a little party never killed nobody. + nath et donia

”Ramène ton cul de bg chez moi gros sac que j’fasse monter ton levier”. C’était à peu près le message que j’avais envoyé à Nathanael. A Donia, c’était plutôt un truc du style : ”Viens chez moi la grosse j’ai acheté un pot de Nutella familial rien que pour tes grosses fesses”. Tout cet amour qui ressortait… ça m’émoustillait. Et puis vous pouvez bien dire ce que vous voulez, jusqu’à preuve du contraire, ça marchait. Bon, je mentirais en disant que la grosse en question ne m’avait pas insulté de toutes ses forces via sms, mais elle avait tout de même fini par accepter. De toute façon, j’aurais pu la traiter de n’importe quoi qu’elle serait venue le chercher le pot de Nutella. Je savais comment appâter mes meilleurs amis moi, oh. Par contre, une fois qu’ils étaient là, je n’étais pas du genre à faire quoi que ce soit pour les retenir. J’avais jamais rien à bouffer dans ce fichu frigo qui fonctionnait une fois sur deux, le chauffage, c’était pareil, et il était hors de question que je fasse le ménage pour leurs beaux yeux. D’accord je les aime, mais quand même, j’ai mes limites. Bon, il m’arrivait de sortir le balais du placard, mais c’était toujours vite fait bien… ouais bon, c’était vite fait quoi. Quoi qu’aujourd’hui, l’appart’ était dans un état passable. J’avais connu pire, et eux aussi. En y réfléchissant bien d’ailleurs, je venais tout juste de penser que je n’avais aucune déco  pour cette soirée spéciale. A vrai dire, je n’étais pas très décorations ; je n’en avais même pas pour Noël, c’était dire. Ni sapin, ni guirlandes, ni autres lumières ringardes. Je n’avais jamais aimé Noël. Mais la nouvelle année, c’était différent. Lorsqu’il s’agissait de faire la fête avec mes amis, j’étais toujours opérationnel. D’ailleurs, nous en avions tous énormément profité durant la soirée que le doyen avait organisée à l’occasion. Je n’avais pas hésité à y participer, bien que j’aie été viré de la fac depuis un petit moment. Il fallait dire qu’un bal masqué, c’était la parfaite idée. Qui aurait bien pu me reconnaître là-bas ? Bon d’accord, il n’y avait qu’un débile pour opter pour un masque de plongée avec un tuba, mais quand même ! J’avais su être relativement discret tout en m’amusant, ce qui n’était pas franchement chose facile avec moi, je devais l’avouer. Toutefois, il n’en restait pas moins que j’avais la ferme intention de fêter à nouveau l’année 2014, simplement entouré de mes deux meilleurs amis : Nathanael et Donia. Il sont cons, ils sont chiants, ils sont envahissant – surtout Donia en fait – ils sont… bah ils ont tous les défauts du monde en fait, mais qu’est-ce que je les aime. Je les aime tellement que j’avais même improvisé un brin de décoration rien que pour eux. J’avais arraché un morceau de sopalin sur lequel j’avais écrit au marqueur « Bienvenue à la maison bande de fions ! », puis j’avais accroché l’œuvre d’art à la porte d’entrée. Evidemment, il avait fallu que la mamie de l’étage – oui, vous savez, celle qui m’aime pas et qui me fait chier all day all night – rentre de ses courses à ce moment même. Le regard qu’elle m’avait lancé en disait long, et j’avais même cru l’entendre bougonner un truc du genre  ”ah les jeunes de nos jours”… J’sais pas, ça devait être le mot fion qui l’avait choqué. Vous savez, il lui en fallait peu à celle-là. Ah cette bonne vieille phrase de mamie perdante qu’a le seum d’avoir plus de rides que je n’ai de poil hein ! Looseuse ! avais-je gueulé d’où j’étais avant de rentrer de nouveau dans mon appartement. Furtivement, je jetai un coup d’œil à l’horloge du salon. Les deux zigotos n’allaient probablement pas tarder à arriver maintenant. Afin de les accueillir comme il se devait, j’avais décidé d’allumer la télévision sur une chaîne musicale. Généralement, c’était de la grosse daube, on est d’accord, mais bon, ça mettait un peu d’ambiance. Et puis merde, c’est l’intention qui compte. Mais… la télécommande… elle était passée où cette PUTAIN DE TELECOMMANDE ? Des fois, j’en venais à me demander si je vivais bien tout seul ici… soit il y a un esprit qui colocationne avec moi oui j’invente des mots, soit je suis schyzo. Le problème c’est qu’aucune de ces solutions n’était impossible finalement. Mais peu m’importait. Moi, ce que je voulais, c’était retrouver cette fichue télécommande. Dans un éclair de lucidité, je me mis à quatre pattes derrière le canapé afin de vérifier si elle n’était pas dessous quand… ARE YOU REAAADDYY FOR TONNIIGGHHHHHTTT ?! D’un geste brusque, je relevai la tête, tête qui se cogna contre la petite table de chevet qui me servait de… ben de table de chevet pour salon, voilà. AÏEUH PUTAIN NIQUE SA MERE ! Tandis que je me frottai l’arrière de la tête d’une main, je me relevai avec difficulté. Pas toi Nath, j’parlais à la table. Vu comme ça, j’aurais pu passer pour un con, parce qu’évidemment, parler à une table ce n’est pas vraiment commun, mais je savais que Nathanael avait l’habitude. Comme lui, je ne m’étais pas embarrassé de bonjour ni quoi que ce soit d’autre. Nous deux, c’était comme si nous vivions ensemble h24 en fait. Je l’ai trouvé ! annonçai-je fièrement en brandissant la télécommande. Bonne année 2014 mec ! Eh, tu sais qu’il n’y a aucun mot qui rime avec quatorze ? Non, être moins con ne faisait pas partie de mes nouvlles résolutions. D’ailleurs, des résolutions, je n’en prenais pas.