« LONAAAN J'VAIS TE TUER !! » Ni une ni deux, j'me met à galoper comme une gazelle à la suite de mon idiot de frère jumeau. Je saute les marches, d'une manière vive puis me relance à sa poursuite. « [color:aec7=#669999]CHERCHE PAS LEY, TU M'ATTRAPERAS JAMAIS ! » Je m'arrête brusquement, glisse alors dans tout le salon pour finir par me payer mon frère en pleine poire. Sans chercher à comprendre, mes bras encerclent déjà ses jambes, alors que j'suis littéralement affalée comme une larve sur le carrelage congelé. « TON HEURE A SONNÉE ! » Au final ? J'finis par hurler comme un veau parce que ce naze vient de réussir à s'abaisser et attraper mes pieds pour ensuite me tirer par ces derniers jusqu'à que je sois sur son épaule en sac à patates. « Tu disais quoi, petite soeur ? » Je me débat, vexée. « OH ! J'AI VINGT MINUTES DE PLUS QUE TOI, QU'ON SOIT D'ACCORD ESPÈCE DE NAIN ! » Je le vois marcher, ouvrant la baie vitrée afin d'aller dehors jusqu'à ce qui semble être le bord de la piscine. « Tu fais ça, je te tue à coups de bambous... » Même pas l'temps de finir ma phrase que je suis d'jà la tête sous la flotte entrain de presque péter un plomb. Après être remontée à la surface bien avant mon frangin, je me permet de le couler avant qu'il n'ait pu dire "ouf" et sors le plus vite possible afin d'éviter une troisième guerre mondiale dans la villa. J'm'apprête à rentrer dans le salon, pour aller me changer. À peine entrée que j'aperçois que quelqu'un nous a rejoint, aka Milo, mon petit copain et meilleur ami de mon frère jumeau. Ouais, ça craint. Bon, ok. Le carrelage VS Analey round two ! Je fais quelques pas et c'est déjà le ski time, je manque de me ramasser. « CHAUD DEVAAAAAAAAAAAAANT ! » Je ris de ma connerie et finis par cette fois atterrir en plein sur mon keupin. oups. (...) « En voilà, en gros, c'est l'histoire de Kristy la petite fraise des bois couverte d'acné qui se réveille un matin avec une forte envie de cornichon.. » Stacy et moi nous fixons dans les yeux. Je me retiens de rire. Je ne rirai pas. Je ne rirai... Et raté. Voilà que Stacy et moi sommes actuellement affalées sur nos tables respectives, mortes de rire avant que le prof ne finisse par lâcher un... « Stacy Cadigan, Jessica Rosebury et Analey Lincoln, une semaine en retenue. » Je lève les yeux vers le prof, le fusille du regard.  « C'est quoi la vanne ? On a rien fait ! » Oh vieux fais gaffe, t'as les cheveux qui grisonnent, ça y est, ça te monte à la tête. Non sérieusement, qu'on soit d'accord : ça va pas l'faire. Pas du tout. « Et c'est ce que je te reproche, Analey. » Je fulmine. Je vais l'enfourcher à coup de ciseaux putain ! « MAIS MERDE VOUS NOUS COLLEZ POUR RIEN, CA Y EST T'SAIS ON RIGOLE LIMITE ON CROIRAIT C'EST UN DRAME MAIS PETE UN COUP J'SAIS PAS CA VA TE DETENDRE VIEUX CON. » Oups. Je crois que j'ai signé mon arrêt de mort. « Maintenant, j'ai une raison de te coller, Lincoln. » Grr. Je vais le tuer. Je le déteeeeeeste !

J'étais allongée sur mon lit, fixant un point imaginaire sur le plafond de ma chambre. Le regard vide. Elle était partie. Je savais qu'elle allait mal. En réalité, nous étions toutes les deux assez mal, mais elle, c'était pire. Stacy m'a dit plusieurs fois qu'elle n'aurait bientôt plus de force, qu'elle lâcherait prises pour sombrer définitivement. Je n'y ai pas cru. Calme, j'avais essayé de la raisonner, de lui dire que ça lui ferait plus de mal que de bien. Complètement dépassée, elle avait mis fin à ses jours. Je l'ai mal pris. J'ai voulu me rattacher à Siska. Qu'on puisse s'aider l'une et l'autre. Je me suis juste pris un mur dans la gueule, et fierté oblige, il a fallu riposter. C'est pas une chose dont j'me vante spécialement. En fait, je viens carrément de perdre mes deux meilleures amies. Je suis seule, cette fois. Juste livrée à moi-même, si ce n'est Lonan qui essaie de m'aider.. Il a changé. On dirait qu'il a mûri alors que moi, je suis restée au même stade. C'est marrant comme les gens changent. (...) Le brun vient d'entrer. Je peux percevoir sa silhouette dans le noir qui a envahit ma chambre depuis des jours. J'ai strictement rien à y dire. Je sais qu'il va m'engueuler à cause de mon refus systématique de manger, et aussi à cause des coupures qui apparaissent peu à peu sur mon poignet, mes jambes. Je ne dis rien. Allongée. Calme. Patiente. Perdue. Je le sens s'assoir sur le bord du lit pour ensuite s'allonger et me prendre contre lui. l saisi mon poignet pour y passer sa main. Il sent les blessures récentes et boursouflées qui parcourent mon poignet. Il m'enlace ensuite, doucement. « Tu sais très bien ce que je pense de ça, Ley.. » Je ferme les yeux, sans prendre la peine de répondre et me blottis contre mon jumeau. « Je ne t'en voudrai pas pour ça, mais.. Parle moi, je sais que tu avales mal que.. » Il cherche ses mots. Je ne dis rien. En fait, j'me suis juste mise à chialer silencieusement comme une gamine.

De nouveaux potes, de nouvelles occupations. Même si ça n'a jamais plu à mes parents, je suis tombée dans la drogue, les soirées alcoolisées et les sorties non-stop. Une manière d'oublier ? Sans doute. Une manière d'oublier la putain de dépression qui me ronge depuis aussi longtemps. Ouais je n'm'en suis pas remise. Mais en même temps, repasser devant tous ces lieux où on a tellement rit, où on s'est tellement éclatées, toutes les trois, me bouffe. J'voudrais revenir en arrière. Qu'on reparte à zéro, qu'on soit à nouveau nous trois, entrain de déconner et foutre le bordel en cours. Mais ça a changé. Plus rien ne va être pareil. Par ailleurs, mon père a pété un plomb. Pour lui, pas la peine de s'emmerder la vie avec une "petite conne" comme je suis. Il m'a foutue à la porte. Et contre toutes attentes, Lonan m'a carrément suivie. Il a menti à notre père afin d'avoir un appartement dans le centre-ville de Londres "pour ses études". Au final ? Lonan a magouillé, il m'aide à survivre et malgré tout, mon géniteur contribue à mes études et me file toujours du fric dans l'espoir que j'arrête la drogue. Et Lonan commence d'ailleurs à obtenir gain de cause : voilà des mois que je n'ai pas retouché à la drogue et pourtant, je vais bien.