moi ne nous adressions réellement la parole, outre quelques civilités, moi je grandissais toujours sous le modèle de ma grand mère mais je voyais bien que James s'en éloignait un peu plus chaque jour. Je voyais des dizaines de filles passer dans ses bras, au lycée, dans la rue, je voyais bien que ses amis n'étaient pas vraiment fréquentables. Il sortait toujours autant, moi je ne sortais pas beaucoup, j'étais bien trop occupée avec ma quête de perfection. Mais un soir, une de mes bonnes amies me proposa une soirée avec des personnes de notre classe mais aussi des personnes plus âgées, elle était ravie de cette invitation elle disait que c'était parfait pour intégrer le groupe des personnes cool du lycée. J'acceptais d'y aller.
Evidement, James était là, je savais qu'il y serait et j'allais enfin savoir ce qu'il faisait dans ses soirées. Par contre, lui ne savait pas que j'y aller, et il n'a pas du tout apprécié... Le début de la soirée était plutôt sympa, puis James m'a vu, il avait trop bu il s'est remis à hurler toute la haine qu'il avait envers moi, même 2 ans après, il ne m'avait pas pardonné. Je le vit partir de la salle, aller dans la salle de bain, j'ai dansé et quelques instants après, une ambulance arriva, mon demi-frère faisait une overdose. >>

<< Mon demi-frère a été sauvé à temps, il est entré en centre de désintoxication, y est resté pendant quelques temps puis est parti dans un internat avant de voler de ses propres ailes. Il continuait juste à voir notre père le week end, moi je ne le connais toujours pas. Je crois d'ailleurs que même après toutes ces années il me hait toujours. Je comprend, ma naissance a été un frein à sa vie entière. Grand mère a eu du mal a garder pieds après cette affaire, James en centre de désintoxication c'était pour elle une terrible épreuve, notre famille était désormais la plus honteuse de la bonne société new-yorkaise.>>

<< J'ai toujours fait tout ce que je pouvais pour être à la hauteur de ma famille, pour être une élève douée, sérieuse et connaître tout ce qu'il faut connaître pour être intégré dans la bourgeoisie contemporaine. J'ai toujours réussit, a force de travail j'ai endossé ce masque de jeune fille bien éduquée. J'ai toujours été première, en tout, à l'école, bien sûr mais aussi en danse classique, en musique et en dessin. J'ai toujours pratiqué l'art sous toutes ses formes, j'ai toujours été excellente en technique. C'était pour moi une manière de m'y connaître en tout, de n'avoir aucune lacune, de toujours pouvoir briller en société. Mais je montais le moins possible sur scène, à part pour les galas de fin d'année, j'avais toujours en tête le précepte de ma grand mère "ne pas se donner en spectacle". Je ne voulais surtout pas m'exposer dans des tenues vulgaires, être quelque chose que l'on regarde simplement, je voulais être écoutée, briller par mon intelligence. Cela ne dérangeait pas mes professeurs, il faut dire que même si j'ai toujours réussit par tout où il fallait travailler, c'était, à cette époque, impossible pour moi de faire preuve de sensibilité. J'avais l'impression d'être au dessus des sentiments, que c'était pour les faibles, j'étais trop fière, je le suis toujours un peu...>>

<< A l'âge de 16 ans, j'ai revue ma mère à Paris. C'était bizarre, elle m'avait contacté quelques temps avant, j'étais en France avec des amis, je les ai laissé une journée pour revoir la femme qui m'avait abandonné. Moi qui ne me laissait jamais avoir par les sentiments, je me suis retrouvée enfouie sous des couches et des couches de sensations étranges lorsque je l'ai vue. J'ai hurlé, sangloté et je me suis réfugié dans ses bras. J'avais honte de réagir ainsi, même si je n'étais pas la seule, ma mère avait eu les mêmes réactions. Nous avons discuté pendant des heures, comme deux amies, comme si on ne s'était jamais quitté, je n'arrivait pas à lui en vouloir, on a rit aux éclats, c'était tellement fabuleux !
Le soir nous sommes allés voir une comédie musicale, une petite troupe peu connu dans un petit théâtre parisien, je crois que c'est là que j'ai véritablement eu une révélation, je voulais être sur scène ! Voir les acteurs passer d'une émotion à l'autre, s'amuser, rire d'eux même, jouer les uns avec les autres, être eux même au travers de leur personnage m'a perturbé. J'étais toujours allée dans de grand théâtre, de grands opéras, où les acteurs sont trop fiers, qu'ils s'expriment moins librement, mais là dans ce petit théâtre à des milliers de kilomètres de chez moi, c'était fabuleux ! J'ai décidé, ce soir là que c'était ça que je voulais vivre.
J'ai commencé la comédie musicale et j'ai trouvé ma voie. Mais une voie difficile à défendre dans mon cadre familiale.>>

<< Décidant de suivre ma nouvelle passion, j'ai commencé la scène, une technique parfaite mais d'énormes difficultés à lâcher prise. Après de nombreuses disputes, j'ai trouvé une alternative pour contenter ma grand mère, j'ai été prise dans la meilleure école d'art, dans un pays peu connu et je prend des cours de droit en plus de mon cursus.
Londres sera la ville de mon nouveau départ, celle de l'expansion de mes sentiments Je vais enfin être vraiment moi sans contrainte, ou presque..>>